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les collections aristophil
souvent, j’ai agi d’après mes propres directions. Sous le Consulat, j’ai
conservé dans mes opinions une grande liberté ; et sans m’écarter
des égards dus au chef de l’État, je lui ai constamment dit la vérité.
Devenu Archi-Chancelier, j’ai dû dans plusieurs occasions faire
céder mes sentimens personnels à l’embarras de ma position ; mais
[…] je me suis constamment attaché à suivre la règle, que je m’étais
prescrite »… (Livre II, chap. 20, pp. 518-519).
Sur Austerlitz, victoire « qui mit aux pieds de la France, tout le continent
européen », Cambacérès dédaigne de répondre aux calomnies des
ennemis de l’Empereur. « Tout homme impartial reconnaîtra, qu’à
cette époque mémorable, la générosité de Napoleon fut égale à sa
gloire. Les vaincus voulurent exagérer nos forces et publièrent dans
leurs journaux, que les Français avaient plus de cent mille hommes
sur le champ de bataille. Il est de fait qu’il n’y avait à Austerlitz, que
les corps de maréchaux Soult, Lannes et Bernadotte, la moitié du
corps du maréchal Davout, la moitié de la cavalerie du Prince Murat
et la garde impériale ; ce qui faisait à peu près soixante-cinq mille
hommes. […] Voici ce que m’écrivit l’Empereur, le 15 frimaire. “La
bataille d’Austerlitz décide du sort de la guerre. Par de nouveaux
succès, j’aurais pu obtenir de grands avantages ; je préfère une
pacification glorieuse. Vous savez que je n’en veux pas d’autre. Le 11
frimaire sera l’un des plus brillans jours de ma vie. Le lever du soleil
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CAMBRONNE Pierre
(1770-1842) général.
L.A.S. « Le Baron Cambronne », [Nantes 20 mai 1818], au
Major LABORDE à Paris, 1 page et demie in-4, adresse
(fente réparée au f. d’adresse).
250 / 300 €
À un compagnon d’armes.
[Le major Étienne LABORDE avait combattu aux côtés de Cambronne
pendant la Campagne de France.]
Cambronne se réjouit de la paternité de son correspondant, mais
il désespère d’être employé : « je suis toujours en demande d’un
traitement quelconque ; jusqu’à présent je n’ai pas réussi. Si j’acceptais
du service, je me trouverais trop heureux de vous prendre au mot
de nous revoir ensemble » ; mais « il faudrait que je sois plus avancé
que je suis pour avoir l’espoir d’être ensemble ; vous savez que je
ne veux pas un autre grade que celui que j’ai connu »…Il le charge
de voir à Paris son cousin qui s’occupe de ses aÀaires et l’assure de
son « amitié éternelle »…
On joint
une P.S., Armée du Danube, au camp en avant de Mellingen
16 messidor VII (4 juillet 1799), certificat pour Jean Goursac, signé
par Cambronne et de nombreux ociers.
fut si beau, qu’on vit bien que le Ciel était pour nous.” »… (Livre III,
chap. 3, pp. 85-86).
Sur Marie-Louise, à qu’il devait donner des nouvelles de l’Empereur
pendant la Campagne de Russie : « J’ai eu souvent l’occasion d’admirer
l’égalité de son âme, la rectitude de son jugement, la sagesse de
ses vues, en même temps que j’ai été pénétré des témoignages de
bienveillance, dont elle n’a cessé de m’honorer »… (Livre III, chap.
17, pp. 661-662).
En guise de conclusion, ces remarques sur le prestige diminué de
l’Empereur à la fin de 1813, après la campagne d’automne en Allemagne,
l’évacuation française de la Hollande et l’ajournement du Corps
Législatif : « Napoleon, résolu de faire tête à l’orage, parut redoubler
de zèle et d’activité et prenait toutes les dispositions qu’il croyait
propres à le retirer de la situation pénible, dans laquelle il se trouvait
placé. […] La Cour était sombre. L’Empereur, devenu taciturne, avait
parfois des momens d’humeur, dans lequels il n’épargnait personne.
[…] L’Impératrice montrait du calme ; au fond, elle était inquiète et
agitée. La famille impériale avait de vives allarmes. À l’exception d’un
très petit nombre, la plupart des hommes en crédit prévoyaient une
prochaine catastrophe et étaient secrètement occupés de s’y soustraire
et d’assurer leur existence politique. » (Livre III, chap. 19, pp. 854-855).




