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HISTOIRE

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EISENHOWER Dwight David

(1890-1969) général et

homme politique américain, Président des États-Unis.

L.A.S. « Ike », [Londres] 7 juillet [1944], à sa femme Mamie

EISENHOWER à Washington ; 4 pages in-4, enveloppe

avec signature autographe pour le visa de censure et note

autographe au porteur, son ami George ALLEN ; en anglais.

5 000 / 6 000 €

Belle et longue lettre a£ectueuse à sa femme, quatre semaines

après le débarquement de Normandie

.

Il parle de leur fils John, qui a été diplômé de l’école militaire de

West Point le jour même du Débarquement, et évoque l’anniversaire

de leur mariage (1

er

juillet 1916).

Il confie cette lettre à George ALLEN ; il présume que Mamie se

trouve à Fort Benning…Johnny lui manque ! Tout en ayant envie de

le voir, il ignorait combien il appréciait de l’avoir à ses côtés, jusqu’à

ce qu’il parte. Johnny aurait beaucoup aimé l’accompagner, ces

derniers jours ; parti de Londres le lendemain du départ de John, Ike

a traversé beaucoup de pluie et de boue, et vu beaucoup, beaucoup

de troupes. Il est très content que tant d’ošciers aient vu Johnny,

certains pour lui parler un peu. Presque tout le monde arrive et se

concilie aussitôt les bonnes grâces d’Ike en louant son « admirable

fils », etc. Il a reçu son message adorable le 1

er

juillet, mais elle ne

fait aucune mention des fleurs : il s’était arrangé pour qu’elle en ait.

Cependant son message l’a ragaillardi. Si seulement cette guerre

pouvait être terminée avant leur prochain anniversaire (la guerre

européenne, s’entend), ils seront certainement ensemble, dût-il

s’absenter sans permission… Il évoque une accumulation de petites

tâches due à l’absence de personnel de bureau, une aÀaire entre

son frère Milton et Jack Connolly... Tata a dû être déçue de rater la

remise de diplômes de John ! Ike pense que ce fut une bénédiction,

pour John, que Mike finît par produire des enfants, faute de quoi

John eût ressenti un tel fardeau de responsabilité en assumant, seul,

les espoirs d’une famille entière, qu’il se serait enfui vers une île des

Mers du Sud !! Sans doute que John a donné une bonne image de

leur manière de vivre. D’une certaine manière, c’est une existence

très ordinaire, mais comme il n’y a jamais de moment sans stress ou

sans problème, le temps passe vite, et on se demande où il est parti…

Souvent il redoute de se rappeler une époque où il ne portait pas

tous ces fardeaux, mais d’un autre côté, c’est seulement hier qu’ils

étaient ensemble au Fort Myer, et qu’elle s’est tenue près du mât

porte-drapeau pour lui faire signe d’adieu. Parfois elle lui manque

tant, il pourrait tout faire, sauf agir lucidement. Il n’y a qu’elle, en ce

qui le concerne… Leurs bons amis, dont le général Smith, Butch et

Bill Wyman vont bien… Il termine par l’expression de sa tendresse…

« How I miss Johnny. While I was keen to see him, I didn’t know just

how much I appreciated having him by my side until he was gone.

He would have thoroughly enjoyed goin g with me these last few

days. I left here the day after he did - and I’ve ploughed through rain

and mud and seen lots and lots of troops. I’m so glad that lots of

the ošcers around here got to see him some to talk to him a while.

Almost everyone that cornes in gets on my good side right away by

saying ‘what a fine son’ […] «Unquestionably he [John] has given you

a good picture of how we live. In some ways it is a most hum-drum

existence, but since there is never a moment that doesn’t have its strain

or particular problem, the time rushes by and you wonder where it

has gone. While I often feel that I cannot remember the time when I

was not carrying these burden, I feel, on the other hand, that it was

only yesterday that we were at Ft. Myer together, and you stood

by the flagpole to wave good-bye. Sometimes I miss you so much

I could do anything except to act sanely. There is no one else but

you, so far as I’m concerned »…

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ESPAGNE

.

CEVALLOS Pedro de

(1760-1840) homme d’État

espagnol.

MANUSCRIT,

Exposition des faits et des trames qui ont

préparé l’usurpation de la Couronne d’Espagne, et des

moyens dont l’empereur des Français s’est servi pour

la réaliser

; par S. Ex. M. de Cevallos, premier secrétaire

d’État et des Dépêches de S.M. Ferdinand VII. Traduit

littéralement de l’espagnol. 1808 ; petit in-4 de 69 À. ; reliure

de l’époque demi-veau brun, tranches jaunes (reliure du

temps).

600 / 800 €

Manuscrit exécuté à l’époque de la traduction de l’

Exposición de

los hechos y maquinaciones que han preparado la usurpación

de la corona de España

(1808), publiée pour la première fois

clandestinement en 1809. On trouve à la fin le

Manifeste de la nation

espagnole à l’Europe

, signé de Marin de GARAY, secrétaire de la

Junte suprême, appelant à combattre Napoléon sans trêve ; et trois

lettres de MURAT au général Dupont, prouvant que l’intention des

Français a toujours été de prendre le pouvoir en Espagne. Interdite,

la traduction française de l’ouvrage circulait ainsi sous le manteau

sous forme de copies manuscrites.

La guerre d’Espagne fut pour les Espagnols

la guerra de la

Independencia

. Le pamphlet exprime la résistance à l’envahisseur

de la part d’un peuple spontanément et unanimement dressé contre

l’occupant. Cevallos dénonce vigoureusement l’usurpation française,

accompagnant son texte de pièces justificatives : traités secrets,

correspondance, etc.

Provenance

:

Bibliothèque impériale de Dominique de VILLEPIN

,

19 mars 2008, n° 107.