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13

Beaux-Arts

à la moitié » ; elle fait des découvertes dans les dédicaces... Visite d’André

R

ouveyre

 : « Il voudrait une retraite chauffée pour l’hiver et

préparer un gros travail sur Guillaume Apollinaire (que depuis deux ans ils ont bien assommé) à mon avis ! »… Elle compte se rendre

en Suisse à la mi-septembre pour y exécuter des « portraits des princesses mais avec mon complexe d’infériorité lorsqu’il s’agit de com-

mandes privées – et mon procès – et l’horreur des déplacements – je ne sais pas ce que je ferai – mûre pour le sanatorium plus que pour

n’importe quoi »…

Montreux 31 août 1955

. « Je ne dors pas plus – la locomotion me manque – et pourtant les chemins de fer suisses.

Même les autos dont j’ai horreur. Il y en a trop et dans tous les sens. Heureusement l’abonnement de livres est au bout de la ville »…

Elle évoque un projet sur

S

uarès

avec l’éditeur Pierre Cailler : « c’est un homme froid – et qui me semble avoir du mal à sortir son argent.

Je préfère les marchands d’art aux éditeurs »…

Dimanche

. Elle lui transmet une lettre « très cavalière » de Dominique Fabre : « Vous ne

trouverez jamais vos documents et nous avons un ennemi. Rose

A

dler

est très amie avec Nicole Védrès. C’est notre seule chance »…

Reproduction page 11

34.

Bonaventure LAURENS

(1801-1890) dessinateur et musicien. L.A.S. avec

musique

et

dessins

, Montpellier 21 décembre

1838, à Félix

D

anjou

à Paris ; 7 pages et demie in-4, adresse (petite déchirure par bris de cachet).

300/400

B

elle

et

longue

lettre

musicale

.

Félix

D

anjou

(1812-1866),

compositeur et musicologue, organiste à Saint-Eustache, était un des

rédacteurs de la

Revue et Gazette musicale de Paris

.

Danjou va recevoir ses articles du

Courrier du Midi

 ; il comprend que la

Gazette

ne puisse reproduire ses lignes contre

La Juive

d’

H

alévy

, les éditeurs dictent les opinions du journal, comme on le voit par les procédés « dégoûtans » à l’encontre de Simon

R

ichault

 :

« on n’annonce plus aucune des intéressantes publications de cet éditeur et on cherche même à les décréditer en publiant des articles

tendant à prouver que les œuvres de

S

chubert

éditées par Richault ne sont pas de Schubert »… Ayant apprécié les articles de Danjou

sur l’orgue de Fribourg, il se rappelle celui qu’il vit jadis à Avignon, construit par un nommé

P

iantanida

, « homme presque fou à force

d’originalité mais plein de talent. Outre la pureté des sons de son orgue, les changemens de jeux s’opéraient par un mécanisme très

ingénieux. La voix humaine était un tuyau à bouche. Si ma mémoire ne me trompe, Piantanida m’avait dit que cette voix humaine n’était

qu’un Prestant accordé un peu plus haut que le prestant ordinaire. Quoi qu’il en soit, le son en était saisissant »… Castil-Blaze pourrait

lui raconter encore de « le dada de Piantanida » : une eau miraculeuse pour la voix humaine et les tuyaux d’orgue… Il lui donne avec

humour « des renseignemens secrets sur l’état de l’art musical à Montpellier », parlant du doyen des organistes, M.

A

gar

, au jeu dur

et aux improvisations insignifiantes ; Sebastiani

B

ouchet

, prêtre espagnol réfugié qui s’inspire d’Auber et de Rossini : « il chante les

litanies sur un mouvement de walse. Il est assez souvent bien nul et bien trivial » ;

G

uiraud

, « organiste universel » dont il croque le

portrait à la mine de plomb et cite quelques mesures d’orgue, avec une partie de pédalier grotesque… Certains professeurs de piano ne

manquent pas de talent d’exécution, notamment Mlle Rodolphe, qui étudia sous Kalbrenner, et M. Victor Roger, qui étudia « un peu »

au Conservatoire, mais le « commun de leurs confrères est tout ce qu’il y a de plus indigne de l’art divin qu’ils cultivent », et dépourvu

d’éducation musicale, littéraire et scientifique… Il éreinte ensuite les artistes dramatiques : « Canaille, canaille, trois fois canaille sans

talens », à l’exception de Mme Lemoule, cantatrice dont le mérite est « d’ennoblir tout ce qu’elle dit et de ne jamais gâter par les lieux

communs de la fioriture, les belles phrases des rôles »… Mais il n’y a pas de réunions musicales, les quatuors d’Onslow sont rarement

exécutés, ceux de Haydn, Mozart « et même Beethoven sont traités de Rococo et voués à un éternel oubli »… Il parle avec dédain des

amateurs, et du peu de succès que lui-même eut avec les sonates de

B

ach

pour piano et violon, et complète « cette espèce de statistique

musicale de Montpellier » par un portrait de Paulin Bonnefous, ancien élève du Conservatoire, aujourd’hui rentier, « le plus assommant

parleur et la plus grande canule qu’il y ait au monde »… Il le prie d’acquérir pour lui la

Biographie musicale

de Fétis, promet de lui

envoyer des vues de Lodève et d’Arles qu’il fait graver, et pour satisfaire son goût de la calligraphie, clôt sa missive par huit signatures

différentes, et un dessin calligraphique à la plume…

Reproduction page 15

35.

Fernand LÉGER

(1881-1955). L.A.S., 23 décembre. 1927, au peintre Jean-Émile

L

aboureur

 ; 1 page in-4, enveloppe.

600/700

« Je crois que Madame

Q

uatrocci

directrice de l’Académie Moderne a le béguin pour vous. Elle désirerait beaucoup vous avoir comme

professeur. Nous aussi. Peut-être pouvez-vous envisager la chose de nouveau en faisant la combinaison à deux – ce qui permet de se

mouvoir plus aisément.

M

archand

va être deux. Je suis avec

O

zenfant

. Soyez deux »…

Reproduction page 15

36.

Edy LEGRAND

(1892-1970) peintre et illustrateur. 54 L.A.S., 1951-1975, à Jean

C

ollin

(avec quelques minutes de

réponse)

; environ 120 pages formats divers, plusieurs à son en-tête ou

Les Éditions du trente-cinquième parallèle

, quelques

illustrées de photos de ses œuvres, nombreuses enveloppes.

1 000/1 200

B

elle

correspondance à un admirateur

et

client

,

rapidement

transformé

en ami

et

confident

. Les lettres sont écrites de Rabat, Assa

(confins de Mauritanie), Ifrane (Haut Atlas), Goulimine (Maroc), puis de Paris, Lourmarin (Vaucluse) ou New-York…

Elle s’ouvre par une réponse à une demande de dessins ; Legrand termine alors l’illustration de romans de

M

alraux

 : « J’y suis bien

loin de la Bible, mais, presque toujours, en Orient tout de même – comme ici – ; et la confrontation des antinomies Orient-Occident

y est étudiée d’une façon saisissante et combien actuelle ! Car le problème de l’Orient tout entier est d’autant plus brûlant que la

pensée de l’Occident est plus défaillante, et y peut mordre moins. C’est notre absence, là-bas,

en esprit 

; non point en canons ou en

machines ! – qui est la cause du drame actuel » (18 avril 1951)… Il fait des dessins d’Afrique du Nord pour les éditions Odé, voyage

… / …