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rivalités entre le Nicaragua et le Costa-Rica en revendiquant les droits des indiens moskitos, la période sanglante du flibustier

nord-américain Walker qui tenta plusieurs fois de prendre le pouvoir.

Le manuscrit du marquis de Tilly est ensuite marqué par son séjour au Guatemala où il découvre un pays stable et en voie vers

la prospérité grâce à une société conservatrice, attachée aux valeurs catholiques et ancestrales issues des plus anciennes familles

espagnoles ; après les familles nouvellement implantées (le consul Hardy et son vice-consul Courtade, la famille du baron Oscar

et Xavier du Teil...), on entre dans l’intimité des grandes familles locales, de Luiz de Batres, Tallien de Cabarrus, de Aguirres,

Cordon, de Aycinena, de Rodriguès, Vasconcelos et Saboria... dont la psychologie, et les mœurs ont su adopter, selon l’auteur,

le charme à la française tout en conservant les traditions espagnoles...

Le mémoire se poursuit de juillet

1864

à mai

1865

[pp.

111

-

329

], alternant entre visites de courtoisie au sein de l’élite locale

et études du pays où il effectue plusieurs exploration et reconnaissances [octobre et décembre

1864

, virées à Escuinda et à

l’Antigua pp.

174

et

198

; janvier

1865

, voyage sur les Altos, descente sur la côte de la Laja, Santiago, lac d’Atitlon, pp.

205

-

215

; février

1865

, voyage sur la sur la côte, lagune de Tahusco, passage de la Caranza et barre du Colorado, pp.

231

et suivantes

; mars

1865

, voyage à Vera Cruz, description du Rio Grande, de Coban, le lac Ysabal... pp.

252

-

290

; avril

1865

, voyage à San

Geronimo, pp.

298

...], apportant encore une étude géographique et sociale des régions visitées ; entre parties de chasse dans la

forêt vierge et bal ou réceptions officielles auprès du président Carrera qui finira par accorder son approbation pour la mission

de Tilly en août... donnant au passage un remarquable aperçu autant de la politique du pays [relation de la mort du président

Carrera et sa succession, pp.

310

et

314

-

319

; Tilly avait auparavant dressé un portrait psychologique du président, homme

d’un grand sens politique, fils d’un Indien Cachiquel et d’une Noire, qui, paré du titre de général, avait mené les Indiens à

la victoire. Il sut éviter le massacre, ramener les Indiens dans l’obéissance et, malgré ses origines, devint le chef du parti des

Blancs, en soutenant une politique conservatrice et s’appuyant sur le clergé. De même, il est fait allusion à la guerre récente

contre son voisin du Salvador, Barrios, l’homme lige des Yankee. L’élection du général Cerna provoqua la consternation, les

conservateurs guatémaliens ayant préféré Serupio Cruz], de l’interventionnisme néfaste des “Yankees” uniquement guidés par

leurs intérêts économiques et la religion du dollar, que de la vie quotidienne, dressant un tableau pittoresque du Guatemala à

travers le climat, la société et son commerce, les coutumes païennes des indiens, les courses de Taureaux, les grandes processions

religieuses sur le ton espagnol...

La fin du mémoire, consacré au retour en Europe du marquis de Tilly, n’en est pas moins prenant, sur le plan anecdotique (visite

et impressions de New-York, et plus tard des chutes du Niagara) et sur le plan politique, révélant à toute personne écartant la

mauvaise foi de l’Histoire officielle, les dessous scandaleux de la guerre de Sécession, les atrocités commises au nom des principes

généreux et humanitaires des Nordistes [en détails, pp.

16

-

28

].

(...) J’étais à New York piloté par mon fidèle Léopold. C’est une ville de

800

,

000

âmes, d’autres disent un million. Broad-

Way, la rue principale a de beaux édifices généralement de styles différents, affectant tous les ordres d’architecture possibles,

modernisés en quelque sorte (...) les omnibus circulent tous sur des chemins de fer (...) les nègres n’y sont pas admis, afin de

prouver probablement la sympathie réelle qu’on leur porte. Il en est de même dans les maisons de blancs ; on jetterait les nègres

par la fenêtre s’ils osaient y pénétrer (...) Je ne parlerai pas de la politesse Yankee, elle est connue, c’est celle des flibustiers élevés

dans les tripots (...)

(...) C’est ici le cas de parler des terribles événements qui ont ensanglantés divers états de la puissante république, je veux dire de

la guerre de Sécession qui vient de recevoir une si déplorable solution. Jamais depuis les guerres de l’Ouest de la France, l’on a vu

accumuler tant d’impostures pour justifier l’une des plus grandes iniquités des temps modernes (...) Les intentions étaient pures,

prétendaient-ils, elles devaient provoquer l’admiration enthousiaste des peuples, car ils combattaient soi-disant des rebelles,

pour la juste et sainte cause de l’humanité ; pour l’affranchissement des nègres, cette classe opprimée par les blancs du Sud, dont

les violences nous ont été démontrées dans un roman fameux, la Case de l’oncle Tom (...) La Cour Suprême n’a-t-elle pas rendu

en décembre

1856

, un arrêt en dernier ressort dont le résumé est ceci : L’homme libre, mais de race africaine dont les ancêtres

furent esclaves, n’est pas citoyen comme l’entend la Constitution des Etats-Unis. Un consul nordiste avec lequel j’ai voyagé en

revenant en Europe, m’a dit naïvement : Nous n’avons décrété l’abolition de l’esclavage qu’un an après le commencement de

la guerre qui avait un autre but ; mais c’était un moyen de guerre pour faire révolter les nègres contre leurs maîtres, et les faire

massacrer. Si plus tard les nègres nous embarrassent, on s’en défera. (...) J’ai lu un discours du président Johnston qui gage au

moins ces tendances (...) affirmant que les états victorieux du nord font un essai, lequel très probablement ne réussira pas, en

voulant introduire dans la grande famille américaine la race noire, que l’on sera alors obligé d’exporter dans son pays (...).

Aperçu qui en dit long sur les causes et les conséquences développées par le marquis de Tilly, à propos des Etats-Unis et de

son impérialisme, cette puissance formidable qui affiche la prétention d’appliquer sa doctrine à toute l’Amérique du Nord et

du Sud, et à l’Europe même et au monde entier (...), déplorant dans le même temps, les idées révolutionnaires dont le principe

repousse les supériorités sociales pour admettre la supériorité de la médiocrité.

estimation :

2

000

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3

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euros