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42.

Léon BLOY

(1846-1917). L.A.S. et

manuscrit

autographe signé, [1874]-1890 ; 2 pages in-12 et 1 page in-4 avec ratures et corrections.

250/300 €

[Fin mai 1874 ou peu après]

, à Germer B

aillière

[sur son article « Nouveaux propos d’un entrepreneur de démolitions », consacré à

l’

Histoire de la Révolution française

de Thomas C

arlyle

: « M. Léon Bloy prie son

ennemi

M. Germer Baillière de lire l’article sur Carlyle

qui est à la 4e page de ce journal. M. Léon Bloy n’a, certes, rien dit de nouveau de cet homme de génie, qui ne pourrait être raconté que

par un autre Carlyle, mais il s’est efforcé de le montrer aux inattentifs et aux superficiels de ce monde »…

Paris 30 octobre 1890

. Brouillon de son « Encyclique » aux évêques de France, pour soutenir la cause de la béatification de Christophe

C

olomb

. Bloy signale « un livre nouveau [son

Christophe Colomb devant les taureaux

] destiné à ramener l’attention du monde chrétien

sur la cause exceptionnelle de Christophe Colomb pendante depuis 20 ans devant la Sacrée Congrégation des Rites et dont le glorieux

Pie IX fut le promoteur ». Il met en garde contre « les manœuvres infernales de l’impiété contemporaine pour s’opposer à la béatification

du héros chrétien », et demande que le clergé s’oppose à « la conspiration diabolique dont l’Église est présentement menacée »… Suit la

traduction en latin, soigneusement corrigée.

O

n

joint

un exemplaire impr. du texte latin, avec note a.s. de Bloy : « Lettre encyclique à tous les Évêques du monde ».

43.

Léon BLOY

. L.A.S., Bagsvaerd par Lyngby (Danemark) 21 juin 1891, [à Louise R

ead

] ; 4 pages in-8 très remplies d’une écriture

serrée.

500/600 €

Longue lettre sur son retentissant procès contre le Sâr Péladan, sur Huysmans et sur Barbey d’Aurevilly.

[En mai 1891, Joséphin Péladan affirma à tort que Léon Bloy et Louise Read avaient laissé mourir B

arbey d

’A

urevilly

sans l’assistance d’un prêtre.

Léon Bloy réagit avec virulence dans

La Plume

et accusa Péladan (mené par « une cupidité ignoble ») et l’amie de Barbey d’Aurevilly Madame

de Bouglon (la désignant simplement comme une « salope titrée ») d’avoir assassiné l’écrivain en tentant de s’approprier les manuscrits du

mourant. Péladan intenta alors un procès à Bloy, qui, avec l’aide du grand avocat le prince O

uroussov

, le gagna en octobre 1891.]

Il s’étonne de n’avoir pas reçu les remerciements de son amie, après avoir pris sur lui de faire « à M

me

de B[ouglon] & à Péladan un

sort impossible. […] Ce sont mes

imprudences

très calculées, je vous prie de le croire, qui ont eu ce résultat infiniment précieux pour

vous de vous donner le beau rôle & de couvrir d’ignominie vos adversaires, quelle que puisse être pour moi l’issue du conflit ». Il a pu

« contraindre Coppée à parler, ce que sa lâcheté

proverbiale

lui aurait certainement interdit. […] Son devoir strict, au lendemain de

l’interview de Péladan, était de donner immédiatement à ce parfait drôle, le démenti le plus éclatant […] le pauvre Coppée n’est pas un

paladin, il est même parfois d’une couardise qui étonne [...] & c’est pour cela, sans doute, qu’on l’a fourré à l’Académie. Cependant, mis

en demeure de donner

verbalement

son témoignage, il dit la vérité qui écrase vos ennemis en même temps que les miens »… Il ne faut

pas s’inquiéter des conséquences du procès : « Ma seule crainte est de voir avorter ce bienheureux scandale que j’ai préparé avec tant

de soin. Sachez que je regarde Péladan comme mon bienfaiteur & que ce procès me paraît la chose la plus favorable qui me soit arrivée

depuis des années ». Il a un fameux avocat « qui m’a offert spontanément ses services par admiration pour moi (car il y a des gens qui

savent que je suis un écrivain) & qui viendra de Moscou à Paris tout exprès pour me défendre »…

