Previous Page  26 / 72 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 26 / 72 Next Page
Page Background

26

LIVRES & MANUSCRITS

81.

Paul LÉAUTAUD (1872-1956). 2 L.A.S.

à Alfred Vallette et Jean Denoël

, et un manuscrit autographe. 1897-

1951. 2 pp. in-12 et 1 p. in-folio étroit (34 x 13 cm).

Longue liste de ses ouvrages parus

. Lettre à Vallette, de 1897, au sujet de l’

Anthologie des poètes d’aujourd’hui

 : « Voici mes épreuves, qui m’inquiètent

car je doute de l’efficacité de ma correction.

Je souhaite qu’il n’y ait, définitivement, ni coquilles, ni phrases désordonnées : elles me rendraient

malade pour huit jours

». Lettre à Denoël de 1951 : « Je suis toujours vivant, plein de travail, plein de dérangements et plein de soucis ».

Joint un « pense-bête » autographe sur la bande du premier volume de son journal, comme le précise une carte autographe de Denoël jointe.

150 / 200 €

82.

Pierre LOUŸS (1870-1925). L.A.S. et pièce autographe. Sans date. 2 pp. ½ in-8 et 1 p. in-8 oblong.

Réponse à un article sur

Aphrodite

. « Il me semble que vous vous représentez les civilisations mortes – et le XIIIe s. français comme le

IVe grec – avec des couleurs empruntées plutôt à votre imagination qu’à la réalité des « monia quac supersunt ». Avec la même imagination

vous combattez des idées qui ne sont pas les miennes et que vous m’attribuez néanmoins, comme

cette théorie de l’amoralité qui m’est

absolument étrangère et antipathique

 ; - comme cette boutade d’un personnage secondaire d’Aphrodite, trait de caractère et de rôle que

vous transformez en principe d’auteur […] ».

Notes jetées sur le papier : « Ruy Blas et Jean Valjean n’est qu’un seul cœur […] ».

200 / 300 €

83.

Curzio MALAPARTE (1898-1957). L.A.S. à l’éditeur André Sabatier (2 pp. ½ in-4) et manuscrit autographe

avec corrections (2 pp. in-4). Juan-les-Pins, 8 août 1931.

Au sujet de son livre

Technique duCoupd’Etat

. Il évoque tout d’abord son séjour auCapd’Antibes : « où l’on trouve, du reste, le temps de s’ennuyermortellement.

Juan les Pins n’est pas de mon goût, et si la compagnie d’amis avec lesquels je me trouve pouvait se décider à partir, je quitterais sans regret cette plage trop à

la mode. Et quelle mode ! ». Puis il parle de son livre : « Les exemplaires du service de presse envoyés en Italie sont tous arrivés à destination ». Il se plaint que

la publicité ne soit pas à la hauteur : « En tout cas, il faut attendre que les gens se rendent compte

du véritable esprit du livre, qui est très loin d’être un livre

de propagande fasciste

. Peut-être serait-il mieux de s’appuyer, pour le lancer, sur les journaux de gauche […].

Je ne sais pas ce que je vais devenir dans les

prochains mois bien que les nouvelles d’Italie soient assez bonnes pour moi, et queMussolini insiste à ne vouloir passer dans la diplomatie

».

Le manuscrit est le « Prière d’insérer » : «

Lénine est-il un Gengis-Kahn rouge, un monstre issu du fond de l’Asie, ou plutôt un européen

moyen, un petit bourgeois de chez nous ?

 ». Il parle ensuite de lui, de son ouvrage,

Audacieux écrivain

: « Le style rapide et pittoresque de M.

Malaparte, son humour, ses aphorismes surprenants, l’originalité de ses vues, l’audace de sa thèse, ne peuvent manquer de soulever autour

du « Bonhomme Lénine » l’intérêt passionné du public français […] ».

300 / 400 €

84.

André MALRAUX (1901-1976). 2 L.A.S. à « mon cher ami » [Franz Hellens]. Février-avril 1929. 2 pp. in-8,

en-têtes de la NRF.

« La Femme partagée marche. Écrivez chez Grasset pour demander une réponse ferme relative à Fraîcheur de la Mer. C’est le moment

[…] ». « Je n’ai pu atteindre qu’assez tard Robert de Saint-Jean. C’est lui qui détient « Grippe-Cœur ». Comme je pars pour l’Allemagne

incessamment, voulez-vous lui envoyer un mot (à la Revue Hebdomadaire) pour lui demander son avis ? Thiébault, à la Revue de Paris, est

« bouclé » jusqu’en septembre ».

300 / 400 €

85.

Michel MANOLL (1911-1984), poète et écrivain. 5 L.A.S. et 1 L.D.S. 1951-1952. 13 pp. in-4.

