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HISTOIRE
France et la Russie étaient liées par un traité
d’alliance, et que la France et l’Angleterre
pouvaient être vues comme des alliées, du
moins contre l’agression allemande, il lui
paraît qu’aux yeux de 1935 les Britanniques
étaient toujours sur un terrain raisonnable,
à l’égard de leurs armements. Il faut voir si
c’est en 1936 que l’écart se creuse, et tâcher
de comprendre pourquoi…
Suit alors, de la main de Kennedy, une liste
numérotée de 6 étapes ou épisodes dans
le réarmement des Anglais : livre blanc
conciliatoire faisant appel à une augmentation
du programme ; attaques livrées par
CHURCHILL contre le gouvernement ;
moment critique pour la Société des
Nations ; discours de Baldwin ; décision
du Parti travailliste de cesser de voter
contre le gouvernement ; revirement net au
réarmement…
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KENNEDY John Fitzgerald
(1917-
1963) Président des États-Unis
d’Amérique.
MANUSCRIT en partie autographe,
[présentation d’
Appeasement at
Munich
, entre le 8 mars et mai 1940] ;
3 pages et demie in-4 sur 3 feuillets
dactylographiés (trous de classeur
marginaux) ; en anglais.
2 000 / 2 500 €
Fragment de présentation de son mémoire
de fin d’études à l’Université Harvard,
mémoire consacré à la politique britannique
de désarmement avant les accords de
Munich
.
[Cet essai,
Appeasement at Munich
,
accepté
cum laude
par la faculté, fut récrit
et remanié par Arthur Krock (lauréat de
trois Prix Pulitzer), à la demande du père
de l’auteur, et publié quelques mois plus
tard (New York, Wilfred Funk, 1940) sous le
titre
Why England Slept
(écho de l’ouvrage
de Churchill,
While England Slept
, 1938),
avec une préface par Henry Luce, patron de
presse et ami, lui aussi, de Joseph Kennedy,
alors ambassadeur des États-Unis à Londres
et partisan d’une entente avec l’Allemagne.]
Le présent document pourrait constituer
l’ébauche d’une présentation du mémoire
universitaire, élaborée à partir d’un texte
dactylographié, abondamment raturé,
corrigé, et développé avec de longs ajouts
autographes. Le texte ne figure pas dans
l’« Introduction » du livre de Kennedy. avec
ratures, corrections et additions
Quelles sont ses conclusions sur toute cette
étude, et surtout la dernière partie ? En bref
(en se basant sur les faits de l’époque, et non
sur ce qui advint ensuite) : il croit que jusqu’à
la fin de 1934, aucun parti n’aurait pu obtenir
le réarmement de la Grande-Bretagne. La
première partie de 1935 aurait pu le voir
d’un point de vue stratégique, mais ce délai
était dû à une prochaine élection générale.
En cas de défaite des conservateurs, il n’y
aurait aucun réarmement sous les socialistes.
Cependant la véritable responsabilité en
incombe, croit-il, à une combinaison de ce
que BALDWIN a appelé le décalage temporel
de la démocratie, et l’incapacité d’un État
démocratique de concourir avec un État
totalitaire…
Kennedy ajoute de sa main qu’il parlera
du problème auquel était confrontée la
Grande-Bretagne : faire coopérer les ouvriers
et l’industrie sans devenir totalitaire, et il
signalera l’avantage allemand…
Il signalera aussi la position financière
dicile de l’Angleterre : considérations de
commerce extérieur, inflation, nécessité d’un
budget plus important. Il démontrera que
Munich fut le prix à payer pour compléter
son programme sous un système capitaliste
libre. Il conclura en disant que la racine du
mal était le fait qu’une dictature gagnera
dans une compétition courte, et que c’est
seulement dans une course longue que
l’Angleterre pouvait réaliser son potentiel :
Munich en fut le prix…
Il ne faut pas non plus oublier qu’en ce
qui concerne la politique étrangère, le
gouvernement britannique croyait qu’il
contestait à l’Allemagne sa façon de faire,
mais rien n’avait encore été fait qui choquât
gravement l’opinion publique anglaise –
du moins, non au point de faire sentir la
nécessité d’entrer en guerre. HITLER avait
annoncé son intention d’atteindre la parité
avec la France, alors l’Angleterre décida
d’augmenter son programme, donnant une
impulsion formidable en mai à son
Livre
blanc
de mars, témoignant par là d’une
grande souplesse. Sans oublier que la




