les collections aristophil
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MAZARIN Jules
(1602-1661) cardinal
et homme d’État.
L.A.S. « Le Card
l
Mazarini » (le début
de la lettre est dicté à un secrétaire),
Saint-Jean de Luz 18 août 1659, à
Mme de
VENEL
, à La Rochelle ;
2 pages et demie in-4, adresse avec
cachets de cire rouge (brisés).
1 500 / 2 000 €
Curieuse lettre à la gouvernante de ses
nièces, écrite quelques jours après avoir
commencé les négociations de la Paix des
Pyrénées, et alors qu’il est fort irrité par
la passion entre sa nièce Marie Mancini
et le jeune Louis XIV
.
Il savait déjà que la Reine lui écrirait de
mener ses nièces à Saint-Jean d’Angély,
et Sa Majesté peut disposer librement de
tout ce qui est à lui. « Vous me mandes que
mes niesses avoient escrit des lettres fort
civiles a M
e
la Princesse de
CONTY
et M
e
la contesse de
SOISSONS
mais vous ne me
dites pas, que elles ont fait ce grand esfort
seul
t
le jour auparavant leur depart de La
Rochelle quoy que vous scachiez que je
leur avois fait assez connoistre quelles ne
devoient pas diÀerer un moment a faire ceste
civilité, mais ma niesse [MARIE MANCINI]
scait mieux comme se faut conduire que
moy, et Dieu mercy a trop desprit pour
se pouvoir resoudre a déferer au conseil
de personne. Je vois mesme avec grand
desplaisir quelle entraine Hortense en toutes
ces resolutions, mais je nen suis pas surpris
parce que ma niesse luy aura persuadé que
se conformant a sa volunté, luy faira avoir une
grande fortune, et Hortense qui est encor un
enfant doibt croire cela comme un Evangile.
On me mande de la Court quelle et sa seur
non seulement navoient pas visité la P
e
de
Conty et M
e
la Comtesse qui les avoit convié
a soupper, mais quelles ne luy avoient pas
parlé, voyez si cela est bon et sils nont pas
raison ceux qui en font des risées. Je vous
promet que la Court en est scandalisé, et
quil est ennuieux que mes niesses par leur
mauvaise conduitte donnent sujet à tout
le monde de faire des comedies à leurs
despens. Je serois ravy de savoir ce que
Marie pense, et si avec touttes les flateries
que luy font les faiseurs d’oroscopes, elle ne
scait pas que a pris le chemin destre la plus
malheureuse de son siecle, elle voira sans
y pouvoir remedier, que je ne me suis pas
trompé dans mon calcul et que touttes les
follies quelle cet mis dans lesprit nabutiront
que à la rendre miserable »…




