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228 ZWEIG (Stefan) écrivain autrichien (1881- se suicida en février 1942). Ensemble adressé au libraire éditeur,

fondateur des Editions du Sagittaire Simon Kra lettre autographe signée en français, et 9 lettres signées en allemand

avec 1 post scriptum et quelques lignes en français, 1926-1928, 13 pages 1/2 in-4, 2 lettres autographes signées :

1914, 2 pages in-8 en allemand, papier à en-tête de ses initiales et à son adresse ; 1926, 1 page 1/2 in-4 en français.

4 000/5 000

Stefan Zweig possédait une des plus grandes collections européennes d’autographes d’écrivains et musiciens ; Des

travaux ont été effectués pour la reconstituer, au moins sur catalogue, telle qu’en l’état lors de son départ d’Autriche :

(Oliver Matuschek : Stefan Zweigs Aufsätze über das Sammeln von Handschriften), une partie a été vendue, l’autre a

été donnée à des organismes : Fondation Bodmer (Suisse) et British Library (Londres).

Intéressante correspondance relative à ses achats et ses réflexions sur le marché des autographes :

Vienne mai 1914 :

Zweig lui donne un ordre d’achat pour un manuscrit de Desbordes Valmore : « Les pleurs », et lui

demande la plus grande discrétion ;

12 février 1926 :

« Les prix dans la première vente Lang sont formidables ! Je paye

plus pour un Barbey d’Aurevilly ou pour un Courteline que pour un Baudelaire ou un Balzac, quelle folie !! On paye

trop haut a mon avis les vivants a Paris, les gens à la mode, et on néglige ceux qui survivront. Chez nous absolument le

contraire. J’ai acheté à la seconde vente par Charavay (qui était si aimable de partager le lot pour moi) la grande ode de

Jean Baptiste Rousseau pour 350 francs- et un poème de Gide atteignait, aussi avec 8 pages 1900 !! Comparez la rareté

de Jean Baptiste Rousseau et celle des manuscrits de Gide (j’en possède un très beau) et vous me donnerez raison. C’est

une mode qui passera comme tant d’autres ont passées… ».

20 janvier 1927 :

Il le remercie pour l’envoi des livres et

demande la facture. Il ajoute en post scriptum : « Je n’ai pas encore trouvé quelque chose de beau pour votre vente :

aujourd’hui on m’offrait un Rafael et Michelange (un peu douteux, donc je refusais) j’ai beaucoup à faire… une

correspondance qui m’étouffe… mon livre « Verwirrung a battu le record cette année… et les autres marchent aussi

bien… Mais je me sens un peu fatigué, je ne suis pas si jeune que vous, l’infatigable… » ;

4 février 1927 :

il se réjouit

des belles acquisitions qu’il a faites dans une vente, et lui souhaite le meilleur pour sa vente il a eu une réponse de

Bonnet qui s’intéresse aux nouveaux marchands et collectionneurs, il n’est pas intéressé par une lettre de Rétif car il

possède déjà un manuscrit. Il espère venir à Paris visiter la ville et voir quelques amis très chers ; Il ajoute en français :

« Maxime Gorki a écrit une admirable préface pour l’édition complète de mes œuvres en Russe… » ;

6 mai 1927 :

Il remercie de sa carte et de son catalogue. Le Gassendi du catalogue Heyer n’était pas autographe il a été retiré. Il a trouvé

un morceau de Haydn dans le même catalogue qui provenait du fils du copiste de Haydn, la prudence de Kra a été

injuste, mais il vaut mieux être prudent ; Il lui demande de rechercher le livre d’André Suarès « Tolstoï vivant » qu’il a

vu dans les cahiers de la quinzaine ;

15 septembre 1927 :

C’est avec une grande joie qu’il a eu de ses nouvelles. Il

espère que l’adaptation de Volpone par Romain Rolland sera accueillie favorablement, il travaille à un essai sur Tolstoï

qui pourrait être traduit en français, cela va l’occuper jusqu’à la fin octobre. Son vœu a été exaucé pour le beau poème

de Baudelaire ; la vente de musique à Berlin va empiéter dangereusement sa cassette ; Il a discuté à Vienne avec Henrici

qui pense que dans quelques années les belles pièces d’Haendel disparaitront complètement car elles vont dans les

collections publiques. Il ne faut pas faire attention au prix et rapatrier le meilleur. L’expérience montre qu’on achète

jamais trop cher de belles pièces. Il se réjouit de venir à Paris les voir ;

5 novembre 1927 :

Il va s’absenter 3 ou 4

semaines pour faire des conférences en Allemagne. Il est fier de sa documentation complète sur les autographes, il a

beaucoup de travail, il prépare un livre d’essai ; il va venir à Paris où « Volpone » l’appelle. (Volpone : comédie en

3 actes de Zweig jouée dès 1925, adaptation de la pièce de Ben Jonson en 1606) ;

28 décembre 1927 :

Il se réjouit de

voir que sa maison d’édition a une réputation internationale en littérature. Il parle ensuite du prix des autographes :

Henri Brulard à 600f est trop cher. Il a beaucoup acheté cette année et le remercie de la collection qu’il lui a obtenue et

à bon prix. Il s’occupera peut-être de la vente des lettres de Madame Roland qui réduira sa dette. Il parle de Romain

Rolland qui a acheté un bel autographe de Goethe et qui va devenir un collègue en autographes ;

18 février 1928 :

La

France est vraiment inépuisable pour les collectionneurs, il a vu dans des catalogues des décrets contre Charlotte Corday,

contre les girondins, des pièces très importantes de l’histoire de la grande révolution, En Allemagne tout est organisé,

enregistré. On sait pour chaque document important où il est et à qui il appartient. Il a acheté une très belle ode de Jean

baptiste Rousseau non pas en Allemagne mais chez Charavay ;

27 avril 1928 :

Il a été incroyablement surpris de recevoir

ce poème de Goethe si bon marché, puis il parle d’une collection provenant de la famille du comte O Donnel qui détient

des lettres, des poèmes, des dessins de Goethe, provenant de l’arrière grand père du propriétaire actuel, il a des pièces

magnifiques de Schiller, Goethe, d’empereurs et de rois. Il y a également 40 lettres du grand père du comte à madame

de Staël, son dernier amour, il pense qu’il vaut mieux les vendre en vente publique à Paris où elles pourraient valoir 15000

francs, il lui demande son avis sur le prix de cette correspondance, Il va leur envoyer son nouveau livre ;

23 mai 1928 :

il parle de la santé de Suzanne Kra, il sait combien son père y est attaché. Puis il parle de sa collection qui s’est un peu

agrandie ces derniers temps. Il a tellement acheté ces deux dernières années qu’il doit attendre. La plupart des grands

noms sont représentés et des morceaux précieux comme ceux présentés dans le magnifique catalogue de Maggs. Il ne

faut pas rêver, les européens doivent capituler devant l’Amérique.