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83

199.

Joseph JOUBERT

(1754-1824). L.A.S. « J. », 7 août 1812, à Charles-Julien de

C

hênedollé

, à Vire ; 2 pages et demie

in-8, adresse (petite déchir. par bris de cachet).

400/500

B

elle

lettre de

conseils

pour une

candidature à

l

’A

cadémie

française

.

Il presse son ami à revenir à Paris, où personne ne l’a vu

depuis si longtemps : « Il est bon de ne pas se laisser oublier et surtout de ne pas trop laisser croire aux indifférens et aux tièdes

qu’on se néglige trop soi-même. Il n’y a rien au monde de si propre à glacer tout le genre humain. Il me prend fantaisie de vous

écorcher les oreilles à ce propos, et de vous dire en retournant un ancien vers de l’ancienne M

me

de Staël :

Si l’on ne s’aide point personne ne nous aide

.

Vous ne vous aidez point du tout, et au contraire. Ayez enfin pitié de vous. Venez un peu que je vous gronde. Venez scavoir

comment va le monde. Venez annoncer aux pretendans affin qu’ils s’écartent, et aux électeurs affin qu’ils y pensent, que vous

voulez etre de l’Institut. Il faut y songer à cet Institut. Ses portes menent au-delà de lui à droite et à gauche. Vous etes fait pour y

etre et il faut y entrer. Voila enfin Dussault qui vous trouve un plus grand poëte qu’Esménard. Cela est incontestable, et cela est

fort et est decisif pour beaucoup de gens, qui le croiront depuis qu’on l’a dit hautement, mais qui n’auroient pas eu l’esprit ou le

courage de le penser tout seuls. Il faudroit, comme je l’ai dit à M

r

Quatremere, brocher quelques unes des reflexions dont vous

avez sémé votre Cours de littérature, rendre ce ramas susceptible d’un titre, en former un petit volume, publier cela à propos, et

vous presenter pour la 1

ere

place vacante. Si vous n’avez pas celle là, vous aurez l’autre et les premiers pas les plus importans seront

faits »… Joubert n’a pas lu sa seconde édition [du

Génie de l’homme

], mais « je suis resté pour l’eternité, si content de la 1

ere

que

vous ne perdez rien à cette negligence qui a eu pour cause […] un certain non-chaloir d’âme et d’esprit, qui m’est prescrit comme

regime par les medecins, et imposé comme un besoin insurmontable par ma nature. J’en gemis, j’en ai honte et j’en ai meme des

remords, mais je ne puis le desavouer »…

199