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fin novembre. Il lui donne son adresse californienne en précisant que ce dernier a l’habitude, pour les publications étrangères, de se

faire envoyer les clichés – « four colour process » – ou de les faire faire ici pour le compte de l’éditeur étranger… Il est ravi d’apprendre

que

Nexus

sortira très prochainement en Argentine ! Et il espère que son correspondant trouvera un éditeur pour publier les textes de

Marianne

R

uuth

– avec photos ! Il partira dans quelques jours pour Hong Kong où il espère rester cinq ou six semaines « et apprécier

des vacances bien méritées »…

257.

Henry MILLER

. L.A.S.,

Pacific Palisades

28 juin 1979, à Pierre

C

itron

 ; 1 page in-fol. à son en-tête, enveloppe ; en

anglais.

400/500

A

u

sujet

de

J

ean

G

iono

. Écrire en français lui est difficile ; il est presque aveugle. Le projet (de rassembler la correspondance de

Giono), qui ne finira qu’au 21

e

siècle, lui semble académiquement fou, mais il a écrit à la bibliothèque de Los Angeles (U.C.L.A.), où

toute sa correspondance est archivée, pour faire des photocopies des quelques lettres qu’il a pu recevoir de Jean Giono. Il lui aurait écrit

plus souvent s’il n’avait pas été si impressionné par sa maîtrise du langage. C’est une véritable honte que des hommes comme

G

iono

et

Blaise

C

endrars

n’aient pas été plus connus des Français et qu’on ait attendu si longtemps pour rassembler leur correspondance. Il ne

peut assez souligner son hommage, sa profonde admiration (culte des héros) pour ces deux hommes. Il demande s’il y a une statue de

Giono à Manosque : « Si non, pourquoi pas ? Pourquoi seulement pour les soldats ? »…

O

n

joint

la photocopie de la réponse de Citron.

258.

Octave MIRBEAU

(1848-1917).

M

anuscrit

autographe signé,

Âmes de guerre

, [septembre 1904] ; 2 pages in-4 et demi-

page oblong in-8.

1 200/1 500

V

ibrant

article

pour

dénoncer

la

non

-

intervention

dans

la

guerre

russo

-

japonaise

, paru dans

L’Humanité

du 25 septembre 1904.

Il ne peut détacher sa pensée de « cette Mandchourie lugubre et douloureuse, où s’accomplit, se poursuit, avec l’assentiment de l’Eu-

rope, sous la sauvegarde du monde civilisé, et, en quelque sorte, sous sa bénédiction, un des plus abominables crimes de l’humanité »…

Mirbeau ironise sur la désinvolture de ses compatriotes, épris de plaisirs et réfractaires à une intervention dans un conflit engagé par

leurs alliés, ceux qui voudraient attendre la victoire complète de la Russie, et qui dénigrent les victoires « théoriques, purement méta-

physiques » du Japon. « Attendons deux, cinq, dix vingt années, s’il le faut… On continuera de se massacrer là-bas… Mais nous, qu’est-ce

que nous risquons ?.. La vie est bonne, nos restaurants sont toujours les premiers du monde… Il y a toujours les plus jolies filles dans

les théâtres de Paris »… On regarde les deux peuples se battre comme on observerait une rixe sur la voie publique : « n’intervenons que

lorsque l’un d’eux sera mort… C’est, d’ailleurs, la véritable doctrine de la diplomatie. Voyez comme elle agit avec les Arméniens !.. Elle

aussi, pour intervenir dans ces horribles massacres, attend que le dernier Arménien soit tué ! […] Enfin, alliés, non du peuple russe dont

les douleurs infinies, comme celles de tous les peuples, d’ailleurs, nous sont absolument indifférentes, mais alliés du tzar, dont la gloire

seule nous importe, ne soyons pas moins fidèlement tzaristes que lui, qui a prononcé, récemment, cette parole héroïque et merveilleuse :

“Tant qu’il me restera un homme et un rouble, je ne céderai pas !”… Car les hommes appartiennent au tzar, n’est-ce pas ? […] Et quand,

après des années de tueries et d’égorgements, les pauvres diables, échappés au massacre, rentreront dans leurs foyers, le tzar et le mikado

sauront leur rappeler un respect de la propriété et de la vie humaine »…

257

258

Littérature