239
DALI (Salvador). 1904-1989.
Peintre surréaliste.
Pièce aut. signée. 1974.
1 p. petit in-4 oblong.
Jolie pièce autographe de Dali, avec sa
fameuse couronne et cet envoi : BENGEL –
RAIDE-MADE – CUCURUCUT !
1 000 / 1 500 €
240
[DANTON]. CABANIS
(Pierre-Jean-Georges). 1757-1808.
Médecin physiologiste.
Manuscrit aut. S.l.n.d. (circa 1801).
23 pp. ¼ in-4, fine écriture avec
qqs ratures et corrections ; montées
sur onglets et interfoliées ; à la
suite une transcription avec notice
dactylographiées ; relié en un vol. in-
4, bradel plein vélin ivoire, titre doré
au dos, filet doré sur les plats (reliure
Devauchelle). Joint un portrait gravé
de Danton d’après un dessin de David.
Remarquable témoignage d’un contempo-
rain sur Georges Danton et la Révolution
française, avec des explications sur la jour-
née du Dix Août 1792 et la prise des Tuile-
ries, les massacres de septembre, l’établis-
sement du Tribunal révolutionnaire, la prise
de pouvoir de Robespierre et l’exécution de
Danton.
Cette étude a été composée en ré-
ponse aux dix questions posées par l’homme
politique Rousselin de Saint-Albin. Cabanis
précise que cette note, faite avec une entière
franchise sur
un des hommes dont le rôle dans
la révolution mérite le plus l’attention et l’exa-
men du philosophe,
n’est destinée qu’au seul
Rousselin. Il raconte les circonstances de sa
rencontre avec Danton qui eut lieu en automne
1790 chez Mirabeau qui le définissait comme
un Gracchus des percherons.
Frappé par sa
figure calmouke et son crâne socratique
( !),
Cabanis devine rapidement en Danton un
esprit peu commun, évoquant la rivalité entre
le Club des Cordeliers et celui des Jacobins.
Je croyais alors et je crois encore aujourd’huy
que Danton, Camille Desmoulins & quelques
autres voulaient sincèrement un régime de
liberté, mais qu’ils prétendaient le fonder eux-
mêmes & que pour priver leurs adversaires de
cette gloire, ils étaient capables de chercher à
les dépopulariser sans en avoir d’autre motif
(…).
Suit l’explications des causes et le dérou-
lement de la journée insurrectionnelle du 10
août, soulignant l’action des partis royalistes et
le rôle joué par Danton;
Il avait des rapports
avec les agens secrets du château; il en rece-
vait de l’argent et il leur fesait accroire que les
gueulées patriotiques (…) n’avaient d’autre
but que la conservation de la monarchie et le
rétablissement de l’autorité despotique du Roi
(…). Ni les idées, ni les passions habituelles, ni
les intérêts de Danton ne pouvaient le conduire
à vouloir faire rétrograder la révolution (…) Il
en a été de lui comme de Mirabeau qui payait
les travaux les plus utiles à la cause de la li-
berté, avec le même argent qu’il recevait de la
Liste Civile (…).
Suit le jugement de Cabanis
sur la responsabilité de Danton lors des mas-
sacres des prisons en septembre, et son rôle
à la Convention nationale ;
Si quelqu’un pou-
vait se flatter d’avoir donné l’impulsion à cette
colossale assemblée, ce ne serait ni l’atroce
et forcené Marat, ni le turbulent, le haineux &
fanatique Robespierre ; ce serait le colossal
Danton.
Cependant, le Tribun ne sut instau-
rer une «monarchie républicaine» à laquelle
il était favorable ; menacé par la trahison de
Dumouriez, Danton provoqua le jugement de
Louis XVI et l’institution d’un Tribunal révolu-
tionnaire, et ne sut arrêter ni maitriser la marche
de la Révolution vers le régime de Terreur de
Robespierre. Danton aurait sans doute eu les
moyens d’abattre politiquement le tyran, mais
comme une République purement démocra-
tique lui apparaissait trop chimérique et qu’il
devait faire face à la fois aux agents étrangers
et à Robespierre, il se mit à désespérer de la
Révolution ;
Il s’abandonnait lui-même avec un
sombre désespoir que son âme forte cachait
sous de mauvaises plaisanteries ou sous des
jeux d’enfants.
Sur le procès et la condamna-
tion de Danton:
Cette mort fut imposante et
colossale comme sa vie et son talent ; il finit
comme un Marius ou un Spartacus; & ces der-
niers accens glacèrent de terreur son ennemi
(…). Les imprécations de cette charretée de
victimes où l’on voyait Danton, Camille Des-
moulins, Fabre d’Eglantine, Bazire, Hérault-Sé-
chelles, l’abbé d’Espagnat, Westermann, &c.
firent frissonner le tigre qui les regardait pas-
ser d’une fenêtre dans la maison voisine de la
sienne (…).
Etc.
1 000 / 1 500 €
240
95




