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151. DELILLE (J.).
Les Trois Règnes de la nature, avec des notes par M. Cuvier, de l’Institut, et autres savants.
À Paris
,
Chez Nicolle – Chez Giguet et Michaud…
,
1808
, 2 vol. in-8°, veau raciné glacé, roulette dorée autour des plats, dos
lisses ornés, tranches mouchetées (
reliure de l’époque
).
ÉDITION ORIGINALE de ce poème en huit chants.
Elle constitue les tomes XIII et XIV des
Œuvres complètes
, publiées cette même année.
La figure incontestée de la poésie classique sous l’Empire.
Jacques Delille (
1738
-
1813
) s’était fait connaître en
1769
par sa traduction en vers français des
Géorgiques
de Virgile qui
avait ébloui l’Europe. Sa renommée littéraire, due autant à ses propres vers qu’à ses nombreuses traductions – « Traduire
ainsi, c’est créer ! » avait dit Frédéric II de Prusse –, n’avait dès lors cessé de croître, jusqu’à s’achever en apothéose, en
1813
, avec ses funérailles. Malgré l’absence de Napoléon, celles-ci « furent [en effet] un événement considérable où se
déployèrent les pompes de la France impériale ». La tradition veut que l’Empereur ait toujours eu une grande admiration
pour l’œuvre du poète. Bien que le sachant attaché à l’ancienne monarchie, Bonaparte avait, dès le Consulat, facilité le
retour en France de Delille en
1801
, en lui rendant sa chaire de poésie latine au Collège de France et son siège d’académicien.
Chaque chant du poème est accompagné de notes par Georges Cuvier et d’autres savants.
La présence de ces notes scientifiques minutieuses concourt à faire de cet ouvrage l’une de ces œuvres collaboratives que
l’on a pu appeler poésie scientifique. Il témoigne ainsi d’une forme littéraire originale, à laquelle a mis fin le divorce de la
poésie et de la science au début du XIX
e
siècle.
Deux frontispices dessinés par David Sylvestre Mirys (
1742
-
1810
), « Va, sois comme aujourd’hui discret, modeste et
sage », au tome I, interprété par Delvaux, et « Tantôt vers le chasseur, il bondit, il se dresse », au tome II, gravé par
P. Baquoy.
Exemplaire historique provenant de la bibliothèque de Napoléon à Sainte-Hélène.
De toute son existence, jamais la passion de Napoléon pour la lecture ne se démentit.
« [Il] lisait beaucoup, de tout et très vite […,] des ouvrages d’histoire, de géographie, de religion, de droit, liés le plus
souvent à ses centres d’intérêt politiques et militaires, mais également des ouvrages de théâtre, de poésie et des romans […]
dont il faisait une consommation surprenante. » Jusque pendant ses campagnes, il fit emporter des centaines d’ouvrages
qu’il lisait dans sa berline…Après Waterloo, l’ex-Empereur obtint de pouvoir emporter en exil la bibliothèque de Trianon.
Le Generalfeldmarschal prussien Blücher, qui occupait Paris, s’y opposa et n’autorisa le départ que de
588
volumes.
« La bibliothèque de Longwood, à Sainte-Hélène, fut pour Napoléon […] d’une importance considérable [: sa] principale
occupation était de lire. » Elle s’enrichit de nombreux ouvrages, principalement envoyés d’Angleterre par Lady Holland, et
compta jusqu’à
3
500
volumes. Confiée à la « garde » de Louis-Étienne Saint-Denis (
1788
-
1886
), dit le mamelouk Ali,
celui-ci, d’après Jacques Jourquin, en avait dressé le catalogue intégral.
Napoléon demanda à Ali de « remettre [
400
ouvrages à son] fils quand il aura seize ans ». Des autres livres de Longwood,
un certain nombre fut partagé entre les compagnons d’exil, Bertrand, Montholon, Las Cases…, une centaine furent vendus
en Angleterre en
1823
, et d’autres encore rendus à la France sous le Second Empire. Ceux-ci, placés par Napoléon III dans
la bibliothèque du Louvre, brûlèrent lors des incendies du palais pendant la Commune de
1871
.
Les volumes sont préservés dans une boîte de maroquin vert signée Sangorski & Sutcliffe, à Londres.
Mors fendus.
Dimensions :
214
x
137
mm.
Provenance :
Napoléon, avec le timbre humide de l’exil, comme toujours difficilement lisible, répété sur les titres des
volumes.
Brunet, II, col.
576
; Cohen, I, col.
280
; Hoefer, XIII, col.
464
-
474
; Tulard (J.),
Dictionnaire Napoléon
, pp.
214
-
215
(Bibliothèques de Napoléon) et
586
-
587
(Delille) ; Advielle (V.),
La Bibliothèque de Napoléon à Sainte-Hélène
, Lechevalier,
1894
, pp.
5
-
33
.




