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Prosper MÉRIMÉE
(1803-1870) écrivain.
2 L.A.S., 1858 ?-1959 ; 1 page et demie in-8.
3 novembre [1858 ?]
. Il demande de faire copier des pièces : « Comme c’est pour un gentilhomme de province très pingre, il faudrait savoir d’abord si
cela ne coûtera pas trop cher »...
Vendredi soir [23 septembre 1859]
. Il part lundi pour Madrid et invite son correspondant à faire un « mauvais déjeuner
dimanche chez moi, vous me feriez grand plaisir ». Il devra passer par Alicante et Marseille, les deux diligences de Bayonne étant retenues jusqu’à fin
octobre. Il le remercie pour l’envoi de sa brochure, et promet de lui renvoyer son livre de B
ourquelot
« qui ne me parait pas fort, mais utile. J’en emporte
un exemplaire ». Il laisse son adresse à Madrid au cas où il pourrait y être utile...
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Octave MIRBEAU
(1848-1917) écrivain.
L.A.S., [1903], à Félix d
uquesnel
; 1 page in-8 à son adresse.
Il le remercie pour son article sur sa pièce [
Les Affaires sont les affaires
], « plus qu’utile pour le succès. […] Je vous dois que ma pièce a pu être écoutée,
et même applaudie par les abonnés. Et c’était pour elle l’obstacle dangereux »… Et c’est le succès : « Hier, devant le public, ça été triomphal. Féraudy et
Pierson prétendent qu’il y a bien longtemps qu’un tel succès s’est manifesté aussi chaleureusement, à la Comédie Française »…
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Émile OLLIVIER
(1825-1913) ministre, homme politique et historien.
37 L.A.S. et une lettre dictée, 1862-1909, à Flore s
inger
; 114 pages in-8 (petits défauts à quelques lettres).
t
rès
intéressante
correspondance
politique
et
littéraire
à
son
aMie
la
célèBre
salonnière
f
lore
s
inger
(1824-1915). Ollivier y évoque l’actualité, son propre
passé ministériel, son œuvre d’historien, ses lectures, son activité d’académicien, leurs contemporains, et ses deuils. Nous ne pouvons en donner ici qu’un
rapide aperçu
Gênes 4 novembre 1862
. Plein de chagrin [son épouse, Blandine Liszt, était décédée le 12 septembre], il refait la route de son voyage de noces. « Tout
autour de moi prenait une voix : là elle m’avait dit telle parole : [...] nous avions eu telle discussion qui avait abaissé une barrière de plus entre nos âmes.
À la Spezzia j’ai été obligé de m’arrêter un jour pour voir g
ariBaldi
, la nuit, quand je me suis trouvé seul précisément dans l’appartement que nous avions
occupé, j’ai cru que j’allais étouffer. [...] J’ai mouillé cette route de toutes les larmes qui me restent »...
Saint-Tropez 22 septembre 1864
. Serein, il laisse
soigner ses blessures par la nature : « j’ai ressenti plus qu’à Paris la solitude de mon cœur, mais j’y ai vite oublié les misères de ma vie politique et les
défections de certains amis »... Il relit le cardinal de r
etz
...
26 mai 1871
. De son exil, il se défend d’avoir voulu la guerre «
imposée
par B
isMarck
», et expose
ses idées sur la forme à donner au gouvernement : « Il ne s’agit plus de liberté, ni de bien-être, il s’agit de guerre. Il faut arracher Strasbourg à la Prusse et
aller imposer la paix à Berlin. Toute autre politique serait une politique de honte, d’abjection, de suicide. [...] le meilleur gouvernement sera celui qui
accordera le moins de liberté parlementaire, et opérera une concentration plus énergique du pouvoir. Vous voyez que je suis loin de la Commune et de la
fédération. Quel sera ce dictateur ? Je ne le vois pas encore poindre. Le duc d’a
uMale
peut-être ! »... Il développe son analyse, trouvant des analogies avec
l’histoire romaine, et se demandant « si le Césarisme n’est pas la forme
nécessaire
des Démocraties dans notre monde »... Il sait que « la haine publique »
s’attachera longtemps encore à lui...
6 juin 1871
. Annonce de la naissance de son fils Jocelyn, « souvenir de notre cher et grand Lamartine », et allusion à
une éventuelle fusion des partis légitimiste et orléaniste : « On regrettera plus d’une fois
le despote
! »...
Pollone 21 janvier 1873
. Réflexions sur la vie,
l’humanité et la mort, « vraie souveraine du monde »... La mort de n
apoléon
III lui a causé « un chagrin intense, car je l’aimais profondément » ; il prévoit
que le parti bonapartiste reprendra ses attaques contre lui, mais il a « de quoi confondre toutes les attaques. Je n’ai rien à me reprocher, et j’ai été victime
autant que la France »...
Saint-Tropez 23 novembre 1879
. Ayant été empêché par ses collègues à l’Académie de répondre au discours de réception d’Henri
M
artin
, il a résolu de ne plus y mettre les pieds ; il s’occupe d’un petit travail sur la liberté de la presse...
Rome 1
er
janvier 1882
. En deuil de son fils, il est
foudroyé à tout moment par la pensée du petit, mais ils sont assez entourés : « Nous voyons souvent la P
cesse
W
ittgenstein
, l
iszt
, une des filles de ma belle-
sœur, la princesse Bonaparte et je mène de front les choses artistiques et les conversations théologiques avec les religieux ou avec les cardinaux »...
12
février 1882
. Sur g
aMBetta
: « Sa théorie sur la révision est d’une illégalité palpable. Les textes la condamneraient si le bon sens n’y suffisait pas. [...]
