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vin. Il n’a jamais remué la bouteille
. à propos de sa jeunesse à Montmartre et de l’influence de Wagner :
Satie fut le seul à sortir
sans dommages de cette brume qui égare même Chabrier...
Anecdotes : “
Wagner eût-il écrit cet accord ?”, demandait Péladan
sévèrement à Satie qui lui limait une sonnerie de trompes pour la Rose-Croix. “Certes”, répondait-il, sachant bien que non et riant
derrière son binocle..
. Satie, faisant la connaissance de Debussy, lui déclara :
“Croyez-moi... assez de Wagner. C’est beau, mais ce
n’est pas de chez nous.
” Cocteau avertit le public :
Je vais citer une phrase de Satie qui m’a été dite par Debussy et qui décida de
l’esthétique de Pelléas. “ Il faudrait —dit-il —que l’orchestre ne grimace pas quand un personnage entre en scène. Regardez. Est-
ce que les arbres du décor grimacent ? Il faudrait faire un décor musical
”
.
Evocation de Satie en 1909 :
De temps à autre, il apporte
à Ricardo Viñes une petit morceau de piano. En manière d’excuse, il l’habille d’un titre farce, d’un titre ridicule... Même, un jour,
Satie, ayant composé la musique la plus exquise, l’intitule : AIRS A FAIRE FUIR... Maintenant, Satie n’a plus besoin de farces
:
il
a fait Parade
,
Socrate
,
Nocturnes
,
Paul et Virginie, sur un livret de Raymond Radiguet et de moi
.
Suit un long passage (biffé) sur
Le Sacre du Printemps
et Picasso, transcrit de son livre
Le Coq et l’Arlequin.
Conclusion :
Satie apporte une simplicité neuve, enrichie de tous les raffinements qui précèdent
[…]
Un “maître” est presque toujours
un papier à mouches. Satie chasse les mouches
.
Les jeunes musiciens l’appellent “Le bon maître”
.
Au dos du second plat, figure une
LETTRE AuTOGRAPHE à
L
EIGH
H
ENRY
,
21 Septembre 1921
, pour accompagner l’envoi de sa
conférence :
Voici le texte. J’ai la phobie des fautes. Je compte sur vous pour m’envoyer des épreuves avant de faire paraître.
Merci d’avance. Jean Cocteau
. La lettre est accompagnée d’un
POèME AuTOGRAPHE
. évoquant une poésie
mal ponctuée
, il en
transcrit
une autre, inédite
, qui
existe chantée avec petit orchestre par Darius Milhaud
:
Miss Aérogyne, femme volante
:
Pigeon
vole ! Aérogyne.
/
Elle ment avec son corps
/
Mieux que l’esprit n’imagine
/
Les mensonges du décor.
(8 vers en tout). Cette poésie,
d’abord parue dans
Fanfare
(n° 3), sera reprise dans
Vocabulaire
(Œuvre poétique complète, Pléiade, p. 303).
B
RILLANTE éVOCATION DE L
’
AuTEuR DE LAMuSIquE DE
P
ARADE
,
COMPOSéE PAR
S
ATIE SuR uNARGuMENT DE
C
OCTEAu ET CRééE EN
1917.
Jean Cocteau,
Écrits sur la musique
, éd. D. Gullentops et M. Haine, Paris, Vrin, 2016, p. 170-176 et 265-271 ; ce manuscrit
publié dans
Fanfare
y est mentionné, mais les éditeurs n’avaient pas pu le localiser.
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