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HISTOIRE
que pour l’utilité particuliere des princes
legitimés, que M
r
le duc du Maine et ses
enfants mâles, M
r
le comte de Toulouse et
ses enfants mâles et leurs descendants mâles
nés en legitime mariage fussent declares
capable de succeder a la Couronne »… Le
Roi déclara regarder cette mesure comme
un devoir envers ses sujets, pour éviter des
troubles si la succession n’était pas réglée,
et la précaution de répéter
après le dernier
des princes du sang
« l’avoit persuadé qu’il
ne faisoit tort à personne »…
On joint une L.A.S. de son père
Jean-
Jacques III de MESMES, comte d’AVAUX
(1640-1688), dans ses fonctions de maître
des cérémonies des ordres du Roi, à
l’historiographe et généalogiste Jean DU
BOUCHET (1 page et demie in-4, adresse
avec cachet de cire rouge brisé). « Le Roy dit
hyer a son couché qu’il feroit monseigneur
au jour de lan seul chevalier de lordre et
il me demanda combien il y avait eu de
promotions depuis la creation. Je ne pus luy
en rendre un conte exact, vous m’obligeries
monsieur si vous pouvies me le mander, et
si vous voulies bien les distinguer par dattes
et par les lieus ou elles ont esté faittes et
par quels Roys. […] Si vous aves la liste des
chevaliers qui restent vivans vous m’obligeres
de me l’envoier aussi pour voir si elle est
conforme a la mienne et si je n’en oublie
aucun »…
Plus
3 P.S. de la famille de Mesmes d’Avaux
1658-1683).
752
MIRABEAU Victor de Riquetti,
marquis de
(1715-1789) économiste,
« l’Ami des hommes », père du grand
orateur de la Révolution.
L.A.S. « Mirabeau », Paris 18 avril
1774, au chevalier de GASSAUD à
Manosque ; 2 pages et demie in-4,
adresse avec fragment de cachet
de cire rouge (réparation au feuillet
d’adresse).
400 / 500 €
Violente lettre contre son fils
.
[Mirabeau, harcelé par les créanciers, a dû
obéir à une lettre de cachet obtenue par son
père qui le force à résider à Manosque ; il a
trouvé asile avec sa jeune femme chez M.
de Gassaud. On mesurera dans cette lettre
de « l’Ami des Hommes » combien il était
sévère avec son fils.]
Il est fâché de l’embarras que cause son fils
à M. de Gassaud... « il n’alloit pas a penser
qu’on ne put trouver un gite quelconque
dabord et je ne le voulois pas bon ; car enfin
Monsieur ou il faut desesperer a jamais de
cette tête là, ou sans le perdre, et ménageant
751
MESMES Jean-Antoine III de,
comte d’AVAUX
(1661-1723) magistrat,
premier président du Parlement de
Paris (de l’Académie française).
MANUSCRIT autographe d’un
discours, [fin juillet 1714] ; 4 pages et
quart in-fol.
600 / 800 €
Important discours au Parlement relatif
à l’a£aire des « légitimés » : le premier
président du Parlement présente aux
parlementaires l’édit de Marly.
[Par cet
édit de juillet 1714, Louis XIV fit princes
du sang les fils qu’il avait eus de Mme de
Montespan, et qui prendraient rang dans
l’ordre de succession au trône.]
Dimanche dernier, le procureur général et
lui ont été appelés à Marly pour prendre
les ordres du Roi. Ils furent introduits dans
son cabinet à l’issue de son dîner : « Alors
le roy nous fit l’honneur de nous dire qu’il
avoit résolu apres de tres serieuses reflections
de changer le rang de M
r
le duc du MAINE
et de M
r
le comte de TOULOUSE que sa
volonte étoit de l’egaler en tout a celui des
princes du sang qu’il vouloit qu’au Parlement
ils pussent prendre seance a quinze ans
comme les princes du sang, qu’en même
ils n’auroient point de pairies »… En un
mot, le Parlement leur rendrait les mêmes
honneurs qu’aux princes du sang. En outre,
« ayant porté ces veües plus loin en cas
que Dieu dans sa colere nous enlevât tout
ce qui nous reste de prince légitime de
l’auguste maison de Bourbon, son intention
etoit beaucoup plus pour l’interest de l’etat
au contraire touts les moyens de le sauver il
faut la fraper par les eÀets amplement mérités
de la sévérité publique et privée et faire
révolution dans ce moulin a vent d’orgueil.
Dans ce plan là Monsieur l’inébranlable
tendresse et la douce participation a ses
malheurs prétendus, mais très réels pour
sa respectable femme, votre compagnie et
la sage participation que vous voulez bien
prendre a son sort, sont des émolliants qui
pourront, si dieu le veut, fondre son cœur et
ramener sa tête ». Il espère obtenir pour son
fils un logement au baillage du château, et
parle du « dédale immense de la vérification
et liquidation des dettes de cet insensé [...]
vous m’avouerez qu’en létat de défiance ou
il a mis tout le monde sur ses extravantes
entreprises, faire couper des pins, vendre
des fours a chaux et surtout le pauvre galon
dun vieux lit de famille, apelé de père en fils
le beau lit
[...] sont des faits qui peuvent faire
croire un homme qui habite une maison
d’emprunt [...] capable de tout. Au 1
er
avis je
n’ay pas cru devoir diÀérer de l’empêcher de
se perdre tout a fait par des détails d’insulte
et de démence »...




