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212.
Curzio MALAPARTE
(1898-1957) écrivain italien. L.S., Chamonix Mont Blanc 18 février 1948, à Mlle
D
ecaris
,
aux Éditions Domat à Paris ; 2 pages in-4 dactylographiées, enveloppe autographe.
200/250
À
propos de
la
traduction de
L
a
V
olga naît
en
E
urope
(Domat, 1948). Il a enfin terminé la correction des épreuves. « L’immense
imbecillité de Mademoiselle Juliette Bertrand, son esprit petit-bourgeois, son manque de sens de responsabilité, son mépris de
son propre travail, tout cela me fait tomber malade »... Il donne un exemple des idioties qui abondent dans le texte, et se plaint
que
La Volga
, d’une lecture facile et agréable en italien, devienne « assommante, et difficile […] dans un français de concierge ou
de petite bourgeoise de province émigrée à Paris »... On verra la différence avec la traduction de
La Peau
par Novella... Il évoque sa
rencontre avec M. Le Duc dans un horrible hôtel à Montana, « une sorte d’infirmerie de prison, avec des meubles protestants »... Il
travaille, mais sans l’entrain espéré : « Quelque chose me trouble, et je ne sais pas quoi. Il y a quelque chose dans l’air, qui me rend
nerveux. Avez-vu lu ma réponse à l’idiot Marcel
B
rion
, parue dans
Carrefour
d’aujourd’hui ? Je ne puis pas supporter la bêtise,
ma mauvaise foi, la mesquinerie. S’il me répond, je lui donnerai un coup de pied dans le derrière en quelques lignes. J’en ai assez
de l’impolitesse et de muflerie des temps nouveaux »...
213.
Stéphane MALLARMÉ
(1842-1898).
P
hotographie
avec
dédicace
autographe signée ; tirage papier albuminé
format carte de visite sur carte au nom de
N
adar
(10,5 x 6,3 cm ; défauts : photo jaunie, trou d’attache avec manque
dans le haut, trou d’épingle sur le montage, taches, piqûres et petites fentes sur le bord).
1 000/1 500
Portrait du poète en buste par
N
adar
, dédicacé : « à mon ami Léon Deschamps SM ».
214.
André MALRAUX
(1901-1976). 7 L.A.S. et 3 L.S., vers 1947-1972 et s.d., à Emmanuel
B
erl
; 13 pages formats
divers, une enveloppe.
1 500/1 800
B
elle
correspondance
amicale
et
littéraire
.
Boulogne-sur-Seine
16 juillet [1947 ?]
, à propos de l’
Histoire de l’Europe
de Berl, dont il est « curieux de cet État Maudit », qu’il
ne faut pas suspendre trop longtemps. « J’ai réécrit trois lignes et demie de la
Psychologie de l’Art
, et m’imagine que je retravaille.
[…] L’univers est remarquablement idiot, mais pas sans intérêt ». Et il signe du dessin d’un Dyable...
9 juin 1948
, échos d’un
entretien avec
S
kira
au sujet des
Fétiches
de Berl, qu’il devrait sortir après la
Psychologie de l’Art
...
14 août
: « Vous ne vous arrangez
pas avec la politique parce que vous êtes depuis toujours à la fois dedans et dehors, ce qui a des conséquences dans le présent et
dans l’avenir. […] Quant à votre mauvais rapport avec le public, non. […] Votre cas n’est pas un échec, c’est le cas de
D
rieu
. Et la
résurrection de
J
ouhandeau
vaut qu’on y réfléchisse » ; il tâchera d’allécher Gaston
G
allimard
, par l’idée de publier
Sylvia
et la
fin de l’
Histoire de l’Europe
en même temps...
23 juillet [1952]
. Réflexions sur la réception de
Sylvia
: « J’ai toujours pensé que la
bizarre barrière qu’il y a entre vous et le public craquerait un jour »...
[1949]
, sur son état « bien délabré » après une rechute. « Il
ne semble pas que l’univers soit porté à nous laisser finir nos petits ouvrages (car dans ce lit, j’arrange tout de même l’édition en
un seul volume de la
Psycho
mise en ordre, ce qui n’est pas un petit travail) »… Il lui a envoyé
La Monnaie de l’Absolu
et le
Goya
…
« A propos de votre théorie de l’amitié politique : la camaraderie de combat, oui ; mais politique, je ne sais pas. Il y a aussi la
camaraderie, l’accord instinctif de ceux qui précisément refusent tout parti »…
Crans sur Sierre [1957 ?]
. « La langue française est difficile quel que soit le degré d’ébriété. Vraisemblablement, les autres aussi ».
Il conseille à Berl de s’intéresser au confucianisme « où il y a les morts sans Dieu et sans dieux ». Il ne comprend rien à la question
des inédits de
D
rieu
la
R
ochelle
… Il s’interroge sur le titre de
La Métamorphose des Dieux
…
Verrières-le-Buisson 17 mai 1972
. Berl n’a pas soulevé le problème des « sens
superposés
du mot Dieu. [...] l’athéisme n’a pas grand
sens. On n’est jamais que contre les dieux des autres »...
215.
Roger MARTIN DU GARD
(1881-1958). 3 L.A.S., 1949-1957, [à son ami Emmanuel
B
erl
]
; 3 pages in-8 et carte
in-12.
350/400
Nice [novembre 1949]
. Après la mort de sa femme : « Vous avez trouvé, cher ami, des paroles qui me vont au cœur. Oui, je suis bien
désemparé, bien malheureux »...
Bellême 6 août 1952
. Après des années sans rencontre, sa vieille amitié s’est réchauffée à la lecture
de
Sylvia
: « Votre esprit et votre cœur ont toujours exercé une attraction sur moi [...] je sais maintenant que mes intuitions ne me
trompaient pas. C’est un de ces livres qu’on n’écrit qu’une fois dans sa vie ; que, d’ailleurs, bien peu osent et savent écrire... Je ne
suis pas près de l’oublier ; et le son si pur, si pathétique, de la fin »...
Nice [1957]
. Enthousiasme pour
La France irréelle
: « Vous
êtes un sorcier, un prodigieux Enchanteur ! Je sors de ce long monologue, l’esprit surchauffé, ensemencé, enrichi inespérément,
et aéré, ventilé, par toutes les perspectives qui se sont ouvertes devant moi ! [...] Rien n’altère la lucidité de votre réflexion, ni la
souplesse vraiment juvénile avec laquelle vous jonglez avec les idées, avec le souvenir des faits, et les trésors d’érudition que votre
mémoire tient en réserve »... Il l’encourage à publier ses
Carnets
« comme fait Montherlant, comme fait Jouhandeau »...
216.
François MAURIAC
(1885-1970). 2 L.A.S., 1957, à Henry de
M
ontherlant
; 2 pages in-4 chaque.
450/500
B
elles
et
longues
lettres
sur
la
brouille
entre
les
deux
écrivains
.
Malagar 26 avril 1957
. « Superficiel ? Mais je suis allé aussi loin que je pouvais aller – ne pouvant rien dire au clair, vous le savez
bien... Le style ici n’était qu’un prétexte – et plus d’un lecteur l’a compris. N’importe : cet article était une réponse à la publication,
dans vos
Carnets
, de ma lettre d’il y a trente-cinq ans... […] J’ai soixante et onze ans et s’il m’importe peu de laisser derrière moi
… / …