Quant à son article sur H

uysmans

, il est « d’une modération incroyable. […] ce n’est pas moi qui ai cessé d’être l’ami de Huysmans, mais

qu’au contraire, c’est Huysmans qui s’est éloigné de moi contre toute justice, malgré mes efforts pour le retenir, car j’étais assez bête pour

lui pardonner le mal atroce qu’il m’a fait. Sa maladresse a été extrême. Il pouvait me paralyser en me continuant ses grimaces d’affection

dont j’aurais été la dupe généreuse. Il ne l’a pas fait & quand son abominable livre a paru, rien ne pouvant plus me retenir, j’ai dit la vérité

tout entière. Dieu merci ! Quant aux bavardages malveillants ou imbéciles qui peuvent vous être débités sur mon compte, vous seriez très

aimable de me les épargner. Vous n’ignorez pas la vaillance de mon mépris & que je me fiche absolument des opinions & des convenances

d’un certain monde dont les idées ou les sentiments sont à mes yeux comme de la boue. […] Mais j’ai le droit d’exiger de vous comme je

l’aurais exigé de M. d’Aurevilly lui-même, que mon caractère & mon

indépendance

d’écrivain soient exactement respectés. […] Quand

j’écrirai sur l’auteur du

Prêtre marié

, soyez d’avance persuadée que je ne consulterai que ma conscience & qu’aucune considération de

lâche convenance ou d’étroite sagesse n’agira sur ma volonté. […] Vous savez aussi bien que moi que M. d’Aurevilly était l’homme le plus

facile à tromper (preuve Péladan, A. Hayem, etc.) & par conséquent tout à fait incapable de se défendre surtout vers la fin. Il était donc

nécessaire de le dire pour exprimer l’infâmie du trio d’assassins. [...] J’ai toujours crié ma pensée sur les toits. Ceux donc qui m’approuvent

ou m’admirent en ayant peur d’afficher leur sentiment sont pour moi des chiens, des

chiens muets

, comme dit Isaïe, & je bénirai toute

occasion de les traiter comme tels. [...] En résumé, je vous demande uniquement d’être juste pour moi, autant que vous fûtes bonne &

de ne pas me traiter en petit garçon : c’est le moyen d’obtenir beaucoup de moi, l’unique moyen. Vous savez très bien comment je vous

aime, pourquoi je vous aime & à quel point je vous aime. Cela ne peut pas être effacé. Mais il faut de toute nécessité accepter cette

évidence que je n’appartiens pas à vos préjugés mondains & que j’échappe sûrement toutes les fois qu’on veut me saisir avec le grappin

des convenances. Il faut accepter Léon Bloy tel qu’il est, avec sa main pesante & cruelle, si on veut, en considérant que cette main n’est

après tout que le prolongement d’un cœur généreux bouillonnant contre l’injustice »…

44.

Léon BLOY.

L.A.S., 12 juillet 1897, [à Pierre-Victor S

tock

] ; 3 pages et demie in-8.

300/350 €

Il a appris par Octave Mirbeau que son correspondant était disposé à publier un livre de lui, et « à le lancer vigoureusement », mais

Bloy a déjà traité avec un éditeur belge pour

Le Mendiant ingrat

: « il vaut mieux que cette œuvre d’une violence extrême soit publiée à

l’étranger. Vous auriez été forcé de me demander des modifications ou des suppressions qui m’eussent infailliblement découragé. Mais

j’ai un autre livre tout prêt,

Belluaires & Porchers

, volume de critique littéraire & sociale dont la plupart des pièces, publiées autrefois

dans des périodiques peu lus, peuvent passer pour de l’inédit. En voulez-vous ? »… Il joint la table des matières avec les titres des 32

chapitres [26 figureront dans la première édition (P.-V. Stock, 1905) ; seront supprimés des articles dirigés contre Zola, Huysmans et le P.

Didon…].

O

n

joint

2 photographies originales de Bloy, et des époux Bloy avec une de leurs filles, [au Pouliguen, 1901].