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29.
Samuel BECKETT
(1906-1989). 2 L.A.S. « Sam » à Patrick W
aldberg
; carte postale ill. avec adresse, et demi-page in-12 (carte
des Éditions de Minuit).
100/150 €
Paris 17 décembre 1973
(carte de Tanger) : « Pardonnez ce long silence. Doublé l’affreux cap que voici […] Tous mes vœux pour 74 »…
– « Me suis cassé 2 côtes (flottantes) voici 10 jours »…
30.
Edmond BECQUEREL
(1820-1891) physicien. L.A.S., La Jacqueminière près Courtenay (Loiret), 14 août 1863, à un « cher confrère
et ami » ; 4 pages in-8 à son chiffre.
100/150 €
Longue et intéressante lettre sur ses travaux sur la lumière électrique, le courant alternatif et continu
, etc. Il doit rester à la campagne
jusqu’en novembre et ne peut donc donner « toutes les indications que vous désirez relativement à l’emploi de la lumière électrique.
L’éclairage électrique dont il est question est celui que l’on obtient avec des machines magnéto-électriques, construites à Paris et qui ne
sont que des grandes machines de Clarke ; mais, et cela est une innovation intéressante, on utilise les courants induits alternativement de
sens contraire, de sorte qu’il n’y a pas besoin de commutateur. La lumière électrique obtenue, quand les machines sont assez puissantes,
est à un prix bien inférieur à celui du gaz, mais pourvu que l’on utilise le foyer puissant que forme l’arc voltaïque et qu’on ne le divise pas ;
ce n’est donc pas dans l’éclairage public ordinaire que l’on peut en faire usage, mais dans des cas spéciaux comme pour les phares, les
signaux à bord des navires à vapeur, l’éclairage des passes près des côtes, des mines, etc. C’est du reste la seule application qui résulte
[…] de l’emploi de ces appareils magnéto-électriques »… Il indique plusieurs publications dans lesquelles il a consigné les résultats qu’il a
obtenus, ainsi que les éditions de ses rapports et travaux, en particulier sur la lumière des appareils électro-magnétiques. Si on ne trouve
pas ces ouvrages à Turin, on peut en faire la demande au Prince Napoléon, Président de la Commission Impériale. Il peut également
se référer à l’exposition de Londres de l’an passé, et il trouvera aussi des documents dans « nos
annales du Conservatoire des Arts et
Métiers
», etc… Son père [le célèbre physicien Antoine Becquerel] est sensible à son bon souvenir et se rappelle à son excellente amitié :
« il a toute l’activité possible et se prépare à la réimpression de son traité d’électro-chimie »…
31.
Hans BELLMER
(1902-1975). L.A.S., 1
er
décembre 1947 ; 1 page in-8.
300/400 €
S
ur
son
portrait
d
’A
ndré
B
reton
, réalisé pour
André Breton, quelques aspects de l’écrivain
de Julien Gracq (José Corti, 1947). Il a dû
partir pour Toulouse, mais « M
lle
Nora M
itrani
a la gentillesse de se charger de vous porter le portrait d’André Breton en cause. Voulez-
vous bien lui remettre les 5000 frs dont il a été convenu »…
32.
Henri BERGSON
(1859-1941).
P
hotographie
avec dédicace a.s. ; 16,5 x 11 cm.
100/120 €
Portrait en buste par Gerschel, dédicacé au-dessous à M. Henri Bujard.
33.
Georges BERNANOS
(1888-1948). L.A.S., Lunéville jeudi [18 juin 1926], à Maurice C
ourtois
-S
uffit
; 4 pages in-12 à l’encre
bleue, enveloppe.
150/200 €
Fort du succès de
Sous le soleil de Satan
, Bernanos s’apprête à quitter son emploi d’inspecteur à la société d’assurance
La Nationale
, et
demande un sursis pour un article : « je dois revoir les comptes de toutes mes agences. C’est un métier de de chien, et même de chien
savant – ou du moins calculateur. Triste nécessité pour moi qui, il y a quelques années encore, comptais sur mes doigts, comme tout le
monde !... Accordez-moi donc un sursis de quelques semaines, si toutefois la chose est possible »...
34.
Georges BERNANOS.
L.A. et L.A.S., [Hyères avril 1932], à son ami Jean T
enant
; 3 pages et demie in-4, au crayon (la 1
re
petit
deuil), une enveloppe (fentes aux plis).
150/200 €
Affaibli, il demande à son « vieux » d’annuler un rendez-vous à Lyon auquel il ne peut se rendre : « j’ai déliré toute la nuit. Forte grippe ou typhus
maginotesque ? ». – Il est au lit depuis trois semaines : « Il paraît que j’ai frisé la typhoïde ». Il évoque une « ordure de pièce » qui se joue au
théâtre de la rue Fontaine et qu’on lui attribue : « L’auteur de cette saloperie s’appelle Georges Bernanose !! Impossible avant de longs jours
d’aller lui botter le fondement ! » ; et il ajoute : « La petite Claude Chauvière est sauvage, sauvage. Impossible de lui faire mettre les pieds ici »…
35.
Georges BERNANOS.
L.A.S., [Brésil 1938 ?], à son ami Jean B
enier
; 4 pages in 4, enveloppe (4 lignes ont été recouvertes de noir).
200/300 €
Longue et belle lettre d’explications.
Il regrette de l’avoir traité de Judas et lui présente ses excuses : « Vous savez mieux que personne
combien certaines médiocrités me font mal, m’écœurent, m’empêchent de travailler. [...] Depuis notre départ de Marseille, je vous vois
affaissé sur vous-même, occupé de niaiseries, incapable de vous libérer – même avec moi – de l’atmosphère affectée de discordes
familiales dont vous aviez espéré vous arracher ». Il parle de l’épouse de Bénier contre laquelle il n’a pas de rancune, mais qui connaît le
drame d’un grand nombre de femmes. Il faut la plaindre certes, mais ne pas sombrer par tristesse « dans l’indifférence, l’oisiveté, le dégoût,
la crasse morale et physique. D’autres, qui vous valaient, ou valaient mieux que vous, ne se sont pas dégagés de cette glu. Je sais ce dont
je parle. Je crois savoir toujours de quoi je parle. Je ne suis guère au-dessus des épreuves que je ne vous crois pas capable de surmonter.
J’offre ma pauvre vie à mes amis non du tout comme un modèle, mais comme une expérience douloureuse, qui devrait leur servir »...