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suis sorti presque sanguinaire »… Il évoque les belles et cruelle spectatrices : « Tout le monde est cruel dans ce pays et je ne m’étonne

plus si les insectes sont si mauvais »… Détails sur leur voyage, couchant régulièrement sur de la paille… Au bas de la troisième page, des

dessins à l’encre illustrent le récit d’une nuit passée dans une baraque de bohémiens, barricadés par prudence et armés, et réveillés par

un bruit qui semblait être un brigand, mais ce n’était qu’un chien... « Jamais je n’ai rien vu de pareil et je crois que peu de personnes ont

vu l’Espagne comme nous […]. Tantôt voyageant en grand […], et tantôt vivant à l’espagnole avec une gousse d’ail et couché dans notre

manteau dans la cour de la posada avec les mules dansant le soir avec la guitare et les castagnettes chantant des boléros des cachucha, des

jota aragonesa. C’est à devenir fou pour un peintre »… Dessin d’une scène de corrida ; portrait de Desbarolles en costume local ; dessin

d’un contrebandier qu’ils ont rencontré… [La fin manque.]

En rade de Tunis [automne 1846]

, à sa femme Henriette. Lettre illustrée de dessins des compagnons de voyage faisant leur courrier, « un

véritable bureau d’écrivains publics » : deux docteurs, Maquet, le lieutenant, Boulanger, un jeune homme, le commissaire de bord, un

autre lieutenant… « Nous allons passer quelques jours à Tunis à dessiner le plus possible et à tâcher d’acheter les plus belles choses du

monde si toutefois c’est à bon marché. De là nous irons à Constantinople à Alger et à Toulon puis à Paris »…

[Cadix septembre ou octobre 1846]

, à Mme

B

ertaut

.

Suite du récit commencé dans la lettre à Lancosme. Ils sont arrivés à Cadix. Dessin

représentant Guiraud et Desbarolles couverts de draps pendant que leurs vêtements trempent dans le baquet, pour pouvoir se présenter

décemment chez le consul de France… « Nous nous faisions une fête d’aller à mulet avec caparaçon grelots sonnettes et tout le bataclan

dont l’animal est orné lorsqu’on nous en amène un pour nous deux. On mit une espèce de fauteuil double avec une capote de cabriolet

adaptée au dossier pour parer du soleil. Enfin nous nous décidâmes à partager cette monture et comme les mulets ont le pied très sûr

moi et mon noble compagnon nous roulâmes dans la poussière. Cette chute n’arriva pas heureusement à un moment où nous étions

suspendus sur un précipice effrayant »… [

dessin

de la bête et des deux hommes à terre, et dessin d’un guitarero sur son mulet]. Un autre

dessin représente les deux voyageurs, Desbarolles tenant une immense grappe de raisin ; un autre les représente déjeunant accroupis

autour d’une toute petite table… « Heureusement que pour nous refaire le torse nous avons le grand chemin pour nous coucher et

une pierre pour reposer notre tête et nous n’avons que la lune pour veilleuse. Je ne sais comment cela s’est fait mais le hasard a voulu

que chaque fois que nous avons couché à la belle étoile cela s’est trouvé dans les endroits les plus renommés pour les voleurs. Je suis

certain maintenant qu’ils ont eu peur d’être volés en nous apercevant » [

dessin

des deux hommes dormant sous la lune]… Un soir ils

arrivèrent par hasard au milieu de paysans lors d’une fête bohémienne où l’on dansait le fandango [

dessin

] : « Desbarolles fait toujours

son accompagnement à la guitare »…

[Gibraltar],

à un ami Eugène. Lettre illustrée en tête d’un grand dessin des deux compagnons de voyage accoudés sur les remparts de

Gibraltar et surveillés de près par un militaire, car on les prenait pour des espions... Désirant partir pour Tanger, mais sans les finances

nécessaires, ils annoncèrent qu’ils partiraient par le bateau français en station à Cadix ; on leur a proposé de faire de la contrebande…

Anecdote illustrée d’une mésaventure survenue à Grenade à Desbarolles, chantant la sérénade à une Espagnole et arrosé du contenu

d’un pot de chambre…

[Paris 18 décembre 1843],

à Lucas de MONTIGNY. En première page, un grand dessin le représente assis sur un lit en tenue de garde

national, aux arrêts ; il évoque avec humour son service de garde aux Tuileries…

Reproduction page 2

26.

