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HISTOIRE
« Le tems est superbe et nous guerroyons. Nos troupes sont dans
les meilleures dispositions. Nous connoissons la dernière victoire de
l’Empereur près Meissen [à Dresde]. Là où il se trouve on est toujours
sur des succès brillants »…
Schilda 8 septembre
. « Nous voilà près
de l’Empereur, c’est-à-dire à mon gré près de la victoire »…
Torgau
8 septembre
. « Nous avons eu une aÀaire peu heureuse [Pirna], ou le
4
e
corps a souÀert – mais il s’y est très bien conduit. Au reste je ne
puis dire que je commandois mon corps à cette aÀaire. Nous nous
portons bien sauf le pauvre Cailleux qui a reçu une blessure à la tète
que je crois mortelle. L’aide de camp du g
al
Delort a eu aussi une
jambe amputée »…
14 septembre
. « M. de Narbonne vient d’arriver
comme gouverneur de Torgau, je ne l’avais pas revu depuis l’Illyrie.
Je t’écris de chez le P
ce
de la Moskowa [Ney] qui me charge de le
rappeller à ton souvenir et de dire à sa femme si tu la vois qu’il faut
de l’ordre dans ses aÀaires »…
16 septembre
. « S.M. est satisfaite de
la conduite du 4
e
corps [à Dennewitz, le 6], quoique nous n’ayons
pas été heureux ; les troupes se sont il est vrai battues avec une
grande bravoure beaucoup d’ordre et de sang-froid. Il est dicile
de voir des soldats mieux tenir au feu et manœuvrer sous la mitraille
avec plus de calme. Je n’ai eu qu’à me louer toute la journée des
ociers et des soldats. Mais nous avions aÀaire à forte partie. Peut-
être l’Empereur nous procurera-t-il quelqu’occasion de prendre
notre revanche »…
Hocheim sous Mayence 4 novembre
. « Après
avoir été général d’arrière-garde, me voilà devenu g
al
d’avant-garde.
L’Empereur me donne un beau corps et un bon commandement. Je
n’ai point de plus vif désir que celui de bien servir l’Empereur et de
le contenter »…
5 novembre
. « Depuis que j’ai eu l’honneur de dîner
avec l’Empereur, j’ai eu aussi l’occasion de voir Sa Majesté plusieurs
fois à Weissenfels, Erfurth et ici, elle a daigné me traiter avec bonté
et m’a confié un beau commandement, celui de son avant-garde »…
Mayence 9 novembre
. « J’étais un peu triste de ce que S.M. était
partie sans avoir passé la revue de mon corps, mais j’espère que ce
qui est diÀéré n’est pas perdu et que S.M. nous enverra de Paris les
graces qu’elle a fait espérer au 4
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corps »…
Général BERTRAND,
Lettres à Fanny
(éd. S. de la Vaissière-Orfila,
Albin Michel, 1979, p. 183-360).




