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les collections aristophil

222

788

SAINT-AIGNAN François de

B

EAUVILLIER

, duc de

(1610-1687) pair

de France, premier gentilhomme

de la Chambre, lieutenant-général,

ordonnateur des fêtes de la Cour,

poète (de l’Académie française).

2 L.A.S. « Le Duc de St Aignan », 1674-

[1680 ?] ; 3 pages in-4 chaque (un

portrait gravé joint).

500 / 700 €

Le Havre 4 juin 1674

, au marquis de

SEIGNELAY,

comme gouverneur du Havre

.

Le Roi ne sera pas fâché de recevoir des

nouvelles de la Manche et de l’armée navale

ennemie : « les divers mouvemens de ceste

flotte les rend sy incertaines qu’on ne les

a pas tousjours bien sceuës ; on mescrit

mesme de Paris ce matin qu’elle est hors

de la Manche et quaparemment elle va à

Bayonne à Beslisle ; ou en Ré ; mais elle a

reviré vers les Dunes. […] ce matin estant allé

à cheval sur les quatre heures à deux lieuës

d’icy vers les costes, j’ay entendu un grand-

nombre de coups de canon de ces costés

là ; mais je ne peux juger ce que ce peut

estre ; ny quel dessein ces gens la peuvent

avoir sy ce n’est d’attendre que M. le Prince

soit attaché à quelque place pour tomber sur

le lieu qui leur sera le plus facile ; car pour

Dunkerque je m’imagine que quelque envie

qu’ils en ayent, ils auront peine à la passer »…

Du reste, les places de ce gouvernement

789

SAINT-EXUPÉRY Antoine de

(1900-

1944) aviateur et écrivain.

MANUSCRIT autographe,

La Guerre

,

[mars 1939 ?] ; 4 pages et quart sur 5

feuillets in-4 de papier pelure jaune,

avec ratures et corrections, paginé en

bis de 3 à [7], avec un petit

croquis

à

la plume de visage en tête.

4 000 / 5 000 €

Manuscrit sur l’inéluctabilité de la guerre

contre l’Allemagne expansionniste, après

l’invasion hitlérienne de la Tchécoslovaquie

(15 mars 1939).

[Saint-Exupéry était parti début mars 1939 faire

un voyage en auto en Allemagne, rapidement

interrompu le 15 par les événements. Ce

texte, peut-être conçu comme un reportage,

semble

inédit

. Un développement sur le blé

est très proche d’un paragraphe de

Pilote

de guerre

(Pléiade, t. II, p. 207).]

« L’Allemagne. L’entrée à Prague. […] d’où

vient cette atmosphère sans enthousiasme ?

Sur les petits chemins de campagne des

troupes et des troupes et des troupes. […]

Dans cette auberge l’hôtesse, qui regarde

passer les hommes nous parle : c’est terrible,

n’est-ce pas ? On va certes lui prendre ses

fils. Elle a cinq fils. Elle résiste à la guerre.

Elle ne comprend pas la guerre. Mais voilà

longtemps que je ne crois plus au langage

intellectuel. Celle-là résiste à la guerre.

D’autres résistent à la guerre. Il faudrait sans

doute sonder loin les cœurs pour découvrir

même dans les jeunes gens, sages vides

et fatigués, autre chose que le refus de la

guerre. Où est-elle donc l’acceptation de

la guerre ? Et cependant elle est possible.

Voilà les témoins de la menace, tous ces

insectes carnivores, tous ces instruments

huilés […] polis, brillants qu’un peuple s’est

forgé comme un outil. Et qui s’écoulent vers

les routes en direction de Prague. Les écailles

de métal on les installe dans les campagnes

et les campagnes changent de sens. Je songe

aussi au mystère des natures, au mystère de

l’être. Il sušt d’un instrument semblable aux

lisières d’un champ de blé et voilà que le blé

change de goût. Le pain n’a pas le même

goût. Le chant du moissonneur change de

sens. Toutes les seringues injectent leurs

venins et transforment l’être en un autre être.

Et cependant l’on n’a rien changé de la paix

des campagnes, du coup de vent dans les

moissons. Mais qu’est-ce qu’un champ de

blé ? L’homme n’est pas un bétail à l’engrais.

Il y a le cantique du blé et le poème de la

moisson. Le blé cet élément spirituel aussi.

sont en état de peu les craindre, et lui-même

« prest à me mettre à la teste d’un corps

de neuf à dix mil hommes ». Avec leurs

quatre pièces de canon, il a « peine a croire

que leur milice batte celle-cy ; bien que le

comte d’Hornes et Farjeau se promettent

merveilles »…

[1680 ?, à Madeleine de SCUDÉRY].

Belle

lettre relative aux

Conversations sur

divers sujets

de Mlle de Scudéry

. Il a

reçu son présent à genoux : « Ce qui vient

de vous mademoiselle porte avec soy une

recommandation qui charme ceux à qui il est

addressé ; et je me fais un sy grand honneur

de voir quayant ecrit d’aussy belles choses

vous m’ayés cru capable d’en connaistre le

prix que je vous en seray obligé toute ma vie ;

ces livres incomparables que vous nommés

si galammant des amys commodes nont pas

demeuré longtemps seuls dans mon cabinet.

J’ay desja eu une longue conference avec le

premier, qui m’a dit des choses sy delicates

sy justes et si bien tournées a la louange du

Roy que j’ay devoré ce que je devois gouster

peu a peu »… Il admire en particulier ce que

dit Timocrate à Telesile et à Cephise, de ce

grand monarque, « ma passion dominante »,

et l’entretien de Chrisante et Noromate, « qui

m’a fait connaistre que les religieux les plus

sçavans et les plus zellés ne sont pas ceux

qui parlent le mieux contre le libertinage ; et

que mademoiselle de Scudery est tousjours

inimitable »…

Au dos de la lettre, Madeleine de SCUDÉRY

a noté de sa main : « Le Duc de St Agnan ».