Jean-Ignace Gérard dit GRANDVILLE

(1803-1847). 5 L.A.S. et 1 L.A., 1842-1845 et s.d. ; 13 pages in-8 ou in-4,

5 adresses.

2 500/3 000

B

el

et

rare

ensemble

de

lettres

du

dessinateur

,

à

ses

éditeurs

sur

ses

travaux

,

et

à

sa

famille

.

[1842]

, à l’éditeur Léon

C

urmer

. À propos du recueil

Scènes de la vie privée et publique des Animaux

(Hetzel, 1842). Il refuse la pro-

position de Curmer d’illustrer un poème d’

H

omère

 : « La raison majeure de ce refus formel […] est une observation, une prière de M.

H

etzel

et

P

aulin

. En effet, ces messieurs et moi, attachons une si grande importance à la

publication nouvelle

des

Scènes de la vie

etc.

qui vient de paraître », qu’ils redoutent tout ce qui pourrait en entraver le succès, en détourner l’attention du public, en un mot «

me

faire concurrence à moi-même ».

Il espère qu’en tant qu’éditeur il comprendra ses légitimes craintes et l’excusera de refuser de travailler

sur un texte du « Divin Père Homère »…

23 décembre 1845

. Intéressante lettre à l’éditeur Charles

P

errotin

, sur leur projet des Œuvres Complètes de

M

olière

,

illustrées par

Grandville. Ce projet, ralenti par les hésitations respectives de l’éditeur et de l’illustrateur, le tente, l’obsède, mais lui fait très peur. Il

presse Perrotin de lui donner enfin une réponse définitive sur cette affaire, qui lui semble « toujours renfermer plus de difficultés d’exé-

cution. Mais aujourd’hui plusieurs raisons majeures m’obligent à prendre, moi, un parti définitif et à en finir à l’égard de ce projet, de

cette entreprise à laquelle j’ai encore bien réfléchi, et qui me semble, je le répète, hasardeuse, téméraire de ma part, homme peureux que

je suis, et enfin bien au dessus de mes forces ». Désireux de sortir de cet état d’attente et d’inaction dans lequel cette histoire l’a plongé,

et devant donner rapidement une réponse pour un autre projet avec

L’Illustration

, il attend son dernier avis sur « cette terrible affaire »…

Q

uatre

lettres de nouvelles

familiales

, adressées à sa belle-sœur Catherine

F

ischer

dite « Minette », à Nancy, notamment sur la santé

de son épouse Henriette, puis son décès le 27 juillet 1842.

14 juillet 1842

, racontant longuement, par le détail, les terribles suites des

couches de son épouse qui l’ont beaucoup inquiété, coliques, douleurs de vessie, malaises, fièvre, éruption de boutons, etc. ; puis la

cérémonie de baptême de son fils Georges…

25 juillet

. « Ma chère famille, loin de s’améliorer, ainsi que je le craignais, la maladie d’Hen-

riette a empiré, elle est véritablement bien malade et cette maladie (une métropéritonite) me donne de bien vives inquiétudes »…

27

août.

Très longue et émouvante lettre, « un mois juste !!! » après le décès de son épouse, sur son fils Georges et les affaires à régler, etc.

19 mai 1843

. Belle lettre dans laquelle il annonce que son fils Georges vient d’avoir deux dents, dans laquelle on voit toute la tendresse

d’un père attentif. Son travail a été retardé par 5 jours de grippe, il va falloir rattraper le temps perdu ! Bavardages à propos de relations

et d’autres membres de la famille, remerciements pour l’envoi d’excellents biscuits et macarons, etc.