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71

171.

Jean cocteau

. 2 L.A.S. « Jean », Saint-Jean-Cap-Ferrat 1952-1953, [à Emmanuel

B

erl

; 1 page et demie in-4.

200/300

25 septembre 1952.

« Jean

E

ffel

m’a demandé quelques lignes pour préfacer son livre [

La Création de l’Homme

]. Je me suis hâté

de les écrire. Mais n’ayant aucune réponse et ayant perdu l’adresse exacte de l’éditeur, tu serais un ange de lui demander si elles

lui ont été remises et si elles lui ont fait plaisir. [...]. Donne-moi des nouvelles de ton livre. Et raconte si tu te mets à un autre

travail »...

18 février 1953

. « Ne t’en fais pas. Les ouvriers jouent le rôle des siècles. Je referai ce qui manque. C’est une vengeance

des dieux à cause de ton article sur le couple. (Ta phrase exquise sur le Bain Turc) »...

172.

Jean cocteau

. 2 L.A.S. « Jean », Saint-Jean-Cap-Ferrat 1956, à Emmanuel

B

erl

; 3 pages in-4.

300/400

A

dmiration

émue

pour

P

résence des morts

.

8 juillet 1956

. « Ton livre aurait pu être notre dialogue mutuel qui continue. [...] Mais

c’est tout autre chose et, en premier lieu, cette étrange faculté (qui n’est autre que des supplices d’une âme bien faite) de donner

relief et importance à la moindre ligne, à l’anecdote la plus subjective et la moins transmissible de la mémoire. Déjà de longue date

je me suis habitué à vivre caché sous la pourpre et les verges, à publier les paroles les plus graves et les plus importantes au milieu

des sourds et des aveugles qu’honorent mon double fabriqué par eux, dont

ils

s’honorent. Peut-être que la résonnance que ton livre

rencontre en moi te sera-t-elle indifférente comme une habitude – mais je voulais te signaler que ce livre ne répète aucun de tes

propos habituels et m’apporte un sombre et doux trésor de ta ruche. Un miel noir qui tombe sur le miel blond de nos dialogues

avec les inimitables méandres d’un style qui arrive à la simplicité, à la désinvolture, au terme exact, par le chemin des tortures

chinoises de l’encre. (Encre saignée piquée qui

refuse de parler, de donner ses complices

.) Peut-être la fidèle amitié dont tu m’étonnes

même lorsque seul mon fantôme habite l’entresol et que Madeleine le soigne avec les chattes, s’adresse-t-elle à un mort. Le poète

est par définition posthume – et 10 fois par jour je me demande si je vis ou si une des forces de l’espace-temps ne consiste pas à

imaginer en perspective, un jeu de glaces, qui me permette d’avoir l’air de vivre »... Etc.

11 juillet 1956

. Il part pour Venise. « Mes

lettres ne sont que la preuve d’une amitié telle que je l’envisage et telle que Drieu ne l’envisageait pas. J’ai moi-même été long à

comprendre que les amitiés dangereuses n’étaient pas d’un ordre supérieur aux autres – les amitiés solides et sans doute bêtes. Ce

cadre de la porte du Palais Royal où s’inscrit ton portrait en pied avec le filet à provisions et les anémones – mon rire qui le salue

est un rire de profonde tendresse. Un jour tu nous uniras dans un livre mieux que par une petite phrase »...

173.

Jean cocteau

. 3 L.A.S. « Jean », 1957-1962, à Emmanuel

B

erl

; 3 pages et quart in-4.

500/600

7 février 1957

. « Je quitte une manière de sarcophage où, pendant six mois, je m’embaumais chaque jour loin de cette sinistre

époque. Mon rêve serait de te montrer la chapelle de

V

illefranche

– (aussi importante dans mon œuvre que l’

Ange Heurtebise

Orphée –

La difficulté d’être

). Le livre des morts y serait à sa place ». Il évoque avec humour « Enobarbus-Véfour » (Raymond

O

liver

)...

Milly 27 novembre 1957

. « Je t’ai mal parlé de ton livre [

La France irréelle

] parce que je suis un âne de la politique, avec

bonnet, coin et coups de règle sur les doigts. Ce qui m’enchante, c’est ce qui te tourmente : [...] une grâce exquise par la précision

du “dire” et l’horreur du vague, du flou, ou bâclé si à la mode. On leur donne le Prix Nobel. Je te donne le prix Nobel »...

2 novembre 1962

. Il souhaite l’associer à l’entreprise de

La Comtesse de Noailles, oui et non 

; il indique la composition de ce livre

pour lequel il voudrait « une biographie qui n’en soit pas une et qui [...] la montre prise entre sa chambre de malade et le tumulte

extérieur. En ce qui me concerne je ne parle d’elle que sous l’angle de cette fièvre de gloire qui l’a tuée. [...]

il me faut ta voix

racontant ses intimes et sa famille. […] Je te demande de tremper le biscuit sec dans la tasse de Marcel. De la sorte tes exquises

visites du matin seront sanctifiées par un livre »...

Reproduction page 73

174.

Jean COCTEAU

. L.A.S. avec 2

dessins

, Paris 29 janvier 1962, à des amis publicitaires de l’Agence Havas ; 1 page

in-4 avec timbre à date

Agence Havas Publicité

.

300/400

Il pense finalement que le 2

e

dessin, qui est pareil au premier et qui se trouve dans les maquettes, est le meilleur : « La Tour

Eiffel y est plus vraie en ce sens que l’ouverture du 1

er

étage s’y trouve indiquée ». Il illustre son propos en dessinant au-dessous

deux petites Tours Eiffel.

On

joint

2 photographies de Robert

C

ohen

, noir et blanc (13 x 18 cm chaque) : Cocteau en compagnie de Francine

W

eisweller

lors d’une séance de dédicace lors de la vente du Comité National des Écrivains ; Cocteau et François Chalais.

Reproduction page 73

175.

Jean COCTEAU

. L.A.S., 22 octobre 1962, à Henry de

M

ontherlant

; 1 page et quart in-4.

350/400

La lettre de Montherlant l’avait déjà inquiété. « à mon retour d’un doux périple de besognes disparates à Metz à Bruxelles, en

Suisse, avec une mauvaise bronchite –

G

enevoix

et le duc me racontent leur visite chez vous et m’inquiètent encore davantage.

M

arkevitch

qui dirigeait l’enregistrement de

l’Histoire du soldat

à Vevey souffre du même mal que vous et risque chaque fois

de tomber de son pupitre de chef d’orchestre. Votre présence à l’Académie me la rendrait moins confuse – nous serions les deux

“mauvais élèves”. Quelle tristesse si ces vertiges vous empêchent de venir à l’Institut. Je vous avoue m’y sentir bien seul. Me

permettriez-vous d’aller vous voir ? »... Il s’interroge sur un « escamotage de Gallimard », et ajoute : « Ma seule consolation d’être

“Chancelier” (rôle muet) c’est que je serai un des 3 premiers à connaître votre discours »...

… / …