21. COCTEAu (Jean). D
ESSINS ORIGINAuX POuR
L
E
G
RAND ÉCART
[probablement septembre 1925]. Carnet
de 28 dessins originaux au crayon et à l’encre, dont un avec rehauts de crayon de couleurs, format grand
in-4 (260 x 340 mm), couverture cartonnée portant le titre “
Le Grand écart / Esquisses
”, timbre humide
“Canson & Montgolfier”, chemise demi-maroquin, étui.
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20 000 / 30 000 €
Après une première édition en 1923,
Le Grand écart
en connut une seconde en 1926, illustrée de 22 dessins. Au milieu du
mois de septembre 1925, Cocteau écrit à une amie : “J’ai entrepris les illustrations de
Thomas
et du
Grand écart
. Ce n’est
pas une petite affaire. Je couvre des albums et des dos d’enveloppes. Je calque et je déchire nuit et jour”. Il les a finis avant
la fin du mois, puisqu’alors il écrit encore : “Je travaille. Si j’arrive à faire tout ce que je veux je n’aurai pas perdu mes
vacances. Mais y arriverai-je ? Tout de même j’ai fini les illustrations de
Thomas
et du
Grand écart
.” Les dessins originaux
qui servirent à l’édition furent joints au premier des 470 exemplaires (n° 1, sur Chine).
On reconnaît aisément 21 des 22 dessins de l’édition illustrée. Les voici identifiés, avec les titres que leur donna Cocteau
dans l’édition (la pagination renvoie à leur publication dans les
Œuvres romanesques complètes
, Pléiade) :
f. 1.
Osiris et
Germaine
(p. 355) ;
f. 2.
Le terrible Anglais du tour du monde
(p. 362) ;
f. 3.
Le rêve
(p. 365) ;
f. 4.
La boutique de Lock
(p. 363) ;
f. 5.
Prestige des hôtels
(p. 348) ;
f. 6.
Ce n’était pas un hôpital, cette chambre
(p. 366) ; le dessin du f. 27 est une
esquisse probable de ce même dessin ;
f. 7.
Dante et Virgile
(p. 361) ;
f. 8.
Reines d’Egypte
(p. 358) ;
f. 9.
C’était l’ange de
la mort qui accomplissait son œuvre
(p. 368) ;
f. 10
.
Mme Bertin, son esprit dérangé par le désir
(p. 351) ;
f. 11.
Peticopain
fond en larmes
(p. 349) ;
f. 12.
Les cigales glacées de la drogue
(p. 353) ;
ff. 13 et 14
.
Il y trouve les deux femmes
(p. 367).
Le dessin f. 13 est une ébauche de la tête du même personnage ;
ff. 15, 16 et 17.
3 ébauches du même dessin :
… le regard
des jeunes filles qui soignent les fous dans les hôpitaux
(p. 356) ;
ff. 18 et 22
.
Louise était plus connue que ses danses
(p. 352) ;
f. 19.
L’Eventail de Mme Rateau
(p. 559) ;
f. 20
: personnage contre un piano (non identifié) ;
f. 21.
Moi, oui les
enfants ! Moi
(p. 557) ;
f. 23.
La partie se présentait inégale
(p. 354) ;
f. 24.
Les mains abandonnées
(p. 364) ;
f. 25.
Homme
assis de profil, peut-être
La règle chez les Maricelles
(p. 350) ;
f. 26.
[Marin buveur] ;
f. 27.
Probable esquisse
Ce n’était
pas un hôpital, cette chambre
(p. 366) ;
f. 31 r°.
Esquisse d’une dame (
Louise était plus connue que ses danses
?).
Le premier dessin de l’édition,
Jacques se regarde, il s’inflige ce spectacle
(p. 347) a dû être ajouté après par l’artiste.
Ces dessins d’une grande virtuosité démontrent parfaitement le talent de dessinateur de l’écrivain. Très spontanés, des
dessins à la mine de plomb furent tracés rapidement, avant que les contours ne soient affirmés d’un trait à l’encre de Chine.
Les effets sont variés : tantôt Cocteau estompe un des dessins au crayon de couleur (f. 3), tantôt il rend le volume par des
traits hachurés à la plume. Certaines scènes ont été reprises et présentent différentes variantes.
q
uATRE BROuILLONS DE LETTRES
. Sur le premier feuillet, figurent deux brouillons de billets, le premier adressé à Gaston
Gallimard à propos de l’édition illustrée de
Thomas l’imposteur
qu’il en visage en même temps que celle du
Grand écart
et qui paraîtra en 1927 à la N.R.F. :
Cher Gaston
Quelles seraient les conditions si [je] vous illustre moi-
même Thomas, voudrait savoir avant entreprendre gros
travail. Vives amitiés, Je
[an]. à la fin du carnet (f. 30),
on lit deux lettres adressées à une poétesse qui lui a
soumis ses manuscrits :
j’ai eu bien peur de regarder
les poèmes — car je n’ai jamais pu écrire une ligne que
je ne pense pas. Vous l’êtes.
Plus bas, il lui donne des
conseils pour se faire éditer :
Vous êtes un poète —
il n’y a pas de grands poètes, ni de bons poètes, ni
de mau
[vais]
poète, etc… il n’y a d’être poète ou
pas poète
. […]
Les éditeurs sont fous. Allez voir
Delamain et Bouttelleau de ma part et montrez-leu vos
pièces
. Il lui refuse une préface (
parce que je refuse aux
amis
). Il termine par ce terrible paradoxe :
D
[e]
p
[uis]
12 ans j’habite la mort
.
E
XCEPTIONNEL ENSEMBLE DE DESSINS DE
C
OCTEAu
.
Nous remercions Mme Annie Guédras d’avoir
confirmé l’authenticité des dessins.
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