22. COCTEAu (Jean). D
ESSINS ORIGINAuX POuR
T
HOMAS L
’I
MPOSTEUR
. P
LAN D
’
O
RPHÉE
. Manuscrit autographe
[août 1925-novembre 1926], orné de nombreux
DESSINS ORIGINAuX
(certains repris à la plume et mis en cou-
leurs). In-8 (204 x 132 mm) broché, chemise demi-maroquin rouge à bandes et rabats, étui bordé.
⊕
20 000 / 25 000 €
T
RèS PRéCIEuX CARNET INéDIT
de 135 feuillets (186 pages sont remplies), comportant environ 42
DESSINS ORIGINAuX Au
CRAYON Ou A LA PLuME
.
Ce volume fut composé, pour sa première partie tout au moins (p. 1 à 131), d’août à octobre 1925, à l’hôtel Welcome à
Villefranche-sur-Mer (voir datation p. 131). Plus loin dans le carnet, on trouve un autre cartouche dessiné, portant le titre
Objets dramatiques et dessins d’Orphée
, qui donne les dates d’août-novembre 1926 (p. 196).
L
ES DESSINS LES PLuS INTéRESSANTS
, tant par leur qualité que par leur diversité :
- p. 5 à 25 : 10 esquisses pour l’édition illustrée de
Thomas l’imposteur
(qui paraîtra chez Gallimard en 1927 après l’édition
originale de 1923). Parmi ces dessins, de la simple esquisse au dessin achevé, on remarque que le visage de Thomas est
celui de Jean Bourgoint, qui passa quelques jours à Villefranche en 1925.
- pages 30-31, 103, 114, 116, 124 : fumeurs d’opium. Après sa cure de désintoxication que Maritain l’avait poussé à
entreprendre en mars-avril 1925, Cocteau cesse de fumer pendant cinq mois avant de revenir à l’opium, peut-être en
compagnie de Bourgoint.
- p. 90, 93, 97, 99, 101, 103, 112, 116, 169, 231, 236, 250, 256, 257 : études de visages, bustes. à cette période, la statuaire
grecque s’introduit dans la mythologie de Cocteau, d’abord dans le graphisme, si l’on en croit le présent carnet, puis dans
les poèmes.
- p. 98 : personnage grec sur fond de temple. En cet été 1925, Cocteau travaille sur le thème d’Œdipe : le 2 octobre, Stravinsky
lui écrit pour lui parler d’
Œdipe-Rex
.
- p. 107 : profils se détachant dans une main ouverte. Ce dessin annonce une des premières images du
Sang d’un poète
, film
tourné en 1930, où l’on voit une bouche qui parle et respire dans la main du poète. Sur la p. 105, il avait commencé une
autre main ; on trouve encore des mains jointes p. 113.
- p. 109 : jambe dont le pied écrase un personnage couché. Ce dessin annonce le style des dessins d’
Opium
.
- p. 134-145 : dessins autour de la pièce
Orphée
. un dessin de tête détachée du tronc (p. 136), est une première représentation
de ce genre qui se retrouvera plus tard dans
Orphée
. La trouvaille de la tête qui parle, séparée du corps, est souvent exploitée
ici (voir aussi p. 146-147).
- p. 149 : projet d’affiche ou de couverture pour
Le Grand écart
. Ce dessin devient (p. 230) enseigne pour le bar que Louis
Moysès va ouvrir sous ce nom.
- p. 170 : projet de collage intitulé
Roméo
.
- p.175-176 : deux marins attablés à une terrasse de café. Très belle composition au crayon occupant l’entière double page.
- p. 188-189 : rideau de théâtre, cinq bustes sur une carpette.
- p. 192 : homme-mannequin avec un pied sur une colonne.
- p. 197 : Christian Bérard, portrait.
Plusieurs de ces dessins sont rehaussés, au pastel ou à la plume.
à ce fourmillement de dessins, se mêlent de nombreux textes manuscrits, esquisses de poèmes ou autres, la plupart au
crayon. On notera notamment un important plan pour
Orphée
, des esquisses qui seront reprises dans
Opéra
,
La Machine
infernale
, le
Sang d’un Poète
, etc. Il est impossible de retranscrire intégralement ces nombreuses pièces ; nous en exposons
globalement la répartition :
- p. 1. : titre manuscrit, avec citation
regarde-toi toute ta vie dans une glace et tu verras la mort travailler comme des abeilles
dans une ruche de verre
.
- p. 32-91 :
Plan d’Orphée écrit en barque, Septembre 1925, sur la rade de Villefranche
. Ce plan très précis sera suivi
minutieusement par Cocteau au moment de la rédaction définitive du texte. Certaines parties, comme par exemple la prière
de la fin de la pièce, sont d’ailleurs presque rédigées. On observe également des variantes : dans la version définitive de la
scène XII, la tête d’Orphée décline l’identité de Cocteau, sans indiquer la date de naissance ; ici, elle est mentionnée, mais
erronément : 1892, au lieu de 1889 (certaines notices biographiques de Cocteau indiquent cette date de 1892 ; on peut penser
qu’à cette époque, le poète se rajeunissait de trois ans).
- p. 94-95 : brouillon d’une
Dédicace à Gérard de Bertier de Sauvigny
. Installés près de Nice, les deux frères Bertier de
Sauvigny rendent souvent visite à Cocteau à l’hôtel Welcome et, avec leur voiture, incitent le poète à quitter sa chambre.
- p. 110-198 : ces 88 pages comportent de très nombreuses esquisses inédites, dont plusieurs de poèmes :
un acteur
d’Euripide
,
Pièges de fleurs
,
Le Théâtre de Jean Cocteau
(esquisse première du poème d’
Opéra
),
Œdipe illustre le péan...
,
Un orgue en femme se déguise…
,
Train musical
,
Le bleu de méthylène
(qui deviendra
A l’ancre bleue
),
Le bain des héros
,
Un bel ange vint
(publié dans
Faire-part
), etc.
- p. 119-123 : note sur
Les Costumes d’Orphée
(
je tiens à ce qu’on sache que les costumes d’Orphée doivent être de mon
époque dans le même
[esprit ?]
où ceux des personnages étaient Louis XIV.
p. 194 et 195 : les calembours de ces deux pages donneront naissance aux paroles oraculeuses d’Athéna dans le poème
d’
Opéra
, “
L’Oracle
”, dont ces pages peuvent être considérées comme l’esquisse.
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