22
67.
DÉPART POUR L’AMÉRIQUE
. Pieter Woortman (1700/1780), directeur général de la Compagnie
néerlandaise des Indes occidentales. Pièce signée. Fort St George d’Elmina (côte de Guinée), 6
septembre 1771. 30 x 42 cm. Beau cachet de cire de la Compagnie des Indes Occidentales. Quelques
défauts.
Très rare passeport délivré et signé par. Pieter Woortman, autorisant Antoine dit Jean Duclaud, sergent de la
Compagnie à se rendre en Amérique.
400 / 600 €
68.
ÉTABLISSEMENT À SURINAM
. 7 documents manuscrits. Paramaribo, 1772-1774. 23 pp. in-folio.
- 2 « notte des dépances faittes pour mon établissement tant en meubles de boutique que commodités dans la
maison ». Rares et très intéressants documents avec détail des matériaux pour construire l’habitation et l’achat du
mobilier + un autre document similaire en néerlandais. 9 pp. in-folio.
- Contrat passé avec le sieur Dupuy, avant de retourner en Europe, lui cédant ses effets, et le bail de sa maison
et sa boutique. « Notte des meubles et réparations que j’ay faitte faire dans cette maison appartenant à Daniel
Scheneman que je promets et m’oblige de livrer au sieur Dupuyx ou à son ordre le premier février 1775 tels qu’ils
seront […] ». Mais le sieur Dupuy ne pouvant honorer son achat, le tout est finalement revendu au sieur Pujol.
Signatures des intéressés et des témoins. 4 pp. in-folio.
- 3 documents en néerlandais : testaments et procurations des intéressés. 10 pp. in-folio.
600 / 800 €
68 bis.
TRANSPORT D’ESCLAVES
. Pièce autographe signée du capitaine Ary van den Pot. Paramaribo,
20 décembre 1771. 1 p. in-8 oblong. En néerlandais.
Quittance de 300 florins « du capitaine Pot pour port de nègres ». Il s’agit du prix payé par Guerry Duclaud pour
amener de Guinée jusqu’à Surinam ses 12 esclaves (dont 2 sont morts durant le voyage).
600 / 800 €
69.
SURINAME
. Longue lettre de Guerry Duclaud à ses sœurs, à La Rochefoucauld. 3 pp. ½ in-folio,
d’une écriture dense. Paramaribo, 20 octobre 1772. Adresse, cachet de cire et marque postale au dos.
Il raconte en détail la suite de son aventure : il pensait retourner en France, mais son statut de déserteur l’en a
dissuadé, et s’est décidé à partir pour l’Amérique. «
J’ay employé ma poudre d’or pour acheter des Nègres et
suis party le 6 8
bre
1771 de la côte de Guynée. Il m’en a couté 100 florins pour ma personne et 60 florins pour
chaque nègre, il m’en est mort 2 de douze, reste dix qui sont arrivés icy bien portant
. Quand à moy j’ay eu
quelques accès de fièvre pendant le voyage puis à peu près le corps rempli de boutons et maigre comme un morceau
de bois. Mais quoique j’eusse à bord du navire la table du capitaine, j’avois eu soin d’embarquer des provisions tant
pour moy que pour mes nègres qui m’ont bien servi, car sy je n’eus eu autre chose que la nourriture du navire, je
croy que l’on m’aurois enterré dans l’eau salée puisque le chirurgien n’avoit seullement pas de médecine et grâce à
Dieu je suis débarqué icy le 11 Xbre 1771 ;
on appelle ce pays icy Suriname du nom de la rivière de Suriname
qui est extrêmement grande, que les navires remontent jusqu’à une colonie appelée Paramaribo, là où je
demeure et m’y suis établi marchand dans la rue de la Compagnie près le port. C’est une fort belle ville bien
bâtie et riche
. Les Français ont leur colonie à trente lieues de là qu’on appelle Caÿaine. Les habitants sont du long
de la rivière, on y cultive le sucre et le caffé.
Chaque habitant a 200 ou 300 nègres et recueillent de gros revenus
mais avec de grands risques. Il arrive des choses bien tristes et de grandes cruautez que commettent plus de
trois ou quatre mille nègres qui sont fugitifs dans les bois qui viennent comme par régiment piller plusieurs
habitations enlevant tous les effets et les nègres assassinent tous les Blancs qui s’y trouvent ; ils inventent
touttes sortes de manières pour les faire mourir à petit feu ; jamais Damiens n’a souffert sy cruel suplice que
ces gens là font souffrir à ceux qui leur tombent entre les mains
. Jugez sy cela est de la dernière conséquence
puisqu’on a envoyé toutte la garnison d’icy pour les prendre sans pouvoir réussir et on force tous les bourgeois de
monter la garde pour deffendre cette colonie. Les magistrats font visiter toutes les maisons pour voir sy chaque
bourgeois est bien armé et sy on n’a pas ce qu’il faut on condamne à de grosses amandes […] ». Il parle longuement
de la famille, des connaissances, de son désir de mariage, du retour de fortune de certains négociants qu’il a connus,
du coût et des difficultés de ses affaires, « l’entretien de mes 10 nègres », précisant que «
je n’ay à la maison que
6 nègres, 4 filles et 2 hommes , j’en ay 2 qui sont loués à un capitaine de navire qui gagne chacun 24 sols par
jour, 2 qui sont chez un maitre charpentier pour 2 ans sans en retirer un sol bien au contraire, je paye 100
florins par tête pour chaque
[…] ».
600 / 800 €




