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196.
* Georg Wilhelm Friedrich HEGEL
(1770-1831) philosophe
allemand. P.S., signée 2 fois, comme Recteur de l’Université,
Berlin 24 août 1830 ; 1 page in-fol. avec
vignette
imprimée
à l’effigie du roi Frédéric-Guillaume III ; en allemand.
1 000/1 200
C
ertificat
attestant que Johan S.
V
ater
a été étudiant en philosophie
à l’Université de Berlin.
197.
Élisabeth-Françoise-Sophie de La Live de Bellegarde,
comtesse d’HOUDETOT
(1730-1813) femme de lettres,
amie de Jean-Jacques Rousseau et Saint-Lambert.
M
anuscrit
autographe,
De la fortune de Buonaparte
, [vers 1800] ;
6 pages petit in-4.
400/500
P
rophétique
vision
du
futur
E
mpereur
. « La révolution française
dont le grand caractère a été la destruction n’a produit pour l’histoire
aucun personnage distingué. […] Un seul homme aujourd’hui semble
annoncer une sorte de génie et se présente aidé d’un grand bonheur
et d’une grande fortune […] Buonaparte ne sera jugé par l’histoire et
la postérité que par ses succès. Il lui est imposé d’être grand et de faire
de grandes choses »… Etc.
198.
Max JACOB
(1876-1944). 11 L.A.S., Saint-Benoît-sur-Loire juillet-décembre 1942, à Jean-Bertrand
P
ontalis
;
7 pages in-4, 11 pages in-8 et une carte postale, 4 enveloppes.
7 000/8 000
M
agnifique
correspondance
littéraire
,
pleine
de
fantaisie
et
de
conseils
amicaux
,
mais
aussi
d
’
inquiétudes
. [Le jeune Jean-
Bertrand Lefèvre-Pontalis a été présenté à Max Jacob par Jean-Pierre
B
ourla
(1924-1944), ancien élève de Sartre au lycée Pasteur
avec Pontalis, et auteur de quelques poèmes ; arrêté comme juif avec sa famille, interné à Drancy dix jours après la mort de Max
Jacob, il fut déporté à Auschwitz où il mourut en avril 1944]. Pontalis, jeune philosophe et écrivain débutant, se confie à Max
Jacob et sollicite ses conseils. De son côté, Max Jacob livre des confidences à son jeune ami, parle de ses travaux et de littérature…
30 juillet
, au « cher brancardier qui m’a relevé et aidé à passer un fleuve. Les travaux sont avancés, le portrait de
P
icasso
a touché
ou non les épaules mais il est parti emportant sur les dites épaules
A
pollinaire
vaincu et
J
arry
néant ». Amusante digression
sur une histoire de sucre vanillé qui se révèle être du sulfate de soude… Il conseille le jeune homme sur sa vocation littéraire et
l’attitude de sa famille : « À mon avis ce serait une erreur grave que de donner au quadragénaire des regrets littéraires. Quand vous
mettrez-vous tous dans la tête que personne ne vous ressemble, […] qu’il est vain de créer des êtres qui vous ressemblent, animal
étrusque ! L’intérêt de l’épilogue sera que précisément il n’a plus aucune sensibilité littéraire. […] Il faut que ses enfants à lui soient
pareils à ce qu’il était, lui, exactement et qu’il ne
les comprenne pas plus que la terre ne comprend la lune
. Exemple : il surprend son
fils de quinze ans en train d’écrire des vers. Il sera surpris, épouvanté, désolé, ne se souvenant nullement qu’il avait à cet âge la
même idée », et se glorifiant « du sens réaliste des Lefèvre-Pontalis »... Et il plaisante sur le « vieillard » (le grand-père de J.B.) dont
il imagine un raisonnement de « philosophie grotesque »… Il ajoute : « Il pleut des grenouilles sur l’asphalte de S
t
Benoit : elles
sautent je crains que cette plaie d’Égypte ne vous empêche d’exécuter un retour stratégique vers Châteauneuf avec votre frère »…
3 août
. « L’art de l’épistolier est de trouver des mérites là où il n’y en a que peu. Ce n’est pas le fait que vous trouviez des mérites
au vieux mendiant de S
t
Benoit qui me remplit d’aise mais c’est que ce soit “vous” qui les trouviez. […] Je suis collectionneur de
grands hommes – entre autres amours j’ai celui-là : l’amour du talent des autres – or votre lettre et votre personne me certifient
qu’il y a une nouvelle perle dans ma collection et non des moindres ». Il loue sa sensibilité juste, sa profondeur, même s’il se
trompe sur lui : « Je ne suis pas aussi flatté d’être pris pour ce que je ne suis pas que d’être pris
par vous
pour ce que je voudrais
être ». Qu’il ne lui parle pas de sa simplicité : « hélas ! l’homme le plus compliqué au monde je le suis et mon apparence contraire
n’est que l’habitude de la pauvreté ou la compagnie habituelle des “grands”. Dites aussi à Jean
C
octeau
ma fidélité admirative et
tendre, et la joie que me donnent ses succès si “
réelles
”.
V
aléry
disait à
G
ide
“nous sommes à l’âge où l’on reconnaît le talent des
autres”. J’ai toujours eu cet âge là quand il s’agit de Jean : je l’enviais sans amertume, je continuerais à l’envier si je n’avais pas
renoncé à tout ce qui n’est pas “utilité de mon prochain”. Dites à
B
ourla
que je l’aime infiniment et l’apprécierai toujours »… Il
évoque l’histoire d’un
Traité d’esthétique
perdu, et avec quelques avis sur le style et l’écriture : « Le style est précisément l’art de
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