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HISTOIRE
depuis longtems a son égard. Mais j’espere
que vous aurez la bonté de lui faire part de
cette lettre, qui lui rendra compte de cette
aÀaire et de ma conduitte. […] vous voudrez
bien la lui communiquer d’abord, et afin
qu’il soit au fait, avant qu’on lui parle. On ne
peut vous honorer avec plus de zele que je
le ferai toute ma vie. »
Correspondance de Fénelon
(éd. J. Orcibal),
t. VIII, p. 448, n° 585.
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FÉNELON François de Salignac de
La Mothe
(1651-1715) prélat et écrivain,
archevêque de Cambrai.
L.S. « Fr. Arch. Duc de Cambray »
avec post-scriptum autographe,
Cambrai 25 février 1699, [à Michel
CHAMILLART] ; 7 pages in-4 (dont ¾
autographe).
1 000 / 1 500 €
À propos d’une contestation sur un arrêt
de 1620 concernant la possession par
le diocèse de Cambrai de l’abbaye de
Solesmes
.
Fénelon ne met pas « en doute la sentence
de la Cour souveraine de Mons, qu’on
voudrait croire fausse. Rien ne permet de
la soupçonner dans toutes ses circonstances.
Il est de notoriété publique dans tout le païs
que la sentence a été eÀectivement renduë
a Mons. Il n’est plus question que de savoir
si cet acte est le veritable. Mais il est hors
de doute que le veritable doit être conçu
à peu pres de même que celui qu’on veut
contester. La mémoire de cette sentence
renduë est encore recente. Il reste des
hommes vivants qui ont connu le Greer
Bourgeois, les Avocats et les Procureurs qui
ont travaillé dans cette aÀaire. Les enfans des
Conseillers de ce tems la se souviennent
encore de leur en avoir ouï parler. Le GreÀe
est plein de signatures du Greer Bourgeois.
Il ne faut pas s’étonner que cette sentence ne
se trouve point sur un registre. Il est constant
qu’en l’an 1620 la simplicité flamande se
passoit de cette precaution d’enregistrer
les sentences […]. Cet acte étoit entre les
mains d’un Archidiacre de notre Metropole
petit neveu d’un S
t
Archevêque qui avoit fait
rendre la sentence, et dont la mémoire est
en benediction dans toute la Flandre »… Tout
le clergé de la province accuserait Fénelon
d’abandonner les droits de l’Église s’il mettait
en doute un acte qu’on croit authentique ; on
doute plutôt de l’avis des experts de Paris…
Fénelon projette plutôt de faire examiner cet
arrêt par les experts du pays, en le comparant
à d’autres pièces au greÀe de Mons… Autre
chose : « Vous trouvez que la proposition
que j’avois faitte pour un accomodement, ne
tient pas les choses en egalité entre l’Eglise
de S
t
Denys et la nôtre. D’un costé, dittes
vous, M
r
DAGUESSEAU auroit un pouvoir
pour condamner l’abbayë de S
t
Denys, et de
l’autre il n’en auroit point pour condamner
l’Eglise de Cambray. Ainsi faute de pouvoir on
feroit une negociation inutile et on perdroit un
têms precieux »… Pour Fénelon, l’égalité serait
parfaite : d’Aguesseau n’aurait aucun pouvoir
absolu en qualité de juge de rigueur, mais sa
sagesse susciterait la déférence et éviterait
un procès… Fénelon a proposé une simple
négociation amiable pour ne pas froisser le
clergé flamand « jaloux de ses droits » ; en
les faisant entrer en négociation, « les avis
de M. Daguesseau me serviroient de tiltre
pour les mener aux expediens, et pour leur
inspirer la deance de nôtre cause que vous
souhaittez »… Il est sûr qu’ils parviendront
rapidement à un accommodement, et si
on avait accepté cet expédient lorsqu’il le
proposa, tout serait fini. Mieux vaut adjoindre
à d’Aguesseau un seul des deux magistrats
proposés. Fénelon met en garde contre le
risque de perdre comme garant le prince de
BERGUES, héritier de son oncle archevêque
qui a fait l’acquisition de Solesmes…
Il ajoute de sa main son intention de ne
pas écrire au duc de BEAUVILLIER, « pour
n’interrompre pas un silence que je garde




