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les collections aristophil
LES ANNÉES 1920 - 1930
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GLEIZES ALBERT-JEAN
(1881-1953)
La Peinture et ses lois ou Du cubisme à une nouvelle
application du naturalisme dans l’œuvre plastique
,
manuscrit autographe signé.
S.d. [1922], 28 pages in-4 à l’encre violette sur papier,
sous chemise avec titre autographe et la date
commencé le 5 juin 1922 ».
5 000 / 7 000 €
Début de l’essai autographe proche de la version publiée, 2 pages in-4 ;
Essai autographe assez différent de la version publiée, 23 pages in-4 ;
Sommaire intitulé :
L’Œuvre peinte
, 1 page in-4.
Il est joint
un quart de page d’un manuscrit qui provient
vraisemblablement d’un autre.
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GIRAUDOUX JEAN
(1882-1944)
Bella
, manuscrit autographe signé.
21 janvier 1925, 205 feuillets in-folio à l’encre, relié maroquin
rouge, armoiries sur les plats, cadre intérieur de maroquin
et filets dorés, étui (René Aussourd).
15 000 / 20 000 €
Manuscrit autographe signé complet, seul existant, du chef-d’œuvre
romanesque de Jean Giraudoux.
Ce manuscrit de Bella de Jean Giraudoux, jusqu’alors inconnu (Brett
Dawson, éditeur de Bella dans les
Œuvres romanesques complètes
de la Bibliothèque de la Pléiade, déplorait sa disparition), révèle
une version primitive très différente du texte imprimé. On y saisit la
genèse complexe de ce roman, probablement le plus beau et le plus
riche de Giraudoux, qui, à côté d’un troublant portrait de femme,
met en scène la lutte entre deux personnalités politiques Rebendart
et Dubardeau, derrière lesquelles on a reconnu l’affrontement de
Raymond Poincaré et Philippe Berthelot. Le manuscrit est daté en
fin « 21 janvier 1925 ». À partir de son achèvement, Giraudoux va
profondément remanier son texte avant la prépublication dans La
Nouvelle Revue française du 1
er
octobre 1925 au 1
er
janvier 1926.
D’importants passages vont notamment être supprimés et formeront
des chapitres de La France sentimentale ; un autre chapitre se
retrouvera dans Églantine. L’édition originale paraît chez Bernard
Grasset dans la collection des « Cahiers verts ». La Bibliothèque
nationale conserve des esquisses et ébauches antérieures à notre
manuscrit, et divers fragments de rédactions successives, ainsi que
d’autres fragments qui se rattachent au remaniement du roman.
Ce manuscrit est le seul complet. Il est écrit au recto de grands feuillets,
avec une faible marge sur la gauche, et semblerait une mise au net, s’il
n’y avait quantité de petites ratures, corrections ou additions. Outre
les remaniements dans la structure du roman, le manuscrit présente
quantité de variantes textuelles, souvent considérables. Giraudoux va
hésiter sur le prénom de son héroïne : Julienne, Simone (plus tard
corrigé en Bella au f. 78). Il va changer des noms (Crapuçon deviendra
Crapuce, le marquis Basquetot deviendra baron Basquettot), mais
aussi des lieux : ainsi, le fief de Rebandart qui est situé en Lorraine
dans le manuscrit sera transporté en Champagne (Lunéville devenant
Reims, etc.), pour éviter un rapprochement trop clair avec Poincaré ;
l’Automobile Club deviendra le Sporting, etc.
Le premier paragraphe, comme une sorte de bref prologue, est
inédit : « Emmanuel Moïse ?... Au fait, pourquoi ne pas vous parler
de Moïse ? Parce que j’appartiens à une famille illustre, tous les petits
rôles de comparses tenus dans l’existence des autres enfants par un
capitaine en retraite, un fondé de pouvoirs de la Société Générale, une
bourgeoise légère, l’ont été, dans ma jeunesse, par des géants, par
le Maréchal Foch lui-même, par Pasteur, par Madame Steinheil. Les
rôles de confidents, de pères nobles, de traitres vont être attribués,
dans cette histoire, pour respecter la vérité, à des présidents de
l’institut, des fondateurs de la chimie moderne, des présidents du
conseil. Mais il m’était aussi doux d’être amoureux entre l’extrême
puissance, le génie, l’extrême richesse, de heurter chacun de mes
mouvements d’amoureux anonyme et maladroit à des noms ou des
actions illustres, que de conduire mon amour en Suisse, comme les
autres font, et de l’entourer de montagnes ».
Deux lettres autographes, de 4 et 3 pages in-16, sont insérées dans
l’exemplaire, adressées à l’heureuse propriétaire d’alors du manuscrit
de
Bella
.




