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les collections aristophil
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BONAPARTE Jérôme
(1784-1860) frère de Napoléon, il fut
Roi de Westphalie.
40 L.A.S. « Jérôme », « J. » ou « Jérôme Napoléon »,
1840-1842, et 1856-1857, à sa fille, la Princesse MATHILDE ;
70 pages in-8 ou in-12, quelques-unes à son chiÀre
couronné, une adresse.
2 000 / 3 000 €
Ensemble en grande partie consacré aux e£orts de Jérôme pour
marier sa fille Mathilde au prince Anatole DEMIDOFF
(le mariage
du prince et Mathilde sera célébré le 1
er
novembre 1840).
Les lettres sont écrites de Rotterdam, Londres, Anvers, Bains de Pise,
Quarto et Florence.
1840
. S’étant rendu à Londres pour consulter son
frère aîné Joseph (et obtenir son aide pour la dot), il écrit longuement à
Mathilde, l’exhortant à la discrétion, voilant l’identité des protagonistes
par des pseudonymes et usant deux fois de chiÀres (« 06 » et « 04 »).
Elle-même est « l’Espagnole » ; Jérôme négocie avec « l’Anglaise » (un
homme) ; d’autres sont désignés comme « le Brave », « le Pointu »,
« l’Éclair », « l’Éclipse ». « Le
Brave
a écrit au
Pointu
qu’il arriverait
demain ou après-demain ; mais si on comprenait son bonheur et
si l’on faisait ce que l’on doit faire, c’est l’
Angloise
elle-même qui
arriverait : d’autant, ma Mathilde que je crains que tu ne
sois trompé,
d’après ce que tu m’écris
, et que dans Paris on parle d’une manière
qui m’est bien sensible bien pénible, bien oÀensante sur cet
Éclipse
.
Connaissant qu’au lieu de recevoir à genoux la chère Espagnole, on
exige le
Prix
, ce qui est le contraire de ce qui devait être ; mais l’Éclair
sera fidèle à ses promesses j’en réponds […] l’
Éclair
m’a assuré qu’il
cèdera pour la seconde condition, et que jamais la pensée d’intérêt
n’était entrée ni dans sa tête encore moins dans son cœur » (17 février)…
Il transmet des lettres, rapporte des jugements du Brave sur l’Anglaise,
des revirements d’attitudes et des changements des exigences ; il
impose à Mathilde de
dissimuler
avec tout le monde, d’autant plus que
dans la convention écrite, « il est
clairement
expliqué par l’
Anglaise
que le refus de son maître rend tout
entièrement
&
complettement
nul
», et que « la violence du caractère de l’Anglaise
m’e raye
, et que
tous nos amis à Paris, hommes et femmes, plaignent ton sort si tu
épouses l’
Anglaise
» (10 mars)… Péripétie : après une explication avec
Joseph, Anatole a écrit une lettre de rupture, et est parti pour Paris
sans prendre congé, conduite « aussi
inattendue
que peu délicate,
et il n’est plus possible de douter que l’ambition
seule
l’a guidé »…
Jérôme conjecture des dispositions défavorables de l’Empereur
son
maître
, et blâme DemidoÀ d’avoir « cherché le plus mauvais prétexte




