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217

HISTOIRE

précisés non seulement le sujet et la date, mais souvent aussi l’heure, la

luminosité (soleil, ombre, pluie), le temps de pose et des informations

techniques : « pellicule détériorée par le thioxydant Lumière », etc. Les

dernières photographies du 6

e

album sont postérieures à la guerre :

pèlerinages à divers sites, décoration de l’abbé Roux de la médaille

militaire (1921) et de la Légion d’honneur (1960).

En guise d’avis au lecteur, Loys Roux écrit : « J’ai durant la guerre

noté à peu près tous les jours les évènements et mes impressions.

Mais je ne rapporterai ici que l’intéressant et l’utile. » Et d’ajouter,

à l’encre rouge : « J’ai relu ce journal et j’ai pensé qu’il valait mieux

gratter certains passages et certains noms, pour ne pas nuire à des

réputations. » Pourtant il dénonce nommément, et à de nombreuses

reprises, le major militaire incompétent de son bataillon, et il renonce

à supprimer des passages violents de son journal à l’époque des

mutineries : « Pourquoi cacher la vérité aux lecteurs ? »… Également à

l’encre rouge, il a noté des anniversaires de faits de guerre de l’histoire

de France (batailles, investissement de villes, traités de paix, depuis

la guerre de Cent Ans jusqu’à celle qu’il a vécue), des commentaires

éditoriaux (notamment sur les « fotos »), et des références à

L’Imitation

de Jésus-Christ

. Malgré son avertissement de discrétion,

Mon

journal de guerre

demeure un vibrant témoignage de l’expérience

de cet aumônier-infirmier, et de celle des poilus qu’il suivit. Auprès

d’eux, Loys fit la campagne d’Alsace d’août 1914, celle de Lorraine

de septembre, la guerre de positions dans le secteur de Saint-Dié,

d’octobre 1914 à décembre 1915 ; il fut en Alsace et à la bataille de

la Somme, et prit part aux campagnes de 1917 et 1918. Poursuivant

289 photos, et environ 160 documents), 1917 ([7]-473 p., 352 photos,

et environ 130 documents), 1918 ([7]-600 p., 289 photos, et environ

140 documents). Roux y a joint un

Historique du 23

e

R.I.

manuscrit

relié au début et à la fin des volumes, en complément des années

concernées.

Les

photographies

de

Mon journal

sont le plus souvent de petit

format (en moyenne 6 x 11 cm). Celles des albums sont de grandes

épreuves (environ 17 x 23 cm). Dès le 8 novembre 1914, Joseph

écrivait à leurs parents : « Ns sommes très bien placés ici pour

tirer de superbes photos de la guerre. Donc envoyez-ns mon petit

appareil 9 x 12 pas celui de Loys q. je ne connais pas assez bien. Le

mien. […] N’oubliez pas de regarder si la poire est dedans. Envoyez

l’appareil avec les châssis mais sans plaques. Ns ns débrouillerons

pour le reste. Cepdt. joignez-y 1 ou 2 pochettes de papier au gélatine

bromure 8 x 12 de 24 feuilles chacune, du Lumière »… Joseph reçoit

le paquet le 24 novembre : ses premières photos émaillant le

Journal

montrent les corvées, leur ošcier gestionnaire, un abbé, des tombes

dans un jardin et un trou d’obus, des maisons bombardées et une

fabrique incendiée par les Allemands… Le reportage photographique

qu’il commença alors, et qui fut poursuivi par son frère et d’autres, à

toute heure et par tous les temps, montre la guerre telle qu’un poilu

pouvait la connaître : tranchées, boyaux, barbelés, fusées éclairantes ;

brancardiers, prisonniers de guerre, soldats en masque à gaz et civils

en fuite ; villages, champs et forêts dévastés ; corvées et instants de

repos ; blessés et morts ; enterrements sommaires ou cérémonieux ;

régiments coloniaux ou alliés ; moments de camaraderie… Sont