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70.
SURINAME
. 2 lettres de Guerry Duclaud à ses sœurs, à La Rochefoucauld. 2 pp. in-folio et 3 pp. in-
4, d’une écriture dense. Paramaribo, avril 1773-mars 1774. Adresse, cachet de cire et marque postale
au dos d’une lettre.
N’ayant pas eu de retour de sa précédente lettre, il en écrit une nouvelle six mois plus tard qui contient sensiblement
les mêmes termes, mais avec moins de détails (3 pp. in-4) :
son départ de Guinée après avoir acheté plusieurs
esclaves, son installation à Suriname, la révolte des Noirs
, son souhait de revenir en Europe dès qu’il ne sera plus
considéré comme déserteur, des nouvelles de sa famille, sa « petite entreprise » de « loueur d’esclaves ». « Vous
savez qu’un nouvel établissement est fort couteux et qu’un négociant n’a de crédit qu’à proportion qu’il donne de
contant, c’est pourquoy j’ay employé mes fons pour établir un commerce qui puisse me procurer du pain pour vous et
pour moy […] ».
Un an plus tard, il reçoit enfin des nouvelles de sa famille lui annonçant sa grâce, ce qui le rend fou de joie. Il prend
alors la décision de tout vendre et de rentrer en France.
Il dresse un tableau sombre de la colonie
. « Vos lettres
font déjà bien du remue ménage dans mes affaires, j’ay passé un contrat par lequel je vends tous les meubles de ma
boutique vidés : c’est à dire de grandes armoyres vitrées qui en font tout le tour ainsy que les tables et m’oblige à le
livrer à l’achetteur le premier février 1775 et moyennant la somme de neuf cents florins argent d’Hollande quoy qu’il
me coute à moy quatorze cent f. Vous voyez ce que j’y perds. J’avais contracté la maison où je suis pour cinq ans
mais il m’accorde que celuy qui achette les meubles prendra aussy la maison, il me faut à présent toujours vandre et
ne rien faire venir, pour faire rentrer ce que j’ay dans le livre ;
je n’en seray pas quitte sans faire de grandes pertes
et mes nègres sachant qu’ils vont changer de Maître combien grand sera le pillage, il n’y a point d’argent dans
ce pays icy, on n’y négocie que par lettres de change et à présent que la colonie est en désastre par rapport
aux nègres marons, les lettres des meilleurs habitans sont touttes protestées
car les négociants d’Amsterdam ne
prêtent que sur l’hipotèque des habitants. Ils prennent du caffé pour les intérets mais personne ne veut plus hasarder
parce que
les nègres marons venant sur une habitation ils la ruinent de fond en comble et tout est perdu pour
les payeurs de ces lettres
. Sy par malheur j’adresse à ceux là c’est comme sy je mettais le feu à ma maison. Sy
j’emporte du caffé, je perdray la moytié dessus. Les français en apportent tant de leurs colonies en Hollande qu’il
y est meilleur marché qu’icy. Le port qui coute bien cher et de gros droits qu’il y a à payer pour le sortir de cette
colonie, je prends mes arrangements pour partir d’icy au mois de mars de l’année prochaine […] ». Il envisage alors
sa nouvelle vie dans son pays natal.
600 / 800 €
71.
VENTES D’ESCLAVES
. 2 quittances. Paramaribo, 1773-1774.
- Reçu de la somme de 150 florains « pour un nègre que je luy ay vendu apellé Fortune luy ayant assuré qu’il n’est
hipotéqué à personne […] ».
- Reçu de 500 florins « pour une négresse apellée Coquette marquée […] ».
400 / 600 €
71




