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A
ppel
en
fAveur
de
l
’
écrivAin
et
révolutionnAire
soviétique
v
ictor
s
erGe
(1890-1947)
, envoyé à Frédéric
l
efèvre
pour les
Nouvelles littéraires
, mais non publié par ce périodique. [Istrati avait déjà consacré un article à la belle-
famille de Victor Serge, les Roussakov, dans la
NRF
d’octobre 1929. En 1933, Victor Serge fut condamné à trois
ans de déportation dans l’Oural ; en 1936, après intervention de Romain Rolland auprès de Staline, il fut déchu
de sa nationalité et banni.]
Istrati rappelle aux amis de France le sort malheureux du « vieil ouvrier révolutionnaire
r
oussAkov
», qui fut
condamné à mort, et sa famille, à l’exil, par « une monstrueuse mise en scène », afin de saisir son logement. De
tels forfaits sont courants en Russie, et si Istrati a pu sauver le condamné et sa famille, il n’a pu les faire sortir,
« car toute la presse communiste de Russie et d’Europe m’avait indiqué à l’opinion publique comme un “agent
de la Sûreté roumaine” et un “vendu à la bourgeoisie” »... Ainsi calomnié, Istrati ne peut trouver un éditeur, et
rarement de la place dans la presse ; il a failli être assommé lors d’une matinée littéraire, par des communistes
et fascistes roumains, d’accord pour « hurler contre le “traître”, le “vendu”. Les deux côtés de la barricade ne
pouvaient me permettre d’être et de rester un homme qui n’adhère à rien »... Seul un
Appel
parvenu de Paris le fait sortir de son
silence (collé à son manuscrit : le texte dactylographié de l’
Appel
signé par Boris
s
ouvArine
et Pierre
p
AscAl
; sur le repli est collé un
petit portrait photographique de Victor Serge, dédicacé au dos : « Moscou 29.1.29 à Panaït Istrati en souvenir amical de nos longues
rencontres l’an XI de la révolution. Victor Serge »). « Victor-Serge, l’auteur des
Hommes dans la prison
et de
Naissance de notre force
,
est enterré vivant depuis le 8 mars. Sa femme, frêle créature aux nerfs détraqués par tant d’années de persécutions, est enfin folle et
internée. Leur gosse, débile, maladif, est à la rue. [...] Amis de l’homme de bonne foi, révolté et vaincu, voulez-vous que nous nous
comptions, aujourd’hui, en venant tous aux secours de Victor-Serge et des Roussakov ? Voulez-vous que nous tentions, ensemble,
d’arracher cette famille à la détresse, au suicide ? Certes, la tâche ne sera pas facile. Les Soviets ne lâcheront pas leur proie [...]. Nous
devons faire entendre notre voix non pas tant en Russie, qu’à Paris, en France. À cette action de sainte justice, doivent s’unir écrivains,
lecteurs, public et même le gouvernement français »...
En bas du dernier feuillet, Istrati s’adresse directement au directeur des
Nouvelles littéraires
: « Lefèvre ! L’heure est dure, pour ceux
qui se meurent en Russie. Prends en mains cette triste affaire ! »...
214.
Max JACOB
(1876-1944).
m
Anuscrit
autographe avec
dessin
,
Le Démon
, [vers
1924] ; 1 page petit in-4 avec ratures et corrections (fentes réparées). 300/400
Brouillon orné du dessin d’un buste d’Homère. Ce poème de 22 lignes présente des
leçons rayées et remplacées, et des indications d’interversion. Il s’inscrit dans la lignée
des
Visions infernales
, recueil de poèmes en prose publié en 1924 :
« L’obscurité est autour des voyages
il a des bras infinis –
il couvre tout comme un nuage
part et revient pour alimenter sa fureur
Il remue ses ailes qui sont les flots
et tout l’horizon s’assombrit
la mer n’est plus qu’un lac pourri »...
215.
Alfred JARRY
(1873-1907). L.A.S. « Alfred Jarry (Alfred-Henri Jarry-Quernest de Contonly d’Orsay) », [vers 1900] ;
1 page oblong in-8.
2 000/2 500




