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talent n’était pas tragédienne. Larroumet a dit dans votre journal que si elle le voulait elle le serait. Tout cela m’a amusée je vous le jure.
Je suis d’un naturel gai vous le savez ! J’ai foi en l’éternelle justice et c’est moi qui resterai debout quoi qu’on ait voulu faire. J’ai foi dans
ma flamme ardente qui brûle toujours en faveur du beau du vrai. Cette flamme brûlera les méchantes herbes semées autour de la vivante
fleur de mon art et elle seule restera vivace ! Quant à vous-même quoi qu’on ait pu m’écrire ou me dire, je ne vous ai jamais accusé. Vous
avez fait plus à vous tout seul pour la Duse et contre moi que tous les autres réunis ; mais tout cela vous l’avez fait par amour et par
sincérité et par pitié pour cette pauvre petite femme si simple si malade et si craintive. Eh bien moi seule ai compris que vous l’avez fait
sincèrement et cela je le dis sans ironie. Je vous connais mieux que les autres et c’est pourquoi je vous aime quand même »...
[Amérique
fin 1912]
. Ullmann l’a mise au courant de sa serviable amitié. « Il y a ici me poursuivant de sa haine féroce et
justifiée
, car je l’ai chassé
comme un drôle et un voleur, le nommé Shurmann impressario de la Duse l’artiste italienne. C’est la première étape de ce drôle en
Amérique il y est encore inconnu il va vient et essaie par tous les moyens de me faire du mal, il n’y réussit pas. Je suis très contente. J’ai
un énorme succès et les recettes justifient le succès. La Duse a aussi un très grand succès et très mérité car c’est une véritable artiste en
dehors des salles tripotages du nommé Shurmann. Seulement le réel succès de la Duse se fait surtout lors ce qu’elle joue mes pièces la
Dame
,
Magda
,
La Femme de Claude
. S’il n’y avait point de Sarah Bernhardt, il n’y aurait pas de comparaison entre la France et l’Italie,
tout cela est assez amusant. Mais je vous remercie à plein cœur aussi de ne pas donner créance aux envois de Shurmann. Pour vous
prouver que vous n’avez pas tout je vous envoie la traduction d’un article sur
Phèdre
. Le matin j’ai joué
La Dame aux Camélias
le soir
Phèdre
on a fait trente-cinq mille sept cents fr de recette dans la journée »...
o
n
joint
une belle
photoGrAphie de
s
ArAh
B
ernhArdt dédicAcée À
lA
d
use
, créatrice de la
Denise
de Dumas fils : « à ma chère Denise
souvenir du cœur de Sarah Bernhardt 1922 » ; 6 télégrammes de Sarah Bernhardt, et 13 de la Duse (plus un de Victor Ullmann), à
Jules Huret ; des minutes de lettres ou télégrammes de J. Huret à la Duse et à S. Bernhardt, et copie d’échanges entre elles ; une L.A.S.
(minute) de J. Huret à propos des deux actrices ; 20 lettres ou télégrammes de l’impresario
s
chürmAnn
, transmettant des nouvelles des
triomphes de la Duse ; une facture de fleuriste pour des couronnes commandées par Huret pour la Duse et Francisque Sarcey (1899) ;
le manuscrit d’article de J. Huret sur
La Duse
; l.a.s. (minute) de J. Huret à Gabriele d’Annunzio, à propos de ses enquêtes [vers 1913]...
302.
Philippe
BERTHELOT
(1866-1934) diplomate et homme politique. 107 L.A.S., Paris
vers 1897-1904 et s.d., à Jules
h
uret
(3 à Madame) ; 144 pages formats divers, la plupart
à en-tête
Affaires étrangères
ou
La Grande encyclopédie
, qqs adresses et enveloppes.
