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66.

AFRIQUE

.

CORRESPONDANCE

. 6 lettres à son père. 5 pp. in-folio et 11 pp. ½ in-4. Quelques

défauts (une lettre en partie déchirée). Adresses au dos avec marques postales. Fort d’Amsterdam de

Cormantin, Fort St George d’Elmina [côte de Guinée, aujourd’hui Ghana], 1769-1770.

Il a bien reçu sa lettre de 1764 et se résout seulement à y répondre. Il souhaite savoir si, comme déserteur, il y a eu

des amnisties qui lui permettraient de rentrer en France. Il se sent coupable de ce long silence et se sent également

abandonné. Aussi, pour se racheter, lui propose-t-il de gagner de l’argent par la vente de quelques esclaves. « Mais

sy vous êtes dans la nécessité,

écrivez une lettre à Bourdeaux ou La Rochelle ou bien à Nantes, et tachez de

trouver quelque capitayne de navire qui veuille se charger en passant icy de deux ou trois captifs pour les

vandre en Amérique et vous raporter le payement, ou sy le capitayne ne veut pas je les luy vandray

ou bien

d’autres marchandises pour une certaine somme qui vous sera payée à La Rochefoucauld […] ». Il avoue avoir un

très grand respect pour les Hollandais et se satisfait de sa situation financière florissante, «

J’ay du pain assuré,

six cents livres d’appointement et la table, franc négoce ; et d’autres profits d’ailleurs qui ne sont pas une

bagatelle

[…].

Je vous ay desja dit que le pays icy est bien dangereux. De 40 Blancs qui viennent d’Europe, il

ne s’en sauve pas 10 ou 12, cependant je m’y porte bien

; il est mort dernièrement un de mes amis qui m’a fait son

héritier de 200 florins qui font 400# de France ; ceux qui meurent icy leurs biens ne va guère en Europe car on en

volle les trois quarts auparavant […] ». Il propose de leur procurer un esclave ou deux. «

J’ay une fille captive qui

est fort jolie et bien spirituelle pour une Noire, elle est un peu au fait de faire la cuisine, qui est fort fidelle ;

sy vous jugez à propos, je vous l’envoyeray. C’est une servante assurée à qui on est pas obligé de payer de

gages, elle peut être agée de 12 années. Marquez moy votre sentiment là dessus, sy vous ettes contant je vous

l’envoyeray et payeray le transport. Dittes à M. Marantain que s’il souhaite avoir un homme ou une femme

noire je luy procureray avec beaucoup de plaisir

[…] ». Eloigné de tout et de tout le monde, il ne reçoit aucune

lettre de sa famille et s’en inquiète au fur et à mesure des siennes. Il pense revenir en France en 1772 ou 1773 dès

qu’il aura amassé suffisamment de fortune. Voyant la mort se répandre autour de lui, il rédige un testament et en

informe son père, lui léguant une somme assez considérable. « La mort est fort rude à souffrir mais elle le seroit

bien plus pour moy dans ce paÿs icy que partout ailleurs par mes réflexions que voicy :

le plus fort de mon bien est

en esclaves ; ils me servent et je les ayme. Sy je sçavois qu’il ne vous parvienne rien du testament, j’aymerais

mieux leur donner franc que de les laisser à des étrangers qui ne m’en auront pas d’obligation ; ce qui me

porte obligation de vous écrire cela, c’est que je ne me porte pas bien et que de 43 blancs qui sont venus avec

moy, il y en a repassé 3 en Europe et 4 qui sont à cette côte et le reste mort

».

JOINT

: la lettre que son père lui adressa de La Rochefoucauld en 1764, 3 pp. in-4, avec adresse au dos « Monsieur

Duclaud dans la compagnye des petites Indes dolande au fort St George de l’Elmina coste de Guynée ». Lui donnant

des nouvelles de sa famille et de ses connaissances à La Rochefoucauld.

2 000 / 3 000 €

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