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128 MALRAUX (André) écrivain et homme politique français (1901-1976). 3 fragments de manuscrit (sans lieu ni

date), 3 pages grand in-4, ratures et corrections : Réflexions sur l’art.

1 500/2 000

1) « Ce n’est pas l’artiste qui réduit le monde à sa signification, mais le style ; c’est à dire que le monde ne se réduit pas

au hasard, que la fatalité d’une époque prend un air de fraternité, et que si nous voyons mal celle de notre temps c’est

que « pour voir son aquarium, il vaut mieux n’être pas poisson ». Et puis, il y a deux sortes de styles : ceux qui expriment

une civilisation cohérente (tous les grands styles religieux) et celui qui exprime une protestation : il y a des styles du

XIX

e

siècle. Il n’y a pas le style du XIX

e

siècle au sens où il y a le style roman… Mais à quelques époques que ce soit,

si l’artiste est soumis à la signification du monde, celle-ci ne s’exprime que par la forme particulière que l’artiste lui

donne. Van Gogh est quasi contemporain de Seurat et de Promeneur, Cézanne, de Manet, Renoir et Rodin ; Delacroix,

d’Ingres et Corot ; Chardin de Fragonard ; Rembrandt, de Vermeer ; Poussin de Le Nain… Michel-Ange, de Léonard

Botticelli de l’Angelico ; On peut continuer… »

2) « Les artistes romans nous semblent singulièrement parents, et nos contemporains singulièrement distincts. Mais le

sculpteur de Plaimpied est-il tellement parent du maître de Moissac, celui-ci du maitre de Vézelay ? Ils ne sont pas de

la même école, de la même province ; le maître de Vézelay est-il si proche de Gilbert d’Autun ? N’y a-t-il pas entre les

sculpteurs de Toulouse, celui de Moissac, celui de Beaulieu et l’énigmatique personnage qui commence à surgir sous le

nom du maître de Cabestany, autant de… qu’entre Matisse, Rouault et Picasso ? Il semble que non. Et pourtant…

Lorsque l’on passe du Louvre au Musée d’Art Moderne, et d’un album du XIX

e

à un album du XX

e

, comme notre art,

soudain, fait bloc ! La troisième dimension a plus ou moins disparu ; avec elle la transparence, les glacis, les vieux

prestiges de la peinture… Les fééries de Chagall ne sont ni les fleurs de Matisse, ni les Christs de Rouault, ni les

crispations de Picasso, mais que toutes ces toiles seraient parentes par le style, pour un fantôme romain curieux de

peinture ! ».

3) Texte traitant du Gréco et de son style.

« Ce profane est accident, et presque malaise. Pourtant il y a deux styles du Greco, celui qui s’imposera à l’« école » à

tous ces tableaux qu’on lui attribua si longtemps ; l’autre auquel les Anges musiciens ne sont pas étrangers qui aboutit

à l’Adoration des bergers, - et les deux s’unissant dans La Visitation. Et quand le Greco daigne de nouveau regarder le

visage humain, ils se conjuguent comme dans la Visitation. Dans la solitude qu’avait lentement édifiée cet hidalgo

bonhomme autour de son jardin brûlé,… avait toujours pénétré le visage des hommes, et de quelques femmes. Nous

regardons ses dernières figures comme un testament car la mort donne à toutes les dernières œuvres sa perspective

fuyante et illusoire, elles ne nous enseignent rien de plus que le fameux paysage de Tolède dans l’orage (pourquoi sous

l’orage ? c’est le ciel constant du Greco, celui de la crucifixion du Louvre). Il avait d’abord, placé des donateurs sous

ses Christs ; puis, d’un seul côté du crucifié, de l’autre, apparut Tolède, puis les donateurs disparurent, enfin, le Christ.

Tolède resta seule dans le paysage illustre aujourd’hui au Metropolitan, - le premier paysage transfiguré de l’Occident…

Tant d’années et d’efforts, de solitude et de gloire, pour, des crucifixions et d’un portulan épique, fait surgir sa

ville ! … ».

129 MANN (Thomas) (1875-1955) – MANN (Heinrich) (1871-1950) frère du précédent, écrivains allemands.

2 documents autographes.

800/1 000

Thomas Mann :

1) Manuscrit autographe signé en allemand mai 1950, 1 p. in-8 (traduction jointe): A la question quel

serait le mot de conclusion de sa vie, Mann répond : Celui qui a passé 75 ans ici bas sait ce que signifie la grâce du temps

et de son patient accomplissement… au moment de disparaître en son sein il souhaite à l’humanité qui, elle, reste dans

la lumière de ne connaitre ni la misère ni l’abêtissement mais au contraire la paix et la joie (conclusion de son discours

à la Sorbonne 11 mai 1950) ; 2)

3 lettres

dactylographiées signées à l’éditeur Pierre Quint du 8 novembre 1926 au

2 janvier 1927, 5 p. in-4, en allemand.

Heinrich Mann :

1) Réponse autographe signée à un questionnaire, Nice 10 mars 1930, 2/3 p. in-4 : « Mes débuts

littéraires ont été difficiles … J’ai mis 15 ans à conquérir un public nombreux… J’avais de très petites rentes qui

m’aidaient pourtant à écrire des livres qui devaient rester longtemps sans succès matériels. Lorsqu’ils commençaient à

me rapporter davantage, c’était l’époque de l’inflation… mes rentes étaient tombées à rien. Mon ouvrage le plus connu

est certainement « Sujet »… Je préfère « Mère Marie » traduit en français. ». 2) sa maxime en allemand ; 3)

4 Lettres

dactylographiées signées avec : 1 post scriptum autographe, Munich 16 février à 19 novembre 1926, 6 p. 1/2 in-4, en

allemand.

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