139
HISTOIRE
par le Sultan de la question marocaine. […] Elle aurait vraiment trop
l’air d’être dirigée contre l’accord franco-anglais ». Il faudrait rétablir
des relations courtoises avec l’Allemagne…
La Conclusion
(20 avril 1905). « Du débat institué sur le Maroc et
sur la diculté survenue entre la France et l’Allemagne s’est dégagée
une conséquence très nette et très heureuse. La Chambre n’a point
voté d’ordre du jour, d’abord pour ne pas compliquer un problème
extérieur des inévitables manœuvres parlementaires qui auraient pu
en fausser les termes ; ensuite parce que des formules sommaires
répondent mal à la complexité de ces sortes de questions ». Jaurès
se méfie de la « politique personnelle » de Delcassé. Rouvier a
obtenu une « unanimité morale [...] en déclarant à la Chambre « que
le gouvernement tout entier assumait la responsabilité collective de
l’action diplomatique, et que cette action s’exercerait dans le sens de
négociations franches, claires, conciliantes », ce dont les socialistes
ont pris acte…
Voie ouverte
(10 avril 1905). « Si faible qu’ait été l’autre jour l’eÀort
de bon sens de M. Delcassé, il a su à amener une détente dans
les relations franco-allemandes ». Jaurès commente la réponse de
Bülow à Delcassé. « La diplomatie allemande croit pouvoir conclure du
langage de notre ministre que celui-ci n’entend pas pratiquer au Maroc,
dans l’intérêt exclusif de la France, une politique de protectionnisme
et de prohibition. Le marché marocain resterait ouvert à toutes les
nations »… Il faudrait donc prendre un engagement précis qui assure
le libre-échange au Maroc, et non ce protectionnisme qui « crée une
petite oligarchie de monopoleurs qui exploitent les indigènes […] Nous
sommes, par l’Algérie, voisins du Maroc : notre trafic méditerranéen
est considérable. Il est donc certain que si le Maroc pacifié, organisé,
s’éveille à la civilisation et au travail, la France y pourra pratiquer des
échanges très étendus sans avoir besoin d’y dresser une muraille de
douanes contre les produits des autres peuples »… Jaurès s’inquiète
de la convocation d’une conférence internationale « qui serait saisie




