Previous Page  16 / 228 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 16 / 228 Next Page
Page Background

14

dans le sud du Maroc, se trouve très pris par « un petit

Lafayette

pour l’Amérique, après cette

Arabie déserte

de Daughty », et projette

un voyage de travail en Grèce… Ses vœux en 1953 sont illustrés d’une photo de lui-même, palette à la main et chameau aux pieds… Il

évoque des projets d’expositions abandonnés, la perte de ses ateliers, des ennuis de santé, ses droits d’auteur bafoués… « La France et

le monde souffrent, et le temps des artistes, désintéressés et poursuivant leur idée en silence, est révolu » (22 mai 1954)… Doléances

concernant la Bible éditée par Maurice Robert… Commentaires sur les affaires du Maroc… Il reçoit une commande du gouvernement

marocain, puis annonce, le 24 décembre 1956, son départ du pays : il s’est réfugié dans le Vaucluse… Plaintes concernant les soucis que

lui cause sa mère ; « la sérénité, le calme, l’esprit de suite que nécessite le long effort pour amener son œuvre à la lumière, sont autant

de composantes, pourtant primordiales, que l’on ne peut que rêver d’atteindre » (jeudi [14 novembre 1957])... Nouvelles de ses illustra-

tions, de sa peinture, de ses expositions, de son moral… Il prépare des exemplaires spéciaux pour Collin… Un croquis d’un exemplaire

fastueusement relié des

Fleurs du mal

orne une lettre de décembre 1957… « Enfin, on a bien voulu considérer que j’étais un

peintre

qui

faisait de l’illustration (terme honni, paraît-il) mais non pas un illustrateur qui faisait de la peinture… Pourtant, peintre ou pas peintre,

l’illustration est un moyen d’exprimer sa poésie, son esprit d’invention, son goût du mythe et des grandes œuvres de l’esprit ; c’est donc

un art nécessaire, et, selon moi, d’autant plus haï par les impuissants de l’art, qu’ils ne peuvent pas y prétendre : chacun peut barbouil-

ler, mais chacun ne peut illustrer Dante ou la Bible ! » (17 décembre 1958)… Un temps, il trouve la solution à ses difficultés financières

en Amérique, mais elle ne fut pas pérenne. « Vous savez, par ouï-dire, la situation des arts en France. À part quelques batteleurs, qui

vendent n’importe quoi – et qui ne sont pas de véritables artistes – les autres végètent : le marché américain (qui faisait vivre entière-

ment les arts à Paris) est définitivement fermé » (10 septembre 1966)… Il vient de perdre Albertine, dont l’affection fit d’elle sa véritable

mère. « Car, si j’ai eu une “mère”, dans mon enfance, l’être qui m’a donné le jour s’est vite égaré dans la futilité des sentiments, et fut

d’une telle incompréhension à mon égard – mon père fut pire encore – que je me considérais, à l’âge d’homme, comme orphelin ». Il l’a

enterrée à Lourmarin, non loin d’Albert

C

amus

dont il illustrait l’œuvre pour Saurel jusqu’à ce que Gallimard y prétende, l’excluant

peut-être : « Vie difficile que celle de l’artiste non engagé… dans les affreuses combines de la chimie sociale d’aujourd’hui, et qui voulut

rester libre, et non classé dans un groupe »…Il est aussi question d’illustrations pour les

Fioretti

,

Les Frères Karamazof

, des œuvres de

Camus et de Pierre Benoit... Etc.

O

n

joint

un catalogue d’exposition, et quelques L.A.S. de sa femme Myriam.

37.

René MAGRITTE

(1898-1967).

T

apuscrit

avec

additions

et corrections autographes, « Depuis le réalisme de Cour-

bet »… ; 1 page in-4 corrigée au stylo bille rouge.

1 500/2 000

T

rès

intéressant

texte

sur

la

peinture

,

abondamment

corrigé

.

