24. DE GAuLLE (Charles).
Q
UELQUES IDÉES
.
B
ROuILLON MANuSCRIT AuTOGRAPHE
, [1953], 5 pages sur 3 feuillets in-4
(210 x 270 mm) à l’encre noire sur papier à en-tête “Le Général De Gaulle”, sous chemise demi-maroquin
noir moderne.
4 000 / 6 000 €
D
E
G
AuLLE FAIT LE PROCèS DE LA
q
uATRIèME
R
éPuBLIquE ET PROPOSE uNE RéFORME POLITIquE
.
M
ANuSCRIT DE PREMIER JET
, comprenant de très nombreuses ratures et corrections.
De Gaulle dresse un bilan extrêmement sévère de la quatrième République :
le régime des partis
n’a abouti qu’à affaiblir
dangereusement la France, aussi bien sur le plan intérieur que dans le monde.
Nous sommes en janvier 1953, De Gaulle, qui avait démissionné en 1946, se trouve en pleine “traversée du désert”. Les élections
viennent d’amener un gouvernement présidé par René Mayer, le dix-septième de la quatrième République. Le cabinet René
Mayer démissionnera au bout de quatre mois et demi, en mai 1953, justifiant les craintes exprimées ici par De Gaulle.
Il constate tristement le résultat des élections
faites sous le signe de l’apparentement des partis. Pour forcer la répugnance,
trop explicable ! des électeurs, on invoquait la nécessité d’avoir enfin une “majorité” qui en soit une, un “gouvernement”
qui en soit un. Conséquence : une crise ministérielle, très grave, celle-là
[…]
car elle est l’aveu officiel de la carence
organique du pouvoir. Trois premiers ministres pressentis ont refusé, invoquant des raisons diverses, mais qui toutes
signifient : impuissance. Voici, devant nous, le quatrième.
Il considère hélas que René Mayer n’a pas de
programme susceptible de réunir une majorité réelle, c’est-à-dire compacte
et résolue
[…]
les électeurs qui se sont laissé duper
[…]
qu’ils mesurent maintenant l’escroquerie politique dont eux-mêmes
et le pays sont victimes !
Le pouvoir d’achat ? Il faudrait accroître la productivité
par l’association substituée à la lutte des classes.
quant
à la question scolaire, elle recouvre en fait le problème de
l’éducation :
C’est le progrès de l’éducation de la jeunesse
française qu’il faut vouloir et favoriser. Ce sont les
éducateurs, non les instructeurs, qu’il faut faire aider par
les familles responsables de leur choix.
Puis vient la réforme de la Constitution, soulignant la
malfaçon
de celle en vigueur :
Mais croit-on la réparer
au moyen des infimes corrections qu’on nous propose ?
C’est le système lui-même qui est à changer. C’est la
séparation des pouvoirs et leur équilibre qu’il faut, comme
nous le voulons, nous, instituer aux lieu et place de cette
confusion de tout à la discrétion des partis qui ont étouffé
la République.
Sur le plan international, il déplore
ce lamentable et
dangereux effacement de la France. C’est cette matière
surtout, — la plus grave de toutes, — qui exige des pouvoirs
publics capables de dégager l’intérêt national et de le faire
passer au-dessus de toutes les clientèles et intérêts
particuliers. C’est cela que nous voulons, nous, en
contradiction complète avec le système exclusif des partis.
Il s’adresse enfin directement à René Mayer :
Vous valez
mieux que cela… Vous avez été associé à de grandes
choses, à de vastes réalisations. Pourquoi donc vous
enfoncer maintenant dans les sables d’un système
périmé…Que n’entendez-vous la voix que vous connaissez
bien et qui appelle les hommes valables à s’assembler
encore une fois par-dessus les clans et les partis.
Et il conclut :
Mais pourquoi perdre le temps et gaspiller
les chances de la France ?
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Charles DE GAULLE
(1890-1970)
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