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les collections aristophil
LES ANNÉES 1920 - 1930
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JACOB MAX
(1876-1944)
Lettre autographe signée adressée à Kees VAN DONGEN.
Presbytère de Saint-Benoît-sur-Loire, 5 juillet 1921,
1 page in-4 à l’encre sur papier, enveloppe conservée.
400 / 500 €
Très belle lettre.
« Cher vieux. Je suis bien loin. Merci ! mon cher ami, merci de
penser à moi bien loin moralement de Paris. Je travaille comme un
cheval de labour. Ta fête sera bien jolie et je regrette un peu d’en être
privé ; je regrette un peu, très peu. Il y a trop de fêtes dans ma vie et
trop peu de travail. Je me rattrape en ce moment. Je suis dans un
jardin entre un presbytère qui ressemble à la chaumière de Trianon
et une Basilique en plein champ, qui passe pour la plus belle église
romane de France. Peu m’importe. Je fais de la prose et des vers et
comme il y a ici un pèlerinage, je suis les offices qui sont en chant
grégorien pur, et les processions ». Il lui envoie ses compliments et
à son épouse, au nom de « cette vieille amitié que tu sais et qui date
de loin », et lui rappelle l’époque où « Clément Vautel était directeur
artistique du Rire et que nous nous rencontrions dans l’antichambre
toi en bottes et moi, Dieu sait comment ? ». S’ils pensent aux pauvres,
le curé de Saint-Benoît « ne manque pas de misères à soulager […] ».
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JACOB MAX
(1876-1944)
Lettre autographe signée adressée à des amis.
Saint-Benoît-sur-Loire, 16 août 1921, 3 pages in-12
à l’encre sur papier.
600 / 800 €
Amusante lettre écrite peu après son installation à Saint-Benoît-
sur-Loire.
« La Providence prend soin de mes besoins spirituels, elle vous a placé
près de moi pour les autres, bien souvent. Cher monsieur Robert, vous
m’aviez si généreusement lesté deux mois d’avance le 24 juin que je n’ai
point été surpris de ne rien recevoir de vous le 24 juillet ; voici venir le
24 août ! La Loire a beaucoup baissé par suite de la chaleur. Je n’insiste
pas sur une comparaison dont vous devinez, chers messieurs, l’autre
terme. [...] Ma vie n’a d’autres événements que ceux que j’invente en
mes écrits. Les pompes de l’Eglise, comme dit Eliacin à Athalie, sont
mes seules distractions et le plaisir, si l’on peut dire, de faire jouer les
enfants du village dans le jardin au Presbytère qui est le patronage.
Parfois Mr le curé a quelque hôte à la table : ce sont de braves paysans
qui ne sont même pas un champ de microscope pour mon monocle
tant ils sont simples et clairs. Nous avons ici en vacances un jeune
séminariste qui est rétif, révolutionnaire et très savant. Je n’ai d’autre
plaisir près de lui que la mortification de me sentir vaincu en sciences,
en art, en histoire, en géographie et in omni re scibili. Il fait du bien à
mon humilité, m’apprend un peu de théologie et me révèle sur l’histoire
de France ce qu’on apprend dans les livres écrits en latin et qu’on ne
révélait pas aux bacheliers de mon temps […]».
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JACOB MAX
(1876-1944)
Lettre autographe signée adressée à Armand SALACROU.
S.l., [21 mars 1925], 2 pages in-8 à l’encre sur papier, sous
encadrement.
700 / 800 €
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IRIBE PAUL
(1883-1935)
Les Robes de Paul Poiret.
Paris, chez Paul Poiret, 1908. In-4 carré, veau acajou poli
à l’agate, baguette d’ébène en angles sur veau olive, au mors,
bordure en veau aniline olive gaufré et riveté, pièces de mors
en galuchat, dos en veau aniline olive gaufré, doublure
de nubuck taupe, premier plat de couverture, boîte à dos
de veau (Jean de Gonet, 1991). (Décharges sur les feuillets
de garde, premier plat de couverture restauré).
12 000 / 15 000 €
Édition originale limitée à 250 exemplaires numérotés sur Hollande
avec 10 planches imprimées coloriées au pochoir de Paul Iribe.
C’est en 1908, avec
Les Robes de Paul Poiret racontées par Paul Iribe
que le grand couturier révolutionne le genre : il met à la mode les
couleurs vives appliquées au pochoir et les modèles dessinés en aplats.
Cet album raffiné, le premier du genre, influença toute une époque et
donna naissance à un style. Paul Poiret, qui appréciait les dessins d’Iribe,
relate dans le journal Le Témoin, sa rencontre avec le dessinateur en
1908 : « Je confiai à Iribe mon intention de réaliser une très jolie édition,
destinée à l’élite de la société : un album de ses dessins représentant
mes robes serait adressé à titre d’hommage à toutes les grandes
dames du monde entier ». À la fois dessinateur de presse, illustrateur
de livres, dessinateur publicitaire et décorateur, Paul Iribe collabora
à une cinquantaine de périodiques, fonda plusieurs journaux, et créa
des catalogues publicitaires pour Ford, Nicolas, Mauboussin, Poiret.
Bel exemplaire relié par Jean de Gonet.
Détails
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Lettre chaleureuse et amicale adressée à l’écrivain Armand Salacrou
(1899-1989).
« C’est une humble borne kilométrique, qui t’écrit ce soir de mars.
Demain, printemps ! bourgeon, toi même ! Pauvre borne kilométrique
sur laquelle on est tant monté pour voir se lever le soleil. On a
beaucoup pissé sur elle les voyageurs et les simples passants. Voici
que le long du chemin tu vois d’autres et d’autres bornes, chacune
porte un numéro. N’oublis pas les chiffres de celle-ci, des chiffres
qui portent bonheur 13 à droite ! 28 à gauche ! 77 derrière […] ».




