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LIVRES & MANUSCRITS
67.
DAMESME Édouard
[Fontainebleau, 1807 - Paris, 1848], général français.
Ensemble de 32 lettres entièrement autographes,
adressées à son camarade, le futur colonel Joinville.
De 1826 à 1833 ; 85 pages in-4° principalement,
marques postales.
La correspondance commence lorsque Damesme
est encore à Saint-Cyr, se poursuit lors de son affec-
tation au régiment de Hohenlohe, puis au 63
e
RI, et
enfin au 58
e
RI, pendant l’intervention Française en
Belgique et le siège d’Anvers de 1832.
— Lettre autographe signée. Saint-Cyr, le 9 octobre
1826. 3 pages in-4° ; en-tête imprimé «
École Royale
Spéciale Militaire de Saint-Cyr
», avec adresse et
marques postales. Il donne des nouvelles des cama-
rades et évoque une série de duels : «
Nous avons
entendu parler de duels : Greslot a, dit-on, un coup de
sabre dans le ventre, Pèlerin est blessé à la cuisse, et
Richement est soi-disant sur le lit pour trois mois ; quant
à D’Hubingher, on dit que, Duportail ayant chuté,
il se précipitait pour le percer lorsque les témoins
l’ont empêché. Il paraÎt que le fameux Casbou a
couillonné avec Chassepot, cela ne m’étonne pas
beaucoup.
»
— Lettre autographe signée. [Saint-Cyr], le 5 juin 1827;
3 pages in-4°, avec adresse et marques postales.
Long récit des incidents survenus à l’Ecole, qui ont
conduit le colonel à punir le «
premier bataillon de
l’Armée
».
— Lettre autographe signée. [Saint-Cyr], le 5 août
1827 ; 4 pages in-4°, avec adresse et marques pos-
tales. Il envisage d’entrer dans les Gardes du Corps,
mais craint l’absence d’avancement. Il raconte ses
sorties au café Flament : «
Je suis revenu à cheval
[…]
et j’ai eu le talent de foutre un Suisse par terre
avec mon cheval. Furieux, il a tiré son sabre et m’a
poursuivi, mais il ne pouvait lutter à la course avec un
quadrupède.
» Puis il donne la liste des élèves de la
promotion avec leur grade (environ 70 noms cités).
— Lettre autographe signée. [Saint-Cyr], le 12 août
1827 ; 2 pages in-4°, avec adresse et marques pos-
tales. Il a encore été puni à l’École. Il souhaite main-
tenant rejoindre le régiment de Hohenlohe. Il vient de
terminer les exercices d’artillerie.
— Lettre autographe signée. [Lille, octobre 1827.] 2
pages in-4°, avec adresse et marques postales.
Il est à Lille en congé chez son beau-frère. «
Je ne fais
que boire toute la journée
[…].
Lundi, j’ai vu fondre
et baptiser six cloches, les cérémonies sont assez
bizarres, on habille les cloches comme un enfant, et
on fait les ablutions
[…].
J’ai trouvé ici le 6
e
léger qui
est reparti vendredi
[…].
Il reste maintenant le 30
e
et
le 13
e
de ligne.
» Puis il raconte les manœuvres des
régiments et la visite des remparts.
— Lettre autographe signée. [Rochefort, janvier 1828]
; 3 pages in-4°, avec adresse et marques postales.
Il est arrivé à Rochefort le 28 décembre ; le voyage
a été agréable «
comme le temps était beau, nous
montions toute la journée sur l’impériale, afin de
dire des naïvetés aux passants en entrant dans les
villes
[…].
Je suis installé au régiment
[de Hohenlohe]
depuis le 2 janvier.
[…]
1
ere
compagnie du 1
er
bataillon
[…]
pas loin de la musique. M. Stenberg que je rem-
place est aux galères à Brest, pour un faux
[…].
Mon
capitaine est M. Bolla
[…].
Mon chef de bataillon, M.
Bay, italien, jaloux, et par conséquent cocu
[…].
Mon
adjudant-major, M. Bizaret, français, ancien élève de
Saint-Cyr du temps de Buonaparte, fils du général
. »
— Lettre autographe signée. [Rochefort, le 6 août
1828] ; 3 pages in-4°, avec adresse et marques pos-
tales. «
Je suis devenu ermite, il y a un mois que je n’ai
dégraissé le pistolet
[…].
La duchesse de Berry est pas-
sée à Rochefort. On a forcé devant elle une frégate
dans la Charente
[…]
. Le samedi, au bal, à la salle
des spectacles, la duchesse a dansé deux contre
danses, et croirais-tu qu’on a été assez canailles pour
applaudir
[…].
La canicule fait dans ce moment ici
beaucoup de ravages, il y a à peu près 400 hommes
à l’hôpital ; depuis 15 jours, nos soldats ont à peine
une nuit de repos, songe qu’il y a tous le jours 250
hommes de garde dans le port.
»
— Lettre autographe signée. [Rochefort], le 15 sep-
tembre 1828 ; 3 pages in-4°, avec adresse et marques
postales. Il est sorti la veille de l’hôpital après un
séjour de trois semaines. «
Cette garce de fièvre m’a
travaillé ferme
[…].
On m’a fait avaler en masse des
pilules de quinine
[…].
Il règne une fièvre comme aux
colonies
[…]
notre général inspecteur le baron Hurel
est ici depuis 8 jours
. […].
Le lendemain de la revue
d’ensemble, la fièvre l’a pris, et depuis il est resté
sur le flanc
[…].
M.Léger est parti avant-hier pour les
colonies.
[…]
Son oncle l’a envoyé à la recherche de
la fièvre jaune
[…].
M. Becquet est en prison de ville
pour une affaire très grave que personne autre que le
colonel ne connait.
»
— Lettre autographe signée. Foix, le 22 novembre
1828 ; 3 pages in-4°, avec adresse et marques pos-
tales. Il a quitté Rochefort le 1
er
novembre «
le 2
e
régiment Suisse nous relève à Rochefort.
» Il raconte
son voyage par Blaye et Bordeaux : «
les grisettes
qu’on y vante tant dans toute la France ne sont pas si
communes qu’on le croit ; au reste, leur costume est
fort mignon
[…]
le théâtre est magnifique
[…].
J’ai
vu danser Melle Taglione
[…]
après elle est arrivée
la troupe anglaise, j’ai admiré M. Abott, et surtout
Melle Simthson, qui a une bien jolie tournure
[…]
ils
ont joué
James Shore, Romeo et Juliette,
et
Venise
sauvée. […]
Ce qu’il y a de mieux à Bordeaux, ce
sont les ballets
[…].
A la Saint Charles, les mats de
cocagne n’étaient garnis que de viandes.
[…]
Parti
de Bordeaux le 13, je suis arrivé à Toulouse le 15.
[…]
J’ai vu au théâtre à Toulouse
le Siège de Corinthe […].
Notre régiment est tout à fait foutu
».
— Lettre autographe signée. Foix, le 30 novembre
1828 ; 3 pages in-4°, avec adresse et marques pos-
tales. Il espère que Joinville va le rejoindre : «
il n’existe
pas beaucoup de colonels aussi tolérants que le
nôtre
». Puis il donne des nouvelles, il fait des dessins
dans les montagnes. «
Je ne connais pas trop ton avis
d’aller en Morée ; est-ce que tu voudrais y crever de
la fièvre comme Lenoir ? Il me semble que le bulletin
des journaux n’encourage pas à s’embarquer
. »




