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1900
.
Hongay 18 janvier
. « J’ai sous mes ordres peu de monde, il est vrai, de 26 à 30 000 hommes, mais je fais ce qui me
plaît. Ne pouvant obtenir de réponse du ministre, je suis obligé d’agir comme s’il y en avait. Je fais des fortifications, je crée des
enfants de troupe annamites, j’invente des musiques militaires indigènes avec des instruments du pays, je bâtis des casernes, je
fais des routes, des ponts, etc. Bref j’agis tout seul, ou, selon les cas, d’accord avec le Gouv
r
, et, jusqu’à ce jour, nos relations ont
été agréables »...
À bord du Tuyen-Queng 19 janvier
. « Ici, nous restons bien calmes, navrés seulement d’être conduits dans
notre politique extérieure par des gens dont l’intelligence ne me paraît pas dépasser celle d’un chien comestible du Tonkin »...
Hanoï 30 janvier
. « Les Boers continuent à flanquer des tripotées aux anglais. J’en suis plus heureux que je ne saurai dire. Je hais
ce peuple de marchands. Pourvu que les Boers ne manquent pas de munitions ! »...
3 avril
. « L’horizon politique s’embrume,
et la prochaine guerre pourrait bien être en Extrême Orient. Depuis un an, je demande des cartouches et des hommes. On ne
m’a jamais répondu. Notre pauvre gouvernement est si indifférent à ce qui concerne la France ! »...
3 mai
. Les Boers seront
battus, mais ce n’est pas fini, « s’ils ont l’âme bien placée. Il n’y a que les pays pourris qu’on peut prendre en quelques mois.
Les autres, c’est plus dur ; il y faut des années. L’Angleterre y perdra [...] beaucoup de ses enfants. Ce sera autant de bandits
de moins dans le monde »...
À bord du
Colombo
en route pour Saigon 14 mai
. « Le commandement en temps de paix de
30 000 hommes, même avec de petits incidents, des coups de fusils de pirates, des discussions avec le Gouverneur G
al
et avec les
Ministres Guerre, Marine et Colonies, c’est à la portée de tous les idiots, et je m’ennuierais beaucoup si je n’organisais pas la
défense de ce pays, non seulement sans l’aide de nos ministres, mais contrairement à des ordres ridicules qu’on m’envoie, et que
je mets tranquillement dans mon tiroir. Si j’avais à envahir la Chine, la situation serait toute autre – et je m’amuserais pour tout
de bon »...
Hanoï 18 juin
. « Les affaires avec la Chine se brouillent, et cela me donne un travail considérable. Je ne sais ce que
l’avenir nous réserve. Avec des Ministres idiots, on peut s’attendre à tout. Ils ne dirigent pas les événements, ils sont ballotés par
eux »...
28 juin
. « Les affaires avec la Chine se brouillent. Je ne sais où nous allons. La France le sait-elle ? Je ne le crois pas. Si
le feu allumé par la Russie ne s’éteint pas ou n’est pas éteint par l’opération du S
t
Esprit, il se prépare une des plus formidables
luttes d’un continent contre un autre, de l’Europe contre la plus grande partie de Asie »...
On rencontre aussi les noms des généraux Louis Archinard, Abel-Charles-Auguste Bremens, Joseph Brugère, Jules
Chanoine, Eugène Chédeville, Gaston de Galliffet, Benoît Mojon, Oscar de Négrier, etc., ainsi que celui du colonel Jean-
François Klobb (plusieurs allusions à son assassinat en Afrique centrale, au cours de sa mission contre l’expédition Voulet-
Chanoine)...
On joint 2 L.A.S. de Joseph Laurent, aumônier à Tourane (Annam), au général Borgnis-Desbordes ou à Mme Léthier, 1900-
1901, 2 photos de Borgnis-Desbordes, et un menu avec adresse autogr. à Mme Lethier (carte postale). Plus la copie d’une lettre
à son père.
166.
Georges BOULANGER
(1837-1891) général et homme politique. L.A.S., Tunis 23 mars 1885, à son cher
Galland ; 3 pages in-8, en-tête
Division d’Occupation en Tunisie, Cabinet du Général Commandant
.
120/150
Il est très déçu qu’il ne vienne pas. « La maladie en a disposé autrement et je ne devrais pas oser me plaindre, car n’êtes-vous
pas le plus éprouvé, vous qui souffrez. Je vais retourner mes batteries, faire faire feu des quatre pieds au colonel Le Tenneur,
du 4
e
Chasseurs d’Afrique, qui vous remplace dans le commandement de la Subdivision ». Il compte absolument sur lui pour
la fin mai, mais s’il arrive avant « vous serez l’archi-bienvenu »... On joint 1 L.S. et une carte de visite ; plus la copie d’une
proclamation du maréchal Marmont, duc de Raguse (1830).
167.
BOULANGERIE
. 8 pièces manuscrites ou imprimées, XVII
e
-début XX
e
siècle.
100/150
Affichette d’une ordonnance de l’Intendant de S.M. en Bourgogne pour une livraison de froment (Besançon 1690). Procès-
verbal de vérification de biscuits par un commissaire de guerres (Saint-Omer, an XII) ; devis (Bordeaux 1810) ; prospectus et
publicité (
Boulangerie des Familles
, biscuit Vendroux à Calais) ; documents relatifs au brevet d’invention d’un pétrin mécanique
par Gabriel Fichet (1922). On joint une facture pour du chocolat.
168.
BREST
. Carnet manuscrit avec dessins, 1784-1790 ; carnet petit in-8 de 83 pages plus 2 dépliants intercalaires,
couverture de parchemin teinté en vert (détachée).
800/1 000
Joli et intéressant carnet rempli d’une écriture fine
et orné de plus de 50 dessins et plans topographiques
exécutés à l’encre brune ou rouge, ou à la mine de plomb,
notamment des plans des défenses de Brest (batteries
de Vauban et de Cornouailles, Pointe des Espagnols). On
y relève un état des logements et poudrières de la rade ;
des tableaux d’hommes, de munitions et de fournitures
nécessaires à la rade ; des dépenses pour la fonderie ;
des frais de fournitures ; des notes sur l’artillerie, des
listes de livres, etc. Avec de beaux dessins soignés de
différents types de canons, éléments de canons, nœuds,
pontons, crics, etc.
On joint, de la même main, un petit carnet (31 p., 9,6
x 5,6 cm) de remèdes et recettes d’une
Cuisine Militaire
économique
: potages, bouillons, viandes, légumes.




