100. –
P.S.
, Paris, 27 novembre 1618, par le secrétaire d’état [Antoine] de Loménie, vélin obl., reste de
grand sceau de cire jaune aux armes de France, au sujet du paiement des émoluments de la garde du roi.
En 1614, Charles Ier de la Vieuville, gouverneur de Mézières après le décès de son père en 1612, se voit enlever cette place forte
sans coup férir par le duc de Nevers.
Bien que déclaré majeur en 1614, le jeune roi Louis XIII continue d’être sous l’influence de la reine mère régente du royaume et
celle de son favori Concini. La politique menée par Marie de Médicis est contestée par les Grands du royaume, dont le prince de
Condé, qui se soulèvent à plusieurs reprises entre 1614 et 1617. Les princes et les grands, voulant jeter la perturbation dans le
royaume avant la majorité de Louis XIII, fomentèrent toutes sortes de désordres dans leurs provinces respectives, puis voulurent se
rassembler à Mézières, sous les ordres du prince de Condé. La reine mère tenta en vain de contrarier leurs desseins lorsque Nevers
enleva à la Vieuville la place de Mézières située dans son gouvernement de Champagne. On sait qu’il avait suffi au duc de Nevers
d’envoyer chercher quatre pièces de canon à Sedan pour épouvanter la garnison et lui faire ouvrir les portes de la ville. Le marquis
de la Vieuville, gouverneur de la citadelle, était alors à Paris, préférant d’après ses contemporains la vie somptueuse parisienne.
Deux ans plus tard, en 1616, le marquis fit payer à la duchesse de Nevers le bon tour que son mari lui avait joué. Lieutenant
général de la place de Reims, de la Vieuville refusa l’entrée de la ville demandée par la duchesse qui ne veut que la traverser pour
aller faire ses couches à Nevers. Le marquis connaissait les ruses de la famille de Nevers ; il sait bien qu’une fois en ville, l’épouse
en mal d’enfant se trouvera subitement indisposée afin de permettre à son mari de venir et d’être acclamé par les habitants.
Le 24 avril 1617, Louis XIII fait assassiner Concini dans la cour du Louvre et impose son autorité en écartant sa mère du pouvoir.
800-1200
160
[Louis XIII – Charles Ier de la Vieuville – Surintendance des finances – L’exil]
7 pièces, 1621-
1641.
P.S.
, Cognac, 3 juillet 1621, signée «
Louis
» [Louis XIII roi de France (1601-1643)] et contresignée par
le secrétaire d’état Brûlart, vélin. Brevet délivré à Charles de la Vieuville de maréchal de camp et armées
du roi. –
P.S.
, Paris, 11 février 1623, signée «
Louis
» [Louis XIII roi de France (1601-1643)] et
contresignée par le secrétaire d’état de Loménie, vélin obl. in-plano. Lettres patentes du roi accordant la
charge de surintendance des finances à Charles de la Vieuville, en remplacement du comte de
Schomberg. –
2 pièces
papier, 1632, relatives à la séparation de biens demandée par Marie Bouhier de
Beaumarchais, épouse du marquis de la Vieuville,
«
voyant l’état de la perte et destruction de la fortune
» de son
mari exilé. –
P.S.
, septembre 1638, signée «
Carolus Rex
» [Charles Ier, roi d’Angleterre (1600-1649)],
cachet sec aux armes d’Angleterre, vélin. Lettres de sauvegarde en blanc pour circuler librement dans les
pays au-delà de la mer. –
2 P.S.
, octobre 1641, sur vélin, commission délivrée par les états généraux des
Provinces Unies des Pays-Bas et par Frédéric-Henri d’Orange-Nassau en faveur du marquis de la
Vieuville lui donnant le commandement d’une compagnie de cavalerie de leurs troupes, vacante par la
démission du duc de Bouillon.
Charles Ier de la Vieuville (1582-1653), fils de Robert et de Catherine d’O, est le plus célèbre de la famille, celui qui s’éleva le plus
haut, posa sur son front la couronne ducale, fut premier ministre et coopta produisit Richelieu. D’abord marquis, puis duc de la
Vieuville, pair de France et grand fauconnier en 1612 en remplacement de son père. En 1616, il est capitaine de la première
compagnie des gardes du corps du roi, lieutenant général en Champagne et Rethélois ; en 1619, chevalier de l’Ordre du Saint
Esprit ; en 1622, maréchal de camp sous les ordres du duc d’Angoulême, au siège de Montpellier. Puis il quitte les armes pour
rejoindre l’administration royale et remplace le 21 janvier 1623, Henri de Schomberg comme surintendant des finances, fait entrer
Richelieu au ministère, lequel le fait ensuite congédier et arrêter en 1624. Il rentre en faveur en 1643, redevient surintendant des
finances en 1651, est fait duc et pair la même année et meurt en 1653.
Il épousa en 1611 Marie Bouhier, fille de Vincent Bouhier, seigneur de Beaumarchais, conseiller d’état et trésorier de l’Epargne, l’un
des plus importants financiers du royaume.
Au commencement de l’année 1623, de la Vieuville, poussé par son beau-père, parut de plus en plus ambitieux et fit partie de ceux
qui fomentèrent des intrigues dans le but de faire de Schomberg, surintendant des finances. Louis XIII se laissa prendre aux belles
promesses de la réorganisation de l’état des finances de l’état présentée par Bouhier de Beaumarchais et son gendre. Il renvoya
Schomberg et donna la surintendance à la Vieuville le 21 janvier 1623.
Très vite, de la Vieuville, voulant revoir les pensions versées aux grands du royaume, soulève une cabale contre lui et son beau-
père. Dans le même temps, il réussit à faire entrer Richelieu au Conseil privé en avril 1624 contre l’avis de Marie de Médicis. Dès
lors, Richelieu profita de la période de déclin du marquis de la Vieuville pour manœuvrer et récupérer la fonction tant convoitée
de surintendance des finances. Sous l’influence de Richelieu, Louis XIII le révoqua et le fit emprisonner avec son beau-père le 13
août 1624 au château d’Amboise. Accusé de prévarication et condamné, il est disgracié et le roi se contenta de le laisser en exil
sans vouloir faire appliquer le jugement. En septembre 1625, le marquis et son beau-père s’évadent et passent à l’étranger. Réfugié
en Angleterre, il tenta de proclamer son innocence contre les accusations portées à son encontre. Le 1er juin 1626, Louis XIII reçut
en audience particulière l’épouse de l’ancien surintendant et lui accorda la liberté de son mari et la permission de rentrer en
France.
Dès son retour, le marquis de la Vieuville fut de toutes les conspirations contre Richelieu, ayant rejoint le parti de Gaston
d’Orléans. En 1631, Marie de Médicis et le frère du roi son exilés aux Pays-Bas, rejoints par leurs partisans dont de la Vieuville. La
plupart furent jugés par une chambre de justice pour lèse-majesté. Décrété d’accusation pour complot contre l’Etat, la chambre de
l’Arsenal condamna à mort Charles de la Vieuville par arrêt du 6 janvier 1632 avec confiscation de ses biens. Il fut également
dégradé de l’ordre du Saint Esprit. La même année, l’épouse du marquis obtint la séparation de biens afin de pouvoir sauvegarder
le patrimoine familial.
Exilé pendant plus de 18 ans, il passa une grande partie aux Pays-Bas, où il put obtenir pour son fils aîné un emploi dans l’armée.
La Hollande était à cette époque le lieu de choix pour les jeunes nobles qui voulaient s’initier au métier militaire sous la direction




