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« Afin que nous puissions examiner les dessins à notre aise... »
103. RODIN
(Auguste). Lettre signée «
Aug. Rodin
». [Paris], 3 septembre 1906. 2 p. in-12, en-tête imprimé à son
adresse du 182 rue de l’Université, enveloppe.
400 / 500
Les danses royales cambodgiennes.
Les dessins évoqués ici correspondent probablement à l’importante série
d’environ
150
crayonnés aquarellés que Rodin réalisa en juillet
1906
sous le coup de la fascination ressentie devant le
ballet des danseuses du ballet royal du Cambodge venues en France à l’occasion de l’exposition coloniale de Marseille.
«
Monsieur, je vous remercie de votre lettre du 23 août et serai très heureux de vous voir à Meudon
[Rodin occupa
une maison avec atelier à Meudon, de
1893
à sa mort, et y fut enterré]
. Je vous demanderai seulement de laisser passer
les grandes chaleurs, afin que nous puissions examiner les dessins à notre aise, et dès lors nous fixerions un rendez-
vous ensemble. Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes sentiments très distingués...
»
Élie Faure se lia avec Rodin par l’intermédiaire de leur ami commun Eugène Carrière. Faure admirait chez Rodin un
art « ravagé de vie », voyait en lui « le dernier des grands romantiques », et étendait aussi son intérêt à ses dessins. Il
lui consacra plusieurs articles dès
1902
et soutint ouvertement la souscription pour
Le Penseur
en
1904
. C’est Rodin
qui présida en cette même année
1904
le banquet organisé par Élie Faure en l’honneur de Carrière.
104. ROUSSEL
(Ker-Xavier). Lettre autographe signée à Élie Faure. L’Étang-la-Ville (actuelles Yvelines), 6 janvier
1906. 2 pp. 1/2 in-12, enveloppe.
100 / 150
«
... Je suis très sensible aux sentiments que vous me témoignez et regrette d’autant plus de ne pouvoir accepter votre
proposition... mais –
trois ou quatre salons plus ou moins officiels, des expositions particulières, legs du mouvement
impressionnistes, me semblent véritablement donner aux peintres la facilité de présenter leurs œuvres au public
dans les conditions de leur choix.
Je ne vois donc pas l’utilité d’une nouvelle Société. Je sais bien vos raisons et
apprécie la bonté de vos intentions mais je suis persuadé que le moyen est inefficace ; le temps, la production continue,
l’opinion de quelques-uns parmi lesquels vous me permettez de vous compter, donneront seuls, à mon sens, les
résultats que vous espérez de votre combinaison...
»
Membre du groupe des Nabis, le peintre Ker-Xavier Roussel
subit l’influence conjuguée de Gauguin, Sérusier,
Cézanne, et se créa un univers mythologique personnel atemporel.
« Vous avez été le premier des critiques (quel sale mot) à reconnaître Soutine... »
105. SACHS
(Maurice). 2 lettres autographes signées à Élie Faure. 1934-1935.
200 / 300
S.l., octobre
1934
. «
J’ai été
très
touché de recevoir votre livre... “
Ombres solides
”... Je n’ai que feuilleté l’ouvrage...
Mais dans la préface j’ai retrouvé ce feu et cet amour qui éclatent dans tout ce que vous écrivez. Il y a longtemps que
je n’avais lu votre opuscule sur Soutine. Et il m’a semblé que vous y aviez ajouté quelque chose pour le chapitre sur
Soutine qui est dans “
Ombres solides
”.
Vous avez été le premier des critiques (quel sale mot) à reconnaître Soutine,
le seul à dire, longtemps, tout ce qu’il vaut (et je crois que vous y avez eu bien du mérite amical).
Je ne me souvenais
pas d’avoir lu dans votre livre sur S
[outine]
“une croix de marbre assez solide pour qu’il puisse enfin s’y étendre et
qu’on y cloue ses membres...» C’est très beau, c’est parfait, c’est toute la grandeur du drame de Soutine...
» Élie Faure,
qui fut un ami proche de Soutine, lui consacra une monographie en
1929
. Maurice Sachs avait connu Soutine chez
Madeleine Castaing, et publia sur lui en
1932
un article dans une revue américaine. Il lui présenta en
1940
Marie-
Berthe Aurenche, qui devint la dernière compagne du peintre. Un jour, il « emprunta » même indélicatement un tableau
de Soutine à Madeleine Castaing.
106. SCHWOB
(René). Ensemble de 13 lettres autographes signées (2 de son paraphe). [Vers 1926-vers 1932]. Environ
75 pp. in-folio, quelques déchirures avec petits manques atteignant le texte.
300 / 400
Très belle correspondance, de haute tenue intellectuelle.
L’écrivain et critique d’art juif médite sur le
catholicisme (auquel il s’est converti en
1926
), le protestantisme et Nietzsche, l’amour et la connaissance, le surréalisme
et le communisme, le rapport entre l’art et la religion (point polémique entre lui et Élie Faure), le rationalisme, évoque
ses livres
Moi juif
,
Chagall et l’âme juive
, et les livres d’Élie Faure
Napoléon
,
La Sainte Face
,
L’Esprit des formes
,
Les
Trois gouttes de sang
,
Histoire de l’art
,
Mon Périple
, etc.
Une lettre renferme une pièce de 57 vers intitulée
«
Poème pour les pauvres
».
Itxassou (actuelles Pyrénées-Atlantiques), «
27/2
» : «
... Je travaille de nouveau dans un sens qui vous plaira. Je n’ose
espérer d’avoir rendu une vraie au catholicisme et pourtant je crois avoir, oui, vraiment, découvert, j’ose employer ce
mot parce que je sais que
vous
me comprendrez et ne rirez pas de mon orgueil –
je crois avoir découvert un nouveau