600/800
i
mportAnte
correspondAnce
. Critiques à l’égard du
Figaro
, plaintes concernant l’insertion de
ses articles (dont une étude sur Toulouse-Lautrec)... Allusions à l’avancement de
La Grande
Encyclopédie
, et invitation à faire l’article « Naturalisme (littérature) » (29 octobre 1898)... Fréquentes
demandes de places au spectacle : Maeterlinck, Ibsen, Goncourt, Lemaître, Dumas fils, Rostand,
Becque, Wagner, Puccini, etc. Recommandations pour un protégé aux affaires étrangères... Envoi
d’« échos », dont de jolis textes sur les chats de Barrès et la poésie de Moréas, etc. Rendez-vous chez
Tristan Bernard, et invitations chez lui, avec Beaunier, Merrill, etc.
o
n
joint
une photographie des Berthelot en robes chinoises, avec dédicace a.s. au dos, Tchentou
(Chine) 2 avril 1904, et 10 cartes de visite autogr. ou a.s. au même. Plus 7 L.A.S. de son frère André
B
erthelot
.
Reproduction page 92
303.
Henry BORDEAUX
(1870-1963) écrivain. 90 L.A.S. et un
mAnuscrit
autographe, Thonon-les-Bains, Annecy, Cognin
près Chambéry, Paris, Genève, Port-Cros 1894-1913, à Jules
h
uret
, rédacteur au
Figaro
; environ 180 pages formats divers,
qqs adresses et enveloppes.
500/700
i
mportAnte
correspondAnce
littérAire
et
journAlistique
. Appréciation des offres de service du rédacteur du
Figaro
: souhait d’un
mot sur ses
Âmes modernes
par Philippe
G
ille
, d’une intervention auprès de
c
Almette
pour connaître le sort de son article sur des
livres de Bourget et Loti, d’une référence à son étude sur le théâtre de Jules
l
emAitre
, etc. Primeur de la candidature du marquis
c
ostA
de
B
eAureGArd
au fauteuil académique de Camille Doucet, avec profil biographique... Appréciation pour son
Enquête sur la question
sociale en Europe
, « autrement intéressant que l’
Enquête sur l’évolution littéraire
où ne se manifestaient que de petites vanités », quoique
les préfaces [de J. Jaurès et P. Deschanel] soient banales. « L’article de
m
irBeAu
sur vous n’avait rien d’extraordinaire. Il était inutile
pour souligner la teneur de vos interviews d’en faire des caricatures » (28 décembre 1896)... Bordeaux évoque ses articles, ses projets de
romans et nouvelles, et ses propres publications (
Âmes modernes
,
Le Pays natal
,
La Peur de vivre
,
Paysages romanesques
…). Nombreuses
références à sa vie et ses promenades savoyardes, à la solitude de la vie en province, à des échanges de livres et à ses voyages à Paris
(demandes de places au spectacle)... Il est question de l’affaire
d
reyfus
(allusions à Méline, Picquart, Bertillon, Charavay, Henry etc.) :
« Je ne dis pas comme vous que Dreyfus est innocent et Esterhazy coupable, parce qu’il faudrait croire à une aberration mentale de tant
de gens », mais il reconnaît les aspects louches de l’affaire. « S’il a été condamné illégalement [...] n’aurait-on pas mieux fait de réviser
son procès que de faire le procès
z
olA
? Ah ! Que ce Zola a donc été maladroit, si l’on peut jeter encore la pierre à un homme ainsi
passé ! Qu’il a été maladroit d’entasser les violences et d’accuser de mauvaise foi tant d’officiers [...] ! Et que penser de l’interprétation
insensée de ce débat tout individuel, qu’on a remplacé par des entités comme la Patrie et la Justice au nom desquelles les hommes se
battent » (dimanche [février 1898])... Le verdict l’a attristé profondément : « Comment concilier cette condamnation avec
e
sterhAzy
auteur du bordereau ? [...] La presse dite nationaliste portera le poids de l’aberration mentale dont sont frappés tant de gens aujourd’hui ;
on verra quelle France nous feront les Drumont et les Rochefort » (20 septembre 1899)... On rencontre aussi les noms de Paul Adam,




