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et incompris : « personne ici ne comprend ce que peut désirer un homme décoré des plus beaux titres et pourvu des places les

plus enviées et les plus honorables. Quand je dis que je préfère à tout cela une retraite tranquille, et jouir du bonheur d’être

avec ma famille, quand je dis que je préfère à la fortune que j’aurais pu avoir comme tant d’autres, le calme de ma conscience

et ma pauvreté, il semble ma chère Laure que je parle hébreu. Ce langage est si loin de l’opinion de tout ce monde, que l’autre

jour les deux hommes que j’estime le plus ici [...] m’ont quitté intimement persuadés que j’étais fou, ou bien que je leur en

imposais, lorsque je leur ai dit que je ne possédais pas trois mille livres de rente, que je n’avais pas un pouce de terre, pas un écu

à placer et que malgré cela, je préférais être ainsi », plutôt que de devoir sa fortune à d’autres qu’à Napoléon, qu’à « celui à qui

je dois tout jusqu’à ce jour, à celui que j’ai toujours chéri et fidèlement servi, à celui enfin qui m’ayant élevé au rang où je suis,

doit me procurer les moyens d’y exister dignement [...] je saurai encore me distinguer par quelques qualités peu communes

aujourd’hui, et surtout par mon attachement et ma fidélité inviolables pour lui, comme par mes vœux pour son bonheur »...

Il rêve à un avenir tranquille : « Entouré de mes enfants, caressé par ma Laure, je pourrai passer encore des jours heureux [...]

Encore quelques mois de patience et nous pourrons être réunis [...] et nous pourrons encore être heureux longtemps. Toi, ma

Laure, tu es jeune. Tu as bien des années devant toi » [1ls avaient 13 ans d’écart et étaient à cette date âgés de 40 et 27 ans]... Il la

prie d’embrasser leur fille Joséphine dont c’est aujourd’hui l’anniversaire, lui témoigne toute sa reconnaissance pour les beaux

enfants qu’elle lui a donnés et pour tout le bonheur qu’elle lui apporte… Etc.

191.

Charles KOECHLIN

(1867-1950) compositeur. 4 L.A.S. et 1 L.A. (incomplète), 1939-1947 et s.d., la plupart au

musicologue Jacques Chailley ; 7 pages et demie formats divers.

300/400

Villers-sur-Mer 8 avril 1939

, [à José Bruyr]. Il félicite le critique sur sa causerie, et promet de lui reparler de Paul Martineau

et d’Abel Decaux. « Une légende veut que Schoenberg ait été présent au concert » où Motte-Lacroix joua les

Nocturnes

de

Decaux : « C’est peut-être trop beau pour être vrai ? »... Il évoque l’atmosphère sinistre de la

Ruelle

, cependant cela n’enlève

rien « à la valeur émouvante du

Pierrot lunaire

»...

À Jacques Chailley.

Paris 10 mai [1946]

, le remerciant de lui avoir fait une place dans un concert, et d’avoir souscrit à

Alceste

: « J’ai traité les chœurs

monodiquement

– tantôt les Basses chantent, tantôt les Ténors, parfois les deux réunis. Je n’ai

cherché

aucune rectification

de rythmes anciens. Il ne s’est agi pour moi que de mettre en musique le plus fidèlement possible,

la belle traduction d’Henri Marchand »... – Envoi de la « belle traduction d’Alceste »...

6 juillet 1947

, remerciant d’avoir passé

le

Voyage

à la radio : « Voudriez-vous remercier de ma part l’excellent baryton M

r

Chauveau, dont l’interprétation m’a semblé

parfaite, autant par ses qualités vocales que par sa compréhension de l’œuvre »... – Fragment précisant sa position vis-à-vis de la

musique modale, évoquant son poème symphonique des

Vendanges

(1908), où il fut peut-être « “précurseur” du mouvement

qui oriente mes jeunes confrères vers le

contrepoint

de préférence aux “touches d’orchestre” de certains debussystes, – et

précurseur d’un style

dépouillé

, en certains passages de mes

Sonatines

, vers la même époque que Satie, – et en dernier lieu,

précurseur aussi du style

néo-consonnant

»... Il est aussi question de son ancien élève Henri Sauguet, de

Pelléas

, du

Sacre du

printemps

, Darius Milhaud et Paul Martineau. « Quant aux

modes anciens

, je les aime et les pratique “depuis toujours” »...

192.

Henri-Dominique LACORDAIRE

(1802-1861) dominicain, prédicateur et pédagogue. 2 L.A.S., 1849-1854 ;

1 page in-4 chaque, une adresse.

200/250

Paris 9 mars 1849

, à M. Stourm, Représentant du peuple. Recommandation en faveur d’un de ses frères « architecte de

mérite, qui se trouve en ce moment, par suite des événements de 1848, dans une position difficile ». Il le prie de l’aider à intégrer

« la sphère des administrations qui vous ont été ou qui vous seraient confiée. Je regarderai comme fait à moi-même tout ce que

vous ferez pour lui »...

Toulouse 24 février 1854

, à la princesse de Beauvau. Il la remercie de sa bonté pour leur Chapelle des Carmes et d’autres

lieux de culte, générosité qui fait d’elle « l’une des bienfaitrices de notre ordre. Cette persévérance de votre charité pour nous

me rappelle [...] les heures agréables que j’ai passées à Haroué »...

193.

Alphonse de LAMARTINE

(1790-1869). P.S. au dos d’une P.A.S. de Joseph Roumanille, Avignon 14 mai 1859 ;

1 page et demie obl. in-8 sur papier timbré, cachet encre

J. Roumanille libraire Avignon

.

120/150

Mandat :« je paierai contre ce présent mandat, à l’ordre de M. A. de Lamartine, la somme de

quarante-un francs trente

centimes

, valeur reçue en

Entretiens du Cours familier de littérature

(40

e

) »... [c’est ce numéro qui fit connaître

Mirèio

] ;

endossé par Lamartine au verso. On joint l’exemplaire personnel de Roumanille de cette brochure (1859) :

XL

e

Entretien

.

« Littérature villageoise. Apparition d’un poëme épique en Provence ».

194.

Joseph LANZA DEL VASTO

(1901-1981) philosophe. 2 L.A.S., 1951-1964, à Jacques Chailley ; 4 pages et demie

in-4, une enveloppe.

250/300

Saint-Aigulin

28 décembre 1951

, remerciant d’avoir parlé de lui dans le numéro de Noël de la

Revue musicale

...

Bollène

2 janvier 1964

, remerciant pour son

Histoire musicale du Moyen Âge

. « De l’architecture et de la décoration romanes et

gothiques, tout le monde aujourd’hui reconnaît l’inimitable grandeur et profondeur alors qu’il y a cent ans les meilleurs

esprits n’y voyaient que “naïveté”, “gaucherie”, “grossièreté”, “raideur primitive”. – Or les critiques musicaux de nos jours

continuent de parler dans les mêmes termes de la musique de la même époque, – jusqu’à ce que, enfin, des hommes comme vous

paraissent pour rattraper cent ans de retard et retrouver les cathédrales englouties – englouties dans une mer amère à boire de

préjugés prétentieux »... Il part pour une tournée en Amérique latine : « Nous allons parler et prêcher la paix, mais surtout la

chanter car la musique est plus sage que la philosophie et plus persuasive que ses arguments »...