MANUSCRITS
TAJAN - 40
163 - Guillaume APOLLINAIRE.
1880-1918. Ecrivain poète.
Manuscrit aut. signé "La Vie Anecdotique".
S.d. (juillet 1918)
. 9 ff.
paginées 1-5, 7, 9-11, sur papier de remploi dont à son adresse et celle
du Mercure de France, collages, quelques ratures et corrections.
4000/5000 €
Extrait de ses rubriques de la "Vie anecdotique publiés" dans le
Mercure de
France
, intitulé ici "Edward Wortley -Montague ; Alfred Franklin ; calcul sur le
tabac". Apollinaire y livre ses réflexions sur la liberté individuelle, doutant qu’elle
puisse réapparaitre après la guerre ;
En détruisant la liberté, cette guerre que
les Allemands ont rendue inévitable suscite notre curiosité à l’égard de ceux
qui dans les âges écoulés ont pu vivre à leur guise. Les conditions qu’exige une
telle existence ne sont jamais rencontrées comme au XVIII
e
siècle (…). L’instinct
de liberté qui est ancré dans l’homme n’a pas encore disparu (…)
. Et d’illustrer
son propos avec les mœurs adoptés par deux personnages différents, Wortley et
Franklin. Le poète poursuit avec ce
curieux calcul touchant le temps perdu par les
fumeurs
, distinguant le fumeur de pipe du fumeur de cigarette… terminant par
quelques vers qui renvoie clairement son portrait de poète soldat ;
Aujourd’hui
quand le poilu va se battre, il fait comme monsieur de Crac :
Quand ce grand homme allait en guerre
Il portait dans son petit sac
Le doux portrait de sa bergère
Avec la pipe de tabac.
164 - Joseph BEUYS.
1921-1986. Artiste.
Carte postale en bloc de bois adressée à Herr C. Duc, à Paris.
Liverheusen en Allemagne D-5090.
"Holzpostkarte" en bois (15 x 10 cm),
adresse et timbres.
500/700 €
Envoi original d’une carte en bloc de bois, portant la large signature Beuys au
verso et un petit envoi (4 lignes, en allemand) sur la tranche ; Beuys regrette de
n’avoir malheureusement pas vu son correspondant et lui adresse ses salutations.
165 - [CARPEAUX]. Louise CLÉMENT-CARPEAUX.
Fille du
célèbre sculpteur.
Deux L.A.S. de Mme Clément-Carpeaux.
Paris, 6 et 25 octobre 1950.
4 pp. in-8.
100/150 €
Lettres adressées à un collectionneur pour lui demander de prêter une toile
de jeunesse de Carpeaux au Musée national d’Art moderne qui prépare une
exposition "d’art sacré français du 19
e
et 20
e
siècle".
(…) Je suis pressentie
naturellement pour que le génie de Carpeaux y soit bien représenté. Mais je
suis très dépourvue des belles études réalisées par mon père, sur ce thème.
J’ai seulement deux esquisses qui n’entrent pas dans le cadre requis (…). Le
19
e
siècle fera salle à part et sera dignement évoqué. Le 20
e
sera un pêle-mêle
que vous pouvez imaginez (…).
Dans la seconde lettre, elle le prévient qu’on ne
lui permettra d’exposer qu’une seule œuvre par artiste et qu’on lui a retenu une
Vierge, œuvre de jeunesse de Carpeaux. Etc.
166 - Paul CLAUDEL.
Tapuscrit "Partage de Midi"
.
Paris, Bibliothèque de l’Occident, 1906
.
3-136 ff. in-4.
300/500 €
Tapuscrit original de Paul Claudel, spécialement dédié
à Philippe et Hélène
Berthelot, en témoignage de ma grande affection (…)
. Ce drame en trois actes
mettant en scène 4 personnages, Yse, Mesa, de Ciz et Amalric, avait été édité à
compte d’auteur en 1906 par la Bibliothèque de l’Occident, avec un tirage limité
à 150 exemplaires hors commerce ; il ne sera rendu public et créé qu’en 1948.
Les exemplaires de cette version n’avaient été adressés qu’à un cercle restreint
d’amis de Claudel, ici au diplomate Berthelot, proche des salons littéraires du
début du XX
e
siècle, ayant parrainé la carrière de jeunes écrivains poètes et
artistes dont Claudel, et Saint-John-Perse, Giraudoux, Morand, Gide, Cocteau,
Coco Chanel etc.
167 - Jean COCTEAU.
1889-1963. Ecrivain, poète.
L.A.S. & tapuscrit "Le Testament d’Orphée"
.
Santo-Sospir, St-Jean
Cap-Ferrat, 27 mai 1960
. 4 pp. in-8 et 3-32-1 pp. dactylographiées.
600/800 €
Très belle et longue lettre adressée au producteur Jean Thuillier, à propos
de la réalisation et des critiques du Testament d’Orphée :
Je suis de plus en
plus consterné par l’attitude déprimante de notre Thuillier. J’étais certain qu’il
savait d’avance à quoi s’en tenir et qu’il lutterait contre les mauvaises habitudes
de l’époque (…). Je ne reproche rien à Thuillier. Je le plains d’être sans feu. Je
connais sa qualité profonde (…) Que n’ai-je mis nos films entre les mains d’un
de ces êtres un peu fous qui, hélas, disparaissent de ce monde les uns après
les autres. Lorsque les choses ressemblent exactement à ce qu’elles doivent
être, c’est admirable et on s’incline (…). Ce que les gens croient être l’audace
n’est que le nouveau conformisme de Bergman ou le nouveau style " vide"
soutenu par l’océan des vedettes. Je ne me range pas dans ces familles. Il fallait
le comprendre et ne pas compter sur le "progrès du public", car il n’y en a pas.
Ce qu’il faut, c’est arriver à grouper les innombrables solitudes qui forment mon
public et sauter de force par-dessus les "spécialistes" qui ne savent rien en ce
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