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« Tout ce que j’aime, tout ce à quoi je crois... »
109. SIGNAC
(Paul). 2 lettres autographes signées à Élie Faure. 1902 et années 1920.
800 / 1 000
– S.l.,
20
avril
1902
. «
Voulez-vous me permettre de vous remercier, au nom de mes camarades et au mien, du précieux
appui et de l’encouragement que votre article d’hier, sur les Salons, dans
L’Aurore
, apporte à
la cause que, depuis
dix-huit ans, nous défendons aux Indépendants.
Avec de tels soutiens, nous pouvons bientôt espérer la défaite
définitive des expositions officielles, en même temps autoritaires et serviles...
» Déchirures marginales dues à
l’ouverture.
– Le Grand-Cardinal, à Lézardrieux (Côtes-d’Armor), «
21 juillet
».
«
J’aurais dû, tout au moins, vous remercier de
l’envoi de votre beau livre d’esthétique.
Mais je voulais, avant de vous écrire, le lire, longuement, sérieusement,
comme il le mérite, et à Paris on est trop dérangé pour ce faire.
J’y ai retrouvé, si bien présenté, tout ce que j’aime,
tout ce à quoi je crois, et bien des idées nouvelles qui m’éclairent.
Et, toujours, quelles belles images, si bien choisies
et convaincantes. Ce livre aura le succès des précédents.
Ici, on est au vert, assez loin des gueules balnéaires ; et on
travaille, malgré le mauvais temps...
»
Paul Signac loua régulièrement une maison à Lézardrieux de
1923
à
1930
, et
y réalisa de nombreuses œuvres.
« Ce sera bon de s’engueuler un peu... »
110. SIGNAC
(Paul). 4 lettres autographes signées à Élie Faure. Vers 1922-1927.
1 500 / 2 000
– [Paris, vers
1922
].
«
Entendu, joyeusement. Mais, tenez-vous à ce que cette aquarelle soit sur le papier du livre
même –
qui me semble bien mauvais pour le lavis – ou me laissez-vous la faire sur une feuille volante que vous feriez
relier avec les feuillets. Dites, et je vous obéirai, seigneur. J’ai bien trouvé, en revenant de Bretagne... votre aimable
envoi,
L’Arbre d’Eden
... mais j’ai été tellement pris par les Indep.
[Salon de la Société des artistes Indépendants]
que je
n’ai pu achever cette bonne lecture. Certains partis m’enthousiasment, mais, contre d’autres, je regimbe !
Ce sera bon
de s’engueuler un peu. D’abord, dites un peu ; êtes-vous persuadé que le récent Salon d’automne est le retour du plus
plat classicisme ! Si oui, on pourra commencer à parler...
»
– Paris,
1922
.
«
Voici le bouquin – avec un peu de noir en supplément. Sur ce papier, il eût été absolument impossible
d’aquareller.
J’attends avec impatience le Delacroix
[Élie Faure publierait avec préface en
1923
une édition des écrits
d’Eugène Delacroix]
. Ça manquait. Ça nous consolera de Lhote et de Favory
[les peintres André Lhote et André
Favory]
. Je ne connais pas d’autres photos de Delacroix que celles que vous connaissez. Et ne sais rien de l’Hommage.
Il faudrait bien se voir un peu, mais en ce moment je suis pris par la lutte contre les poules de Bartholomé, qui veulent
nous coincer au Grand-Palais
[le monument de la pointe de Grave du sculpteur Albert Bartholomé serait exposé au
Grand-Palais en
1923
]
...
»
– Saint-Paul-de-Vence (Alpes-Maritimes),
22
mars
1922
, d’après le cachet de la poste. «
Cher ami, bien reçu votre lettre
et le beau livre... Merci, mon ami, de ce beau présent qui va nous faire passer de bonnes heures.
C’est avec grande joie
que je tâcherai de ne pas trop abîmer la page de garde sur votre “
Seurat
” par une aquarelle d’après la Grande Jatte
[le catalogue de l’exposition
Georges Seurat
, tenue du
15
au
31
janvier
1920
à la galerie Bernheim jeune, préfacé par
Paul Signac].
Mais il est possible que dans mes cartons un petit croquis original (oh, pas bien important) de Seurat.
Et ce serait peut-être mieux.
On réserverait l’aquarelle pour le Signac qui doit paraître chez Crès
[ouvrage de Lucie
Cousturier, qui ne paraîtrait qu’en
1927
]
... Recevez, mon cher ami, notre bien affectueux souvenir avec des bises de
Ginette
[fille de Paul Signac]
qui devient lhotiste et même un peu dufyste...
»
– [Paris,
1927
]. «
Je vous remercie de l’amical envoi de votre nouvel ouvrage ; je vais le lire, un peu chaque soir, pour
me reposer des rudes besognes (Rétrospective et Indépendants... 2 expositions à préparer) de la journée
[il évoque ici
le Salon de la Société des artistes indépendants, à Paris, et la
Rétrospective de l’époque néo-impressionniste
au Salon
du Sud-Est à Lyon]
. Ah ! J’aimerais mieux le déguster sous les pins du bastidon, avec, au fond, des bricks-goélettes
italiens au mouillage de L’Estaque – mais hélas, ces besognes me retiennent à Paris...
»




