joue de pêche. Elles lui poussent comme des violettes, des fraises des bois
, et d’évoquer la mutuelle inspiration qui les pousse
l’un et l’autre à écrire des poèmes :
Mon énorme poème fait écrire à Bébé des pièces de vers plus longues et ses pièces de
vers fleurissent mon poème un peu nu. Nous nous amusons à mettre Vénus dans toutes les postures et la surprise du soir
consiste à se montrer la nouvelle découverte quant aux mystères de sa naissance et de ses métamorphoses
[24 mars 1921].
En août, il est question des costumes pour les
Mariés de la tour Eiffel
[29 août 1921], et du
Diable au corps
que rédige Bébé
(
Radiguet a déjà écrit 120 pages d’un roman qui ne peut, selon moi, se comparer qu’aux Contemporains où à la Princesse
de Clèves
), tandis que lui-même écrit
une sorte de livre
qu’il intitulera
Le secret professionnel
. Plus tard, leurs rapports se
distendent, il s’excuse de son silence :
J’écrivais un nouveau livre, Thomas l’imposteur. J’ai fini
, tandis qu’il continue sur
Radiguet :
le roman de Radiguet est une merveille de fraîcheur et de profondeur comme la rose
[27 octobre 1922].
La correspondance s’interrompt en décembre 1922, avant que ne commence ce qu’éléonore Antzenberger a appelé “Le
chant du cygne” : même si elle fera encore les costumes de
Roméo et Juliette
en 1924, Valentine s’éloignera peu à peu de
Cocteau en même temps qu’elle se séparera de Jean Hugo : elle rejoint les surréalistes, aura une liaison avec éluard, puis
avec Breton.
D
ESSINS ET LETTRES ILLuSTRéS
. Cet ensemble est enrichi de 8 dessins originaux, en plus de quelques cœurs et autres ornements
qui parsèment ces pages :
- P
ORTRAIT DE
V
ALENTINE
H
uGO
. Mine de plomb, signé et daté
juin 1922
, monté en tête du volume.
- C
OMPOSITION CuBISTE
. Cocteau a illustré sa lettre du
12 mai 1916
, dans laquelle il demande des nouvelles de La Fresnaye,
d’un étonnant dessin cubiste, ainsi légendé :
ceci petite esquisse, vue d’une table où j’écris avec lieutenant lettre à sa
promise
.
- B
uVEuRS SuR uNE TERRASSE
, 2 dessins, sur la lettre du
30 mars 1921
.
- C
uLS DE LAMPES
. Amusant dessin érotique sur un papier à lettre en forme d’énorme pénis [8 avril 1921].
- D
ESSIN éROTIquE
, intitulé
Frontispice pour l’œuvre complète de Mr Radiguet
accompagne un poème,
Du chien d’Alcibiade
,
sur une lettre à Jean Hugo du 11 avril 1921.
- P
ERSONNAGE MAROCAIN EN FRAC
, sous forme de scénario-calligramme, dans une lettre très amusante du 2 juillet 1922, qui
contient aussi un C
HIENT PISSANT CONTRE uN MuR
.
- E
NVELOPPE
, qu’il dessine le 22 août pour montrer le modèle que Valentine Hugo doit lui acheter en grand nombre pour
envoyer le
Secret professionnel
.
Voir éléonore Antzenberger, “Valentine Hugo–Jean Cocteau. Au temps des
Zugos
”, in
Cahiers Jean Cocteau
, t. 10-11,
“Les amis de Jean Cocteau”, p. 53-80.
E
NSEMBLE INéDIT
,
CAPITAL POuR LA COMPRéHENSION DE LA PéRIODE LA PLuS CRéATIVE DE
C
OCTEAu
.
Nous remercions Mme Annie Guédras d’avoir confirmé l’authenticité des dessins.
18. COCTEAu (Jean). C
ONFéRENCE SuR
E
RIK
S
ATIE
. M
ANuSCRIT AuTOGRAPHE SIGNé
, [1921], 14 pages dans un
cahier grand in-4 (303 x 230 mm), avec titre autographe sur le premier plat. Relié en un volume grand in-4
bradel demi-maroquin noir, plats de plexiglas, titre au palladium, étui (
Mercher
).
6 000 / 8 000 €
P
RéCIEuX TéMOIGNAGE DE L
’
ADMIRATION quE VOuAIT
C
OCTEAu à
E
RIK
S
ATIE
.
Ainsi que le précise l’écrivain à la dernière page,
Cette conférence qui devait précéder le festival Erik Satie le 12 avril 1921
à Bruxelles, ne put être faite, l’auteur étant malade
(encore assez méconnu à cette époque, Satie mourra en 1925). En réalité,
Cocteau avait déjà prononcé à Bruxelles, le 19 décembre 1919, une conférence sur Satie, qui fut publiée dans
Action
(mars
1920), suivie d’une deuxième, lue à Paris le 6 juin 1920, dont la
Revue musicale
publiera des extraits (mars 1924). Ce cahier
de travail nous livre le texte révisé de cette conférence de Bruxelles tel qu’il l’a retravaillé ensuite pour Leigh Hunt, directeur
de la revue musicale anglaise
Fanfare
. Certains passages sont biffés, d’autres (dont trois morceaux imprimés sont des extraits
d’
Action
, découpés et collés) comportent des ratures et corrections ; une fin nouvelle est ajoutée à la main. Comme l’écrivain
l’a précisé, puis biffé, sur la couverture, il s’agit ici d’une
2
e
version
de la conférence, qui sera publiée — traduite en anglais
— dans
Fanfare
en 1921 (15 octobre 1921, n° 2).
En préambule, Cocteau s’attache à définir
l’esprit nouveau
, qui déroute tant les critiques :
on pourrait dire que l’esprit
nouveau, à toutes les époques, est la plus haute forme de l’Esprit de contradiction.
Il en vient à son sujet :
Je voulais vous
parler d’abord d’un jeune homme de cinquante-six ans. Ce jeune homme est Erik Satie.
Toute cette partie est biffée par Cocteau, qui commence alors son nouveau texte :
Imaginez un charmant prologue. Un chapitre de
Stevenson. Nous sommes à Londres. Une vieille dame anglaise, Miss Hanton, a une fille et un fils.
Cette fille épouse à Honfleur un
M. Satie, puis
elle met au monde un fils. Ce fils est Erik Satie. Erik Leslie Satie... Donc Satie est né à Honfleur
...
Car il existe un
esprit de Honfleur célèbre par Alphonse Allais et Satie...
Réserves surAllais :
Ce qui nous reste après sa mort est peu de chose. Une
porte de bar, entrouverte sur la mer... Avec Satie
, reprend Cocteau,
on se trouve en face d’une musique de France... cette musique
dessine au lieu de peindre et donne plus qu’elle ne propose. Deux qualités françaises.
...
Satie a protégé sa musique comme du bon
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