« Depuis le réalisme de

C

ourbet

, la peinture a “évolué” et les “écoles”

se sont succédées rapidement : l’impressionnisme de

M

onet

, l’expressionisme de

V

an

G

ogh

, le fauvisme de

M

atisse

, le cubisme de

P

icasso

, l’art abstrait de

M

ondrian

 ». En bas de page, Magritte a ajouté au crayon rouge : « La première phrase pourrait s’écrire ainsi :

La Peinture n’a cessé d’évoluer depuis le réalisme de Courbet : à l’impressionnisme, à l’expressionisme, au fauvisme et au cubisme a

succédé l’art abstrait de Mondrian »... Le texte dactylographié continue, émaillé de biffures, de remplacements et d’ajouts : « Pourtant, ce

soi-disant “progrès” fut en réalité une suite de manières différentes de concevoir l’art de peindre en ce qu’il a d’étroitement esthétique :

la liberté ne s’affirmait qu’à l’égard du

comment peindre 

; et ce qui était peint avait peu d’importance, voire aucune. Cette liberté ne

concernait pas le réel lui-même. Or il faut la liberté du poète pour que le réel soit en cause »… Etc.

38.

Aristide MAILLOL

(1861-1944) sculpteur. L.A.S., Banyuls-sur-mer [vers 1905], à M. Grangeon ; 2 pages petit in-4.

1 000/1 200

S

ur

le

projet

de

monument

à

B

lanqui

, dans son Puget-Théniers natal, à l’occasion du centenaire de sa naissance. [Sous l’impulsion

de Gustave Geffroy, biographe de Blanqui, la section locale de la Ligue des Droits de l’Homme, la municipalité radical-socialiste et

plusieurs personnalités littéraires et politiques, une souscription fut lancée.

L’Action enchaînée

, bronze de Maillol, fut achevée en 1908.]

« Il est bien difficile de faire quelque chose avec la litho que vous m’envoyez car elle manque de caractère. Il me semble qu’il aurait été

plus facile de faire photographier le portrait à l’huile qui existe de Blanqui. Geoffroy aurait pu s’en occuper […] Le temps presse pourquoi

attendre toujours au dernier moment »... Avec une photo du portrait, « ce serait toujours mieux que ce que vous m’envoyez. Si c’est

inutile d’y compter je ferai ce que je pourrai avec cela – mais évidemment cela ne ressemblera pas du tout à Blanqui »…

Reproduction page 16

39.

Frans MASEREEL

(1899-1972).

La Sirène

, vingt-huit bois gravés (Paris, Pierre Vorms, Galerie Billiet, 1932) ; in-4

broché, non coupé, couverture imprimée et rempliée (qqs rousseurs).

100/150

É

dition

originale

tirée à 640 exemplaires, un des 600 exemplaires sur

vélin

d

’A

rches

numérotés (n° 151).

E

nvoi

autographe signé sur la page de garde : « au Docteur Léon Meunier en hommage Frans Masereel ».

40.

Georges MATHIEU

(1921-2012). 6 L.A.S.,

Paris

1975-1988, à René

C

ornand

, à Roanne ; 16 pages formats divers à sa

vignette

gravée, plus une vignette rapportée, la plupart à sa devise

Moult de parte

, 5 enveloppes.

1 000/1 500

[2 décembre 1975]

. Vœux pour son exposition « et l’avenir de votre peinture dans cette voie difficile qu’est l’abstraction lyrique »…

5 janvier 1977

. « Votre itinéraire pictural tel que vous me l’avez révélé est exemplaire. Vous avez revécu pour votre propre compte l’his-

toire de cent ans d’art en trois ou quatre ans. C’est un phénomène extrêmement rare […]. Dans la plupart des cas nos contemporains

utilisent des moyens d’expression dépassés depuis plusieurs générations. Vous êtes arrivé presque d’emblée à la liberté totale […], il vous

faut désormais la structurer, la discipliner »… Réserves sur ses peintures au vinyle, encouragements pour la bijouterie…

[7] novembre

… / …