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les collections aristophil
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MAINE Louis-Auguste de Bourbon, duc du
(1670-1736)
fils légitimé de Louis XIV et de la Montespan, lieutenant
général, Grand Maître de l’Artillerie.
9 L.A.S. « L.A. de Bourbon », Marly, Versailles, Paris et
Sceaux 1708-1718, à Michel CHAMILLART, « ministre
d’Estat » ; 15 pages in-4, la plupart avec adresse et cachets
de cire rouge ou noire aux armes.
1 500 / 2 000 €
Belle correspondance du duc à son ami ministre
.
Marly 21 février 1708
. Sur la démission de Chamillart des Finances : « ce
n’est que par complaisance pour vous que le Roy y a consenti ; il faut
avoir le cœur aussi bon que vous l’avés pour avoir sollicité un pareil
sacrifice, et je vous reconnois bien a un tel desinteressement ; rien ne
pouvoit me consoler de ne plus voir mon intime ami controleur general
si je ne vous aimois encore plus pour vous que pour moymesme, et
si je n’esperois que vous trouvant desormais moins accablé de travail
nous vous conserverons plus longtemps nous autres militaires pour
nous proteger »…
Versailles
30 août 1708
. « Je n’eus pas le loisir […]
de vous dire en quittant Fontainebleau combien j’estois sensible a la
marque d’estime que vous m’aviés donnée et a l’honneur que vous
m’aviés procuré […] permettés moy de vous repeter que je n’abuserai
jamais des confidences qui me seront faites »…
17 décembre 1712
. « M
e
la d. du Maine doit aller apres Noel s’establir a Versailles et pour lors
je serai bien plus sédentaire ; ainsi rien ne troublera l’audience que
vous me demandés la veille du jour de l’an »…
24 avril 1713
. La partie
de chasse avec M. de BAVIÈRE l’a empêché de profiter du voyage
de Chamillart à la Cour. « Je trouve que la Paix [d’Utrecht, avec la
Grande-Bretagne] estoit en eÀet une conjoncture assés importante
pour vous faire marcher, et que ceux qui examinent vostre conduite
avec le plus de mauvaise volonté et de critique n’ont rien à blâsmer
dans cette démarche ; […] le cœur du Roy n’est point ulceré contre
vous »…
2 juin 1713
. Il aurait beaucoup de joie à le voir pendant leur
séjour à Versailles, et propose le dimanche, entre vêpres et salut :
« je vous entretiendrai bien volontiers tant sur ce qui vous regarde
personnellement, que sur le petit gouspillon de guerre qui nous
reste encore a faire »…
11 mars 1715
. Il partage le plaisir des visites
de Chamillart à Versailles. « Je suis beaucoup moins surpris du
retour de vos visites que je ne l’ay esté de leur soustraction, ainsi je
me laisse aller tres volontiers a croire qu’on en rétablira l’usage. […]
je trouve qu’on seroit trop heureux d’avoir souvent aÀaire a des gens
de vostre caractere, mais je reconnois aussi tous les jours que cest
plus qu’en lieu du monde une marchandise bien rare a la cour »…
Marly
7 août 1715
. « Nos garnisons font un peu trop parler d’elles, et
d’ailleurs les aÀaires de conscience sont toujours sur le tapis. Vous
vous devés trouver bien doucement a la campagne dans de telles
conjonctures ou les oreilles sont rebattues de cent mauvais propos ;
cependant, Monsieur, un cœur comme le vostre ne scauroit joüyr
d’une tranquilité parfaite, connoissant les peines que le Roy peut
avoir »… Paris
3 septembre 1716
. Compliments de condoléance [sur la
mort de la fille cadette de Chamillart, Marie-Thérèse d’Aubusson, peu
de temps après celle de son fils unique] : « il n’y en aura certainement
point qui soient si sinceres que les miens ; personne ne s’interressant
plus que moy a tout ce qui vous touche »…
Sceaux 5 septembre 1718
.
Il apprécie son compliment sur sa « cruelle avanture [sa déchéance
du titre de prince du sang] ; l’innocence la plus parfaite ne m’a
point mis a l’abry de ce coup terrible, mais elle fait que je le reçois
avec le silence et le profond respect que j’ay eu toute ma vie pour
mes maistres »…