Après lamort deRenéGuyCadou

: «Tout un fragment demavie s’est écroulé́ lorsque le cherRenénous

aquittés.Et

les joursqui passentmeprouvent combien

il est irremplaçable.

C’est une meurtrissure si profonde que le temps ne saurait la guérir. Je n’ai trouvé refuge que dans le travail

[...]. Je tente de gagner le

nécessaireparmaplume,mais je suis bienpeudouépour représentermes propres produits et jeparviens tout juste auplus ànepas fairemourir de faimma femme

et mes deux enfants […]. J’avais espéré sur une série d’émissions avec Carco […] ». « Je vous apporterai cet été quelques-uns de mes livres ». Il s’inquiète pour

son séjour en Bretagne : « Je vois Paul Fort demain afin de préparer avec lui une série d’émissions ». « Je me suis jeté dans une pièce – qui sera montée d’abord

par la Radio […]. Usage interne est paru enOctobre et Seghers vient de publier le premier tome deHélène ou le règne végétal ».

200 / 300 €

86.

Guy de MAUPASSANT (1850-1893). L.A.S. à la comtesse Emmanuela Potocka. Étretat, jeudi [29 octobre

1885]. 2 pp. in-12. Enveloppe timbrée jointe.

Maupassant face à ses souffrances

. « Je suis en effet un peu souffrant, et je vous aurais répondu hier, si je n’avais pas gardé le lit.

J’ai des

névralgies de tête (internes) abominables qui, depuis près de trois semaines me tiennent enfermé. Mais cela n’est rien, et si mes yeux

ne se troublaient pas de plus en plus, au point de me mettre dans l’impossibilité de lire ou d’écrire plus de dix minutes de suite

, je

supporterais patiemment ces petites misères. Par exemple

l’état de ma vue m’énerve au dernier point, me rend sauvage et mécontent de

tout

 ; et c’est un peu par suite de cette mauvaise humeur que je suis resté jusqu’ici absolument seul à Étretat […] »

1 500 / 2 000 €

87.

Guy de MAUPASSANT (1850-1893). L.A.S. à la comtesse Emmanuela Potocka. Plombières [Vosges], « Maison

Rossignol », [fin juillet 1890]. 5 pp. in-12.

Longue lettre intime publiée dans l’ouvrage de PhilippeDahan,

Guy de Maupassant et les femmes

(pp. 160-162). « Entre une douche et un bain, entre une

conversation avec Édouard Kann et une promenade solitaire, je m’assieds à ma table et

j’aperçois en face d’une feuille de papier blanc, un beau visage aux

yeux moqueurs qui me regardent, dans une vision. C’est le vôtre

. Et je lui dis bonjour de tout mon cœur, et une envie de bavarder me vient, qui grandit

en supplice, car je ne peux pas écrire à ces yeux là tout, tout ce que je raconterais à leurs voisines, les oreilles.

Écrire est long, et le papier n’est pas fait

pour le potin. Il est fait de porter de loin, aux gens qu’on aime, les pensées qu’on gardait en soi pour elle

. Depuis que je vous ai quittée, j’en ai rencontré

beaucoup en moi, de ces pensées-là, qui vous sont très dévouées et très attachées.

Je vieillis, décidément. Je me sens des besoins d’intimités affectueuses

que j’ignorais, il y a quelques années

. Je sens que je me rapproche des êtres – Oh pas de tous – de certains êtres, avec des velléités expansives et je ne sais

quelle inquiétude encore d’homme peu habitué à s’épancher. Voilà.

Je ne vous raconterais point cet état bizarre de mon âme de vieux garçon, si vous

n’étiez pour beaucoup dans l’éclosion de cette faculté

[…]. Il me parle d’autre chose aussi, car il est, par moments, après dîner, très bavard. J’ai été obligé

de faire un règlement établissant nos rapports. Voici ce règlement. Je me promènerai toujours seul parce que, moi, je pense. Nous dînerons ensemble parce

que je ne pense pas enmangeant […].

J’ai trouvé ici des belles dames

. Elles sont parties. Une surtout m’a plu beaucoup ; mais je ne l’ai vue que trois jours, et

mon impression n’est pas un jugement. C’est Madame de Sainte Suzanne, fille de la dsse de Noailles [probablement Geneviève de Noailles (1860/1954)]. Je

suis réduit maintenant à la seule Mme de Berckheim, qui d’ailleurs est très gentille bien que peu jolie.

J’ai pour me distraire cérébralement Forain qui est

vraiment un des personnages les plus drôles de Paris

. Ah quel fruit de trottoir exquis. Le jus de la blague parisienne est en lui à la place de sang. J’ai aussi,

pour mes yeux, sa maîtresse, un peintre femme de vingt-cinq ans, dont la figure est charmante […] ».

3 000 / 4 000 €