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L’égalité devant la loi !... […] À la pauvre femme du peuple menée devant le prétoire, on demande compte de ses actions,

c’est-à-dire de faits à la portée des hommes qui vont la juger! – à la grande dame on demande compte de ses pensées, des

battemens de son cœur, des élans de son âme et cette vie intime qui ne relève que de Dieu, cette vie on la fait juger par

des négociants, par des industriels qui réduisent tout en chiffres, qui voyent des mystères d’infamie dans tout ce qu’ils ne

comprenent pas et qui à la crainte d’être dupes préfèrent le remord d’être bourreaux ! »… Elle poursuit sa diatribe : «On

dresse un procès-verbal d’autopsie, il n’y a pas d’arsenic, il n’y a pas de lésions, d’où les médecins concluent pour la pauvre

femme qu’il n’y a pas empoisonnement – pour la grande dame, que les symptômes sont naturels, que la mort ne l’est pas.

On s’adresse à la chimie – une première fois l’expérience manque le tube se casse – le résultat est nul mais les médecins

qui veulent avoir de la conscience et ne pas se laisser influencer par la position de l’inculpée, déclarent unanimement que

d’un résultat nul il résulte les preuves de l’empoisonnement. D’autres chimistes […] ne trouvent pas de poison!... Mais

un procès célèbre ne peut pas s’arrêter »… L’exhumation a lieu. L’absence d’arsenic rend une pauvre femme à sa famille,

à l’honneur et à la vie, mais «pour une grande dame ce n’est pas assez que deux expériences négatives ce n’est pas assez

de 11 chimistes qui n’ont qu’un mérite de province et d’honnête homme. Il faut mander le prince de la science! »… Et on

parle d’égalité devant la loi! Cependant elle ne condamne pas ses juges: «On leur a dit par la voix des magistrats et par la

voix de la presse que j’étais un monstre d’autant plus dangereux que je possédais le génie de l’hypocrisie. […] On leur a

montré mes défauts – ils en ont fait des vices hideux. On leura offert la femme de quelques pauvres petites qualités – ils ont

reculé d’effroi comme devant une embâcle »… •On joint une autre L.A. S. «M.C. » à M.

E

spagne

réclamant une cuillérée

de potion de Heim: «J’ai des crampes d’estomacs à me tordre. J’ai pris de l’éther, du laudanum rien ne me fait, je souffre

le martyre »… •Plus une L.A. S. de Marie de L

éotaud

(

la victime du vol de diamants dont M

me

Lafargue fut accusée).

21

G

uy

de

MAUPASSANT (1850-1893). Poème auto-

graphe .

Ballade

.

Légende de la chambre des demoiselles à Étretat

, 8

pages in-8° au chiffre LM couronné. (Papier un peu froissé,

marques de plis, bords un peu effrangés, petites fentes, la 4

e

page légèrement frottée.)

800/1500

Poème de jeunesse sur la légende d’une grotte dans les falaises d’Étretat.

Longue pièce de 14 sizains, plus une «Suite» de 13 sizains, dans une version

primitive différente du texte publié, l’avant-dernière strophe ayant été ajou-

tée, avec une première version corrigée et biffée. «Lentement le flot arrive //

Sur la rive // Qu’il berce et flatte toujours // C’est un triste chant d’automne

// Monotone // Qui pleure après les beaux jours. // J’entends une voix plus

haute // Sur la côte // Dominant le bruit du flot // Quelle est cette voix tou-

chante // Qui m’enchante // Comme un triste et doux sanglot // N’est-ce pas

ma pauvre muse // Qui s’amuse // À chanter pour m’oublier // Reviens triste

délaissée // Ma pensée // À ton joug va se plier»…•On joint une copie d’une

autre main de la version définitive avec quelques corrections.

Voir la reproduction

22

J

ules

RENARD (1864-1910). L.A.S., Paris, 8 déc. 1908,

à Marcel

B

allot

, 2 pages in-8°.

150/300

Réponse aux éloges du chroniqueur du

Figaro

(feuilleton du 7 décembre

1908): «Je suis heureux de votre “Vie littéraire”. Ma dédicace n’était pas

une flatterie, et bien que j’aie déjà eu des marques de votre sympathie, ou

à cause d’elles, je n’attendais pas votre article (que j’espérais) sans quelque

nervosité. Il est impossible de comprendre mieux Ragotte, et, n’est-ce pas,

je puis croire que vous l’aimez»... Il accepte sa critique de la fin [à l’égard

des

Histoires naturelles

] et cependant «reste incorrigible»: «Je voudrais, par

exemple, trouver une histoire naturelle respectueuse sur l’exquise silhouette

de Mad. Marcel

B

allot

au bord d’une loge de théâtre. Il y a une formule à

chercher»… •On joint une L.A.S. de sa femme «Marinette» à M

me

Alfred

N

atanson

, Chaumot par Corbigny, 21 mai [1904], avec post-scriptum a.s.

de Jules

R

enard

à

N

atanson

: «Merci, prince. Mais pourquoi êtes-vous si

gentil pour moi, et si emm… pour vous? Je sais, moi aussi, qu’on est très-

content de vous à

L’Humanité

»…

* * *

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