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« Il y a en ce moment un tel désarroi qu’il faut se résigner à tout... »

97. RENOIR

(Auguste). Lettre autographe signée «

Renoir 

» à Élie Faure. Cagnes-sur-Mer, 26 décembre 1915. 2 pp.

in‑12, enveloppe.

1 000 / 1 500

Malade, en deuil de sa femme disparue en juin, Renoir était dans les embarras du règlement de la succession de celle-ci,

et dans l’inquiétude du sort de son fils Jean (le futur cinéaste) qui, officier déjà blessé deux fois, devait retourner au

front (

cf.

supra

96

).

«

Cher docteur, je suis bien désolé de vous savoir encore souffrant. Moi qui vous croyais remis. Moi, j’ai rien de grave,

mais tous les ennuis possibles, bronchites successives, fluxion de poitrine, etc., dont j’ai pris le dessus encore une fois.

J’ai un notaire pour les inventaires qui me rase dans les grands prix. Mais tout cela va finir.

Jean est toujours à Nice, attendant tous les jours l’ordre d’aller dans l’aviation. Lui trouve cela très drôle mais moi

pas

.

Je vous remercie pas moins de la démarche que vous avez faite pour lui, quoique sans succès.

Il y a en ce moment un tel désarroi qu’il faut se résigner à tout.

Je suis aussi désolé que votre état de santé vous empêche de venir me voir, d’autant que moi non plus je ne puis aller

au-devant de vous. Enfin, espérons que tout cela finira un jour et qu’on pourra se revoir dans des circonstances moins

tristes. Veuillez agréer, toutes mes sympathies les plus sincères...

»

98. RENOIR

(Auguste). Lettre autographe signée «

Renoir 

» à Élie Faure. Cagnes-sur-Mer, 5 janvier 1916. 1 p. in-8,

enveloppe.

800 / 1 000

«

Cher docteur, je ne puis vous loger en ce moment, on refait l’escalier et je couche dans la salle à manger. S’il est fini

à temps, je pourrai vous éviter l’auberge, quoique cela ne manque pas : Hôtel du Golf, en face la gare, tout neuf et très

propre.

Vous me dirai l’heure de votre arrivée à Antibes. J’irai vous y chercher en auto.

Jean part lundi prochain pour Ambérieu dans l’aviation. Je suis navré.

À vous...

» Le futur cinéaste Jean Renoir, fils

du peintre, suivait alors une formation dans l’école d’aviation d’Ambérieu-en-Bugey et allait bientôt retourner au front

(

cf.

supra

96

).

99. RENOIR

(Auguste). Lettre autographe signée «

Renoir

» à Élie Faure. Cagnes-sur-Mer, 3 février 1916. 2 pp. in‑12,

enveloppe.

1 800 / 1 000

Corps périssable du peintre immortel.

«

Cher docteur, ça désemfle. Je commence par vous le dire, en vous remerciant de vos bons conseils, je voudrais, si je

ne m’abuse pas, vous demander si les sels de Vichy (bicarbonate de soude) et le sulfate de magnésie ont le même effet

sur les reins que le sel de cuisine. J’ai été soigné depuis longtemps avec ce bicarbonate pour digérer et à me purger avec

du sulfate de magnésie. Est-ce que je puis continuer ? L’aloès me donne des émoroïdes et le sulfate de magnésie ne me

fait aucun mal au trou de balle, et voilà. Je vous écrirai dans quelques jours, si ce mieux continue. Avec tous mes

remerciements sincères, à vous...

»

« J’ai un petit paysage de côté pour vous... »

100. RENOIR

(Auguste). Lettre signée «

Renoir 

» à Élie Faure. [Cagnes-sur-Mer], 27 février 1917. 1 p. in-12, lettre

coupée en deux à la pliure.

1 500 / 2 000

«

Mon cher ami, par la plume de mon secrétaire, je vous fais assavoir que j’ai un petit paysage de côté pour vous,

que je serais heureux de vous voir venir chercher vous-même car cela me prouverait que votre fille va bien. Bien

cordialement...

»

Avec apostille autographe signée du peintre Albert André :

«

Vieux, vous voyez que je vous avais dit la vérité.

À présent, une autre vérité, c’est que nous allons quitter Cagnes d’ici 4 ou 5 jours.

Le jeune Guino vient nous

remplacer

[Richard Guino]

. Otre chose. Je viens d’être nommé conservateur du musée de Bagnols-sur-Cèze !!! C’est

beau, hein. On vous embrasse tous... 

» Albert André, qui avait d’abord adopté l’esthétique des nabis avant de trouver

son style personnel, avait été remarqué par Renoir dès

1895

, et était devenu son ami. C’est sur l’insistance de Renoir

qu’il accepta le poste de conservateur du musée de Bagnols-sur-Cèze, premier musée de province à être consacré à l’art