Gambetta est fanfaron et présomptueux plus qu’audacieux de même qu’il est rusé plus que fin. Et autant l’audace et la finesse servent autant nuisent la
présomption et la ruse. Du reste sa chute sera très utile à la République »... Il commente aussi la Constitution (« un expédient » à maintenir aussi longtemps
que possible), « l’écroulement financier du clérico-légitimisme » (il regrette que le duc de B
roglie
soit mêlé à ce 16-Mai financier)… Il parle de sa vie à
Rome : « Liszt parti pour la Russie, notre principale relation est la Princesse Wittgenstein »....
4 mars 1882
. Il ne désavoue nullement les souvenirs rappelés
par l’article de Fouquier : « J’ai
pardonné
le coup d’État pour des raisons qu’en d’autres temps et lorsqu’on sera plus loin des événements, on jugera mieux
qu’aujourd’hui. Mais le pardon suppose une faute ou crime et je ne relève rien de l’admiration que les
Châtiments
m’ont inspiré »...
La Moutte 28 août
1883
. Adolphe f
ranck
a raison : « Il n’y a aucune incompatibilité nécessaire entre une république et le Concordat », mais le jacobinisme et le Concordat
ne peuvent coexister : « le jacobinisme est une
méthode
et non une
forme de gouvernement
. Il y a des royalistes jacobins. Le jacobinisme est la méthode
despotique appliquée à la politique. Je l’ai toujours combattu »...
5 janvier 1884
. À propos d’Edmond a
Bout
, candidat à l’Académie pour qui il voterait sans
pensée intéressée : « je ne rêve pour moi aucune revanche, je considère ma vie publique comme terminée [...]. Ensuite obliger quelqu’un n’a jamais été le
moyen de s’assurer même sa justice »...
23 janvier 1884
. Mise au point sur les échecs successifs des ambitions d’About, pendant le ministère d’Ollivier, et
jugement sévère de ses remarques sur le plébiscite. Il rappelle en outre la dédicace de son livre
Le
Progrès
à Napoléon III : « L’auteur du
Progrès
à l’auteur
de tous les progrès ». Mais il a plus de titres que Coppée pour être à l’Académie...
1
er
janvier 1885
. Critique du discours de réception à l’Académie de
François c
oppée
, « un poëte sans poésie et sans prose » ; jugement sévère sur M
usset
, le premier des poètes modernes « parmi les
poetæ minores
» : « tout
cela est mou, indécis, par moment fade et mal dessiné. Ce sont les inspirations d’un charmant jeune homme qui n’a jamais atteint l’âge viril »...
3 août 1886
.
Relation détaillée du « déploiement de fureur, de perfidie, de corruption, d’infamie » que le gouvernement vient de faire contre lui ; la question n’est pas
de savoir si la République durera, mais celle de l’organisation hiérarchique du suffrage universel, dont dépend un gouvernement libre. « Si nous échappons
au sort de la Pologne, nous nous engloutirons dans un Césarisme quelconque »... À l’heure qu’il est, le suffrage universel, « confus, anarchique, donnant le
dernier mot aux abjects et aux irresponsables, [...] est incompatible avec l’existence d’une société quelconque »... La mort de l
iszt
l’attriste : « Je l’aimais et
l’admirais. Encore un vide irréparable »...
3 janvier 1888
, à propos du scandaleW
ilson
: le népotisme et la concussion sont de tous les temps, et plutôt moins
du leur que d’autres... Anecdote sur le duc de B
roglie
et d’Haussonville...
La Moutte 15 mars 1888
. Réflexions sur le système électif (peut-être le pire des
régimes), et la crainte de la guerre (infondée). B
isMarck
sait qu’il n’aurait pas deux fois la bonne fortune d’avoir devant lui « pour général en chef un
moribond, puis un homme à l’âme de boue, puis un bavard mystique » ; le peuple est « satisfait de sa défaite et en extase devant ses vainqueurs »...
4
décembre 1889
. « Mon livre [
1789 et 1889
] démontre que ce sont eux (les autres) qui ont changé et non moi et que je suis
seul
resté attaché aux principes
de la Révolution qu’ils abandonnent honteusement pour satisfaire leurs cupidités »...
14 décembre 1889
. Longue et belle défense de la politique, qui a ses
gloires et ses misères comme toute activité humaine ; explications sur l’évolution de son œuvre d’écrivain, alors qu’il prépare son
Empire libéral
. « Kepler
demandait à Dieu un lecteur en cent ans. Mon espérance, lorsque j’écris quelque chose, est que mon livre tombera dans une petite chambre de jeune
homme tel que je l’étais à vingt ans, pauvre, solitaire, à l’âme ardente, éprise de lumière, et [...] le fixera à quelque certitude salutaire, et surtout le préservera
du poison mortel des phrases creuses et des sentiments faux, et de ce libéralisme pharisaïque contrefaçon répugnante de la liberté »...
28 décembre 1901
.
Il aspire à écrire son « testament spirituel » : plus il avance, plus il envisage ces problèmes « dans une pure sérénité de lumière, sans combat, sans révolte,
et je m’endormirai je l’espère sans les gémissements par lesquels toute créature humaine commence la vie. Je n’éprouve pas le moindre désir de croire à
l’absurde »... Ailleurs, il est question de Deschanel, Ludovic Halévy, Mac-Mahon, Meilhac, Mézières, Pailleron, le comte de Paris, Ratisbonne, Renan,
Rochefort, Zola, etc.
o
n
joint
des copies manuscrites de ses instructions pour ses funérailles, et de son testament ; plus divers documents, dont une l.a.s. de Thérèse Ollivier à
Flore Singer et des copies de lettres de Flore Singer